Gil Def Dim 5 Nov - 14:01
DE LA CONDITION HUMAINE MISERES ET CALAMITES
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Printemps de guerre "Chants du désespéré" - 1920 Charles Vildrac
Je voudrais être un vieillard Que j’ai vu sur une route ; Assis par terre au soleil Il cassait des cailloux blancs Entre ses jambes ouvertes.
On ne lui demandait rien Que son travail solitaire. Quand midi flambait les blés, Il mangeait son pain à l’ombre.
Je connais dans un ravin Obstrué par les feuillages Une carrière ignorée Où nul sentier ne conduit.
La lumière y est furtive Et aussi la douce pluie ; Et un seul oiseau parfois Interroge le silence.
C’est une blessure ancienne, Étroite, courbe et profonde Oubliée même du ciel ;
Sous la viorne et sous la ronce J’y voudrais vivre blotti.
Je voudrais être l’aveugle Sous le porche de l’église :
Dans sa nuit sonore il chante ! Il accueille tout entier Le temps qui circule en lui Comme un air pur sous des voûtes.
Car il est l’heureuse épave Tirée hors du morne fleuve Qui ne peut plus la rouler Dans sa haine et dans sa fange.
Je voudrais avoir été Le premier soldat tombé Le premier jour de la guerre.
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)