Gil Def Jeu 4 Jan - 16:11
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Page blanche "Rayons perdus" - 1868 Louisa Siefert
Qu’écrire ? Vierge encor la page est sous mes doigts, Prête à tout elle attend mon caprice. — Autrefois La chantante élégie en mon cœur murmurée, Source qui débordait de la vasque nacrée, S’épanchait d’elle-même en vers doux et naïfs. Les doutes, les soupçons, les aveux, flots furtifs Qui jasent et s’en vont aux pentes inconnues, S’échappaient nuit et jour en strophes ingénues ; Le rêve, interrompu la veille, reprenait, L’accent, confus d’abord, se répétait plus net, Une larme coulait d’un sourire effacée ; L’espérance passait légère, et ma pensée S’égarait aux détours charmants du souvenir. Maintenant, je n’ai plus de pleurs à retenir. Plus de folle espérance à qui couper les ailes, Plus d’angoisses traînant la colère après elles, Plus d’effroi, de souci, d’amertume, plus rien ! Autrefois, les accords du grand musicien Amour faisaient vibrer les cordes de mon âme ; Maintenant, le foyer triste n’a plus de flamme, Le musicien meurt, et l’instrument forcé Ne rend plus qu’un son mat quand chante le passé.
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)