Gil Def Sam 23 Sep - 10:49
AINSI VA LA VIE SCENES DE LA VIE
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Le champ de chardons "Dans les brandes, poèmes et rondels" - 1883 Maurice Rollinat
Le champ fourmille de chardons : Quel paradis pour le vieil âne ! Adieu bât, sangles et bridons ! Le champ fourmille de chardons. La brise mêle ses fredons À ceux de la petite Jeanne ! Le champ fourmille de chardons : Quel paradis pour le vieil âne !
En chantant au bord du fossé La petite Jeanne tricote. Elle songe à son fiancé En chantant au bord du fossé ; Son petit sabot retroussé Dépasse le bout de sa cotte. En chantant au bord du fossé La petite Jeanne tricote.
Les brebis vaguent en broutant Et s’éparpillent sur les pentes Que longe un tortueux étang. Les brebis vaguent en broutant. Le bon vieil âne est si content Qu’il retrouve des dents coupantes. Les brebis vaguent en broutant Et s’éparpillent sur les pentes.
Près de Jeanne, au pied d’un sureau, La chienne jaune est accroupie. La chèvre allaite son chevreau Près de Jeanne, au pied d’un sureau. La vache rêve ; un grand taureau Regarde sauter une pie ; Près de Jeanne, au pied d’un sureau, La chienne jaune est accroupie.
Le taon fait son bruit de ronfleur, Et le chardonneret son trille ; On entend le merle siffleur ; Le taon fait son bruit de ronfleur. Parfois, en croquant tige ou fleur, L’âne, au tronc d’un arbre, s’étrille ; Le taon fait son bruit de ronfleur, Et le chardonneret son trille.
J’aperçois les petits cochons Avec leur joli groin rose Et leur queue en tire-bouchons. J’aperçois les petits cochons ! Ils frétillent si folichons Qu’ils amusent mon œil morose. J’aperçois les petits cochons Avec leur joli groin rose !
Le baudet plein de nonchaloir Savoure l’âpre friandise ; Il est réjouissant à voir Le baudet plein de nonchaloir ! Sa prunelle de velours noir Étincelle de gourmandise. Le baudet plein de nonchaloir Savoure l’âpre friandise.
Le soleil dort dans les cieux gris Au monotone tintamarre Des grenouilles et des cris-cris. Le soleil dort dans les cieux gris. Les petits saules rabougris Écoutent coasser la mare ; Le soleil dort dans les cieux gris Au monotone tintamarre.
Au loin, sur le chemin de fer, Un train passe, gueule enflammée : On dirait les chars de l’enfer Au loin, sur le chemin de fer : La locomotive, dans l’air, Tord son panache de fumée ! Au loin, sur le chemin de fer Un train passe, gueule enflammée.
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)