An image from Beckett - Derek Mahon (1941-2020)
COUPS DE COEUR POETIQUES :: QUAND LA POESIE PASSE LES FRONTIERES :: POEMES DE LANGUE ETRANGERE - ANGLAIS ET AMERICAIN
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An image from Beckett - Image tirée de Beckett
Voice : Derek Mahon
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In that instant, There was a sea, far off, As bright as lettuce, A northern landscape And a huddle Of houses along the shore. Also, I think, a white Flicker of gulls And washing hung to dry – The poignancy of those Back-yards – and the gravedigger Putting aside his forceps. Then the hard boards And darkness once again. But in that instant I was struck By the sweetness and light, The sweetness and light, Imagining what grave Cities, what lasting monuments, Given the time. They will have buried My great-grandchildren, and theirs, Beside me by now With a subliminal batsqueak Of reflex lamentation. Our hair and excrement Litter the rich earth, Changing, second by second, To civilizations. It was good while it lasted, And if it only lasted The biblical span Required to drop six feet Through a glitter of wintry light, There is No one to blame. Still, I am haunted By that landscape, The soft rush of its winds, The uprighness of its Utilities and schoolchildren – To whom in my will, This, I have left my will. I hope they had time, And light enough, to read it. | En cet instant Il y eut une mer, lointaine, Vert-vif comme laitue, Un paysage nordique Et des maisons Blotties sur le rivage. Aussi, je crois, le bref Eclat blanc des mouettes Et du linge étendu Poignantes, ces Arrière-cours – et puis le fossoyeur Qui reposait son forceps. Puis les planches dures Et de nouveau la nuit. Mais à cet instant Je fus frappé Par la douceur, la lumière La douce lumière, J’imaginai quelles graves Cités, quels durables monuments... Si nous avions le temps. A l’heure qu’il est on aura enterré Mes arrière-petits enfants et leurs et leurs Descendants auprès de moi Avec un imperceptible couinement De déploration réflexe. Nos cheveux et nos excréments Jonchent la terre grasse Et se changent, de seconde en seconde, En civilisations. C’était bon, le temps que ça durait Et si cela n’a duré Que l’intervalle biblique Nécessaire pour tomber de six pieds Dans le scintillement d’un soleil hivernal C’est la faute à Personne. Pourtant, je suis hanté Par ce paysage, Ses bouffées de vent doux, Son mobilier urbain Et ses écoliers debout A qui par mon testament, Que voici, je lègue mon testament. J’espère qu’ils ont eu assez de temps Et de lumière pour le lire. Traduction : Denis Rigal, 1996 |
Autres textes du même auteur : Every thing is going to be all right - Tout va s'arranger |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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