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Mort du Général Walhubert - François Coppée

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Mort du Général Walhubert - François Coppée Empty Mort du Général Walhubert - François Coppée

Message  Gil Def Jeu 7 Sep - 13:46

Mort du Général Walhubert - François Coppée 721364  Mort du Général Walhubert - François Coppée 721364  Mort du Général Walhubert - François Coppée 721364


HISTOIRE ET POLITIQUE
LE PREMIER EMPIRE

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Mort du Général Walhubert
"Les Récits et les Elégies" - 1878
François Coppée


Mort du Général Walhubert - François Coppée Mort_d14


Le soleil d’Austerlitz n’a pas encore lui.

Avec ses maréchaux groupés autour de lui,
Et, près de là, tenant en réserve sa garde,
Du haut d’un mamelon Napoléon regarde,
Monté sur un cheval gris aux naseaux fumants,
S’en aller, l’arme au bras, les derniers régiments
Vers la plaine déjà par d’autres occupée.
Tous l’acclament. Aux chefs saluant de l’épée,
L’Empereur fait un signe, et, quand passe un drapeau,
Calme, il porte la main à son petit chapeau.
Dans cette steppe, au loin par la brume obscurcie,
Tout ce qu’ont de soldats l’Autriche et la Russie
Aujourd’hui va barrer la route au conquérant.
L’heure est grave. Effrayé presque d’être si grand,
Celui qui vient dans Ulm d’écraser l’Allemagne
Et qui, pour terminer d’un seul coup la campagne,
Veut une fois de plus, ce soir, être vainqueur,
Sent un léger frisson lui traverser le cœur.
— N’as-tu jamais aucun vertige, aigle qui planes ? —

Or, comme défilait au pas le corps de Lannes,
— On en était à la brigade Walhubert —
Le soleil, jusqu’alors de nuages couvert,
Éclaira tout à coup l’immense paysage ;
Et le grand fataliste y voyant un présage,
Et sentant que l’espoir en son cœur renaissait,
Sourit au général Walhubert qui passait.

L’obscur soldat partit, ivre de ce sourire.

La veille d’Austerlitz, on avait fait prescrire,
De peur de dégarnir les rangs, que les blessés,
Officiers ou soldats, ne fussent ramassés
Que le soir, une fois la bataille finie.

Chose affreuse ! ils devaient traîner leur agonie
Dans ce champ clos glacé par la bise du nord,
Où la pitié viendrait seulement quand la mort
Aurait enfin cuvé sa sanglante débauche.

Le maréchal devait opérer sur la gauche,
Par la route d’Olmütz, forte position
Prise par Lichtenstein et par Bagration ;
Et Walhubert servait sous lui. — Quelle tuerie !
D’abord ce fut un grand choc de cavalerie,
Et les carrés français, sur leurs quadruples fronts,
Eurent à repousser quatre-vingts escadrons ;
Puis Kellermann, sabrant, nous fit la place nette ;
Et nos vieux régiments, croisant la baïonnette,
Marchèrent, les tambours devant, l’aigle au milieu,
Vers Pratzen, où tonnaient trente bouches à feu.
Quand ces grands mouvements sous le canon s’opèrent,
C’est terrible ! Combien de braves gens tombèrent
Dans cette plaine où rêve aujourd’hui le berger !
Castex, le colonel du treizième léger,
Un officier superbe et de très haute taille,
Fut frappé d’une balle au front, et la mitraille
Enleva d’un seul coup un groupe de tambours.
N’importe ! Sur Pratzen, dont brûlaient les faubourgs
Et dont les grenadiers du czar gardaient l'entrée
Nos petits fantassins, en colonne serrée,
S’avançaient lentement, commandés par Suchet ;
Et, dans cet ouragan formidable, on marchait :
— Car, pour vaincre, il fallait prendre cette bourgade.

Ce fut à Walhubert d’enlever sa brigade,
À Walhubert, à qui l’Empereur a souri !

« En avant ! » commanda le héros.
                                              À ce cri,
D’un effort furieux ses bataillons partirent ;
Et par un feu nourri les Russes répondirent ;
Et comme Walhubert, joyeux, caracolait,
Poitrine au vent et sabre à la main, un boulet
Le jeta sur le sol, la cuisse fracassée.

La colonne d’attaque était trop bien lancée :
Elle ne cessa pas pour si peu de courir.
Mais, comme des soldats venaient le secourir,
L’intrépide blessé les écarta d’un signe,
Et dit sévèrement :

                           "Eh bien ! Et la consigne !
Qu’on me prenne un drapeau russe pour mon linceul !…
Grenadiers, à vos rangs !… Je peux mourir tout seul !… "










GENERAL MORT A AUSTERLITZ

Jean-Marie Mellon Roger, plus connu sous le nom de Jean-Marie Valhubert (également orthographié Walhubert), né le 22 octobre 1764 à Avranches (Manche), mort le 3 décembre 1805 à Brünn (Moravie), est un général français de la Révolution et de l’Empire.
Attaché en l’an XIV à la 4e division du 4e corps de la Grande Armée, commandée par Suchet, il combat à la bataille d'Austerlitz le 11 frimaire, et y a la cuisse fracassée par un éclat d’obus. Tombé, et dans l’impossibilité de se relever, des soldats veulent le transporter à l’ambulance. Il meurt de ses blessures le lendemain de cette dernière bataille, où il est resté à son poste avec la cuisse fracassée. Ses camarades lui élèvent un monument dans les plaines de la Moravie. L’Empereur accomplit les derniers vœux du mort. Il se charge de la famille de ce général, ordonne qu’un monument soit élevé au lieu même où il a été blessé, que son nom soit donné à une nouvelle place de Paris qui se trouve entre le Jardin des plantes et le pont d'Austerlitz (la place Valhubert), et qu’on y érige sa statue en marbre. Charles X fait don de la statue à sa ville natale en 1828, mais elle n'est inaugurée à Avranches que le 16 septembre 1832. Son nom est inscrit sur le côté Est de l’arc de triomphe de l'Étoile, et sur les tables de bronze de la galerie des Batailles du château de Versailles.







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Gil Def
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