COUPS DE COEUR POETIQUES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Display 24 boosters Star Wars Unlimited – ...
Voir le deal

An image from Beckett - Derek Mahon (1941-2020)

Aller en bas

An image from Beckett - Derek Mahon (1941-2020) Empty An image from Beckett - Derek Mahon (1941-2020)

Message  Gil Def Sam 13 Juil - 15:44

  An image from Beckett - Derek Mahon (1941-2020) 989837  An image from Beckett - Derek Mahon (1941-2020) 989837  An image from Beckett - Derek Mahon (1941-2020) 989837  


An image from Beckett - Derek Mahon (1941-2020) Irland10

Derek MAHON
1941-2020

An image from Beckett - Derek Mahon (1941-2020) 127094680



An image from Beckett  - Image tirée de Beckett


Voice : Derek Mahon




In that instant,
There was a sea, far off,
As bright as lettuce,

A northern landscape
And a huddle
Of houses along the shore.

Also, I think, a white
Flicker of gulls
And washing hung to dry –

The poignancy of those
Back-yards – and the gravedigger
Putting aside his forceps.

Then the hard boards
And darkness once again.
But in that instant

I was struck
By the sweetness and light,
The sweetness and light,

Imagining what grave
Cities, what lasting monuments,
Given the time.

They will have buried
My great-grandchildren, and theirs,
Beside me by now

With a subliminal batsqueak
Of reflex lamentation.
Our hair and excrement

Litter the rich earth,
Changing, second by second,
To civilizations.

It was good while it lasted,
And if it only lasted
The biblical span

Required to drop six feet
Through a glitter of wintry light,
There is No one to blame.

Still, I am haunted
By that landscape,
The soft rush of its winds,

The uprighness of its
Utilities and schoolchildren –
To whom in my will,

This, I have left my will.
I hope they had time,
And light enough, to read it.






En cet instant
Il y eut une mer, lointaine,
Vert-vif comme laitue,

Un paysage nordique
Et des maisons
Blotties sur le rivage.

Aussi, je crois, le bref
Eclat blanc des mouettes
Et du linge étendu

Poignantes, ces
Arrière-cours – et puis le fossoyeur
Qui reposait son forceps.

Puis les planches dures
Et de nouveau la nuit.
Mais à cet instant

Je fus frappé
Par la douceur, la lumière
La douce lumière,

J’imaginai quelles graves
Cités, quels durables monuments...
Si nous avions le temps.

A l’heure qu’il est on aura enterré
Mes arrière-petits enfants et leurs et leurs
Descendants auprès de moi

Avec un imperceptible couinement
De déploration réflexe.
Nos cheveux et nos excréments

Jonchent la terre grasse
Et se changent, de seconde en seconde,
En civilisations.

C’était bon, le temps que ça durait
Et si cela n’a duré
Que l’intervalle biblique

Nécessaire pour tomber de six pieds
Dans le scintillement d’un soleil hivernal
C’est la faute à Personne.

Pourtant, je suis hanté
Par ce paysage,
Ses bouffées de vent doux,

Son mobilier urbain
Et ses écoliers debout
A qui par mon testament,

Que voici, je lègue mon testament.
J’espère qu’ils ont eu assez de temps
Et de lumière pour le lire.


Traduction : Denis Rigal, 1996




Autres textes du même auteur :

Every thing is going to be all right - Tout va s'arranger




_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
Gil Def
Admin

Masculin
Nombre de messages : 6577
Age : 74
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum