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A Henry Purcell - Philippe Jaccottet

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Message  Gil Def Mar 10 Sep 2024 - 13:14

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LES PHARES ET LES PASSERELLES
HOMMAGE AUX ARTS - LA MUSIQUE

A Henry Purcell - Philippe Jaccottet 0_som129





A Henry Purcell
"Pensées sous les nuages" - 1983
Philippe Jaccottet
Récitant : André Velter





Écoute : comment se peut-il
que notre voix troublée se mêle ainsi
aux étoiles ?

Il lui a fait gravir le ciel
sur des degrés de verre
par la grâce juvénile de son art.

*

Il nous a fait entendre le passage des brebis
qui se pressent dans la poussière de l'été céleste
et dont nous n'avons jamais bu le lait.

Il les a rassemblées dans la bergerie nocturne
où de la paille brille entre les pierres.
La barrière sonore est refermée :
fraîcheur de ces paisibles herbes à jamais.

*

Ne croyez pas qu'il touche un instrument
de cyprès et d'ivoire comme il semble :
ce qu'il tient dans les mains
est cette Lyre
à laquelle Véga sert de clef bleue.

À sa clarté
nous ne faisons plus d'ombre.

*

Songe à ce que serait pour ton ouïe,
toi qui es à l'écoute de la nuit,
une très lente neige
de cristal.

*

On imagine une comète
qui reviendrait après des siècles
du royaume des morts
et, cette nuit, traverserait le nôtre
en y semant les mêmes graines...

*

Nul doute, cette fois les voyageurs
ont passé la dernière porte :

ils voient le Cygne scintiller
au-dessous d'eux.

Pendant que je t'écoute,
le reflet d'une bougie
tremble dans le miroir
comme une flamme tressée
à de l'eau.

Cette voix aussi, n'est-elle pas l'écho
d'une autre, plus réelle ?
Va-t-il l'entendre, celui qui se débat
entre les mains toujours trop lentes
du bourreau ?
L'entendrai-je, moi ?

Si jamais ils parlent au-dessus de nous
entre les arbres constellés de leur avril.

*

Tu es assis
devant le métier haut dressé de cette harpe.

Même invisible, je t'ai reconnu,
tisserand des ruisseaux surnaturels.





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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
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