Nativité - Théophile Gautier
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Nativité - Théophile Gautier
HISTOIRE ET POLITIQUE LE SECOND EMPIRE |
Nativité "Poésies nouvelles et inédites" - 1831-1872 Théophile Gautier Au vieux palais des Tuileries, Chargé déjà d’un grand destin, Parmi le luxe et les féeries Un Enfant est né ce matin. Aux premiers rayons de l’aurore, Dans les rougeurs de l’Orient, Quand la ville dormait encore, Il est venu, frais et riant, Faisant oublier à sa mère Les croix de la maternité, Et réalisant la chimère Du pouvoir et de la beauté. Les cloches à pleines volées Chantent aux quatre points du ciel ; Joyeusement leurs voix ailées Disent aux vents : « Noël, Noël ! » Et le canon des Invalides, Tonnerre mêlé de rayons, Fait partout aux foules avides Compter ses détonations. Au bruit du fracas insolite Qui fait trembler son piédestal, S’émeut le glorieux stylite Sur son bronze monumental. Les aigles du socle s’agitent, Essayant de prendre leur vol, Et leurs ailes d’airain palpitent Comme au jour de Sébastopol. Mais ce n’est pas une victoire Que chantent cloches et canons ; Sur l’Arc de Triomphe l’Histoire Ne sait plus où graver des noms ! C’est un Jésus à tête blonde Qui porte en sa petite main, Pour globe bleu, la paix du monde Et le bonheur du genre humain. Sa crèche est faite en bois de rose, Ses rideaux sont couleur d’azur ; Paisible en sa conque il repose, Car : Fluctuat nec mergitur. Sur lui la France étend son aile ; À son nouveau-né, pour berceau, Délicatesse maternelle, Paris a prêté son vaisseau. Qu’un bonheur fidèle accompagne L’Enfant impérial qui dort, Blanc comme les jasmins d’Espagne, Blond comme les abeilles d’or ! Oh ! quel avenir magnifique Pour son enfant a préparé Le Napoléon pacifique, Par le vœu du peuple sacré ! Jamais les discordes civiles N’y feront, pour des plans confus, Sur l’inégal pavé des villes, Des canons sonner les affûts. Car la France, Reine avouée Parmi les peuples, a repris Le nom de « France la louée, » Que lui donnaient les vieux écrits. Futur César, quelles merveilles Surprendront tes yeux éblouis, Que cherchaient en vain dans leurs veilles François, Henri Quatre et Louis ! À ton premier regard, le Louvre, Profil toujours inachevé, En perspective se découvre ; Tu verras ce qu’on a rêvé ! Paris, l’égal des Babylones, Dentelant le manteau des cieux De dômes, de tours, de pylônes, Entassement prodigieux, Au centre d’une roue immense De chemins de fer rayonnants, Où tout finit et tout commence, Mecque des peuples bourdonnants ! Civilisation géante, Oh ! quels miracles tu feras Dans la cité toujours béante Avec l’acier de tes cent bras ! Isis, laissant lever ses voiles, N’aura plus de secrets pour nous ; La Paix, au front cerclé d’étoiles, Bercera l’Art sur ses genoux ; L’Ignorance, aux longues oreilles, Bouchant ses yeux pour ne pas voir, Devant ces splendeurs non pareilles Se verra réduite à savoir ; Et Toi, dans l’immensité sombre, Avec un respect filial, Au milieu des soleils sans nombre Cherche au ciel l’astre impérial ; Suis bien le sillon qu’il te marque, Et vogue, fort du souvenir, Dans ton berceau devenu barque Sur l’océan de l’avenir ! 16 mars 1856, midi. NAISSANCE D'UN PRINCE IMPERIAL Théophile Gautier écrit ce texte le 16 mars 1856, le jour même de la naissance du prince impérial Louis-Napoléon Bonaparte, le fils unique de Napoléon III, empereur des Français et de son épouse, l'impératrice Eugénie. La naissance du prince est très pénible pour l’impératrice Eugénie : on doit recourir aux forceps, qui lui fracturent le bassin. Sa vie durant, l’enfant portera au front la trace des fers. La ville de Paris offre au prince un berceau orné des armes de l’Empire. Après la défaite de Sedan et la proclamation de la IIIe République le 4 septembre 1870, le prince se réfugie en Belgique, puis en Angleterre où le prince de Galles lui offre l'hospitalité et sa maison de campagne. En 1879, à 23 ans, le prince demande avec insistance son incorporation aux troupes britanniques d'Afrique australe. il est tué lors d'un combat contre les guerriers zoulous. Autres textes du même auteur A des amis qui partaient A deux beaux yeux Absence Ambition Après le feuilleton Baiser rose, baiser bleu Camélia et pâquerette Carmen Ce que disent les hirondelles Clémence Consolation Coquetterie posthume Diamant du coeur Elégie I (Je l'aime d'amour profond) Infidélité L'art L'Aveugle L'Escurial L'horloge L'oiseau captif La bonne journée La caravane La demoiselle La fleur qui fait le printemps La jeune fille La montre La mort est multiforme La petite fleur rose La rose-thé La Source La tulipe La vie dans la mort 1 Lamento Le bengali Le Luxembourg Le marais Le merle Le premier rayon de mai Le poète et la foule Le Pot de fleurs Le roi solitaire Le ruisseau Le sentier Le trou du serpent Les affres de la mort Les colombes Les joujoux de la morte Mon oeil, sur le cadran fixé, calcule Moyen Age Niobé Nonchaloir Notre-Dame Pendant la tempête Pensées d'automne Plaintive tourterelle Pluie Premier sourire du printemps Serment Soleil couchant Sonnet V (Qu'est-ce que le bonheur...) Symbole en blanc majeur Tes yeux si beaux Terza Rima Tristesse en mer Versailles Vous étiez sous un arbre assise en robe blanche Voyage |
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