Longue feuille du cristal d’octobre - Salah Stétié
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Longue feuille du cristal d’octobre - Salah Stétié
AINSI VA LA VIE SCENES DE LA VIE |
Longue feuille du cristal d’octobre "Fièvre et guérison de l’Icône" - 1998 Salah Stétié Il fait nuit mon amour les larmes vont venir Eclairer notre maison limpide Sous la violence des nuages, cette lampe Eclatée, éclaboussée de pluie Avec, gelé dans le vent, ton visage Eclairé par l’absolu des pluies. Il fait nuit mon amour et il fait nuit Sur le toit et sous le vent de la demeure Dans le cœur et dans le corps et il fait nuit Dans les bras et dans les jambes et nuit Dans l’œil de l’homme avec le feu de sa paupière Nos mains sont là qui longuement se forment D’être substance du soleil, d’être là Sur la table créée par le feuillage Table très pure avec l’épée brûlée du vent Million d’atomes, œil dressé de la durée Limpide et suspendu dans l’explosion. II Nous attendons le monde Nous attendons le monde avec la lune Abstraitement chaulée par la douleur Mangeant l’éclat, mangeant dans nos assiettes Sur la nappe fleurie de pauvres fleurs Et nos bouches sont devant nous, elles parlent De quoi ? Nos bouches parlent de la lune Qui passe et qui repasse avec des fleurs Nous voici mon amour Enfermés dans la maison des choses Terriblement dans la prison de tout ce blé Nos corps ont-ils mangé vraiment ? Voici qu’ils dorment Ornés dans le lit non orné des choses Comme s’éloigne un fleuve allant solaire Dormir aussi dans le grand vent de son séjour Tout cela étant de brûlure et tout cela L’enfant de flamme entravé par la terre D’aucune chambre mon amour est ton visage Flamboyant puis traversé de pluie Sous le toit de la parole et de la nuit Et nos mains, là, sont très longues sur la table Paradoxale avec ses plis de neige Vers qui nous tendons une main sobre de fruits Dans la maison où la parole est fièvre Porte explosée et soudain dans la lueur L’autre douleur avec ses têtes d’oiseau III Et ce jardin en qui nous sommes, le voici Un jardin d’écritures Avec nos mains brûlées par l’écriture Ce livre qui fait son lent retour aux arbres Avec au sommet de tous arbres la colombe Qui chante seule absolue par la brume : "Je veux je veux mourir Je veux couvrir mes pieds de poussière profonde Couvrir mon corps de feuilles Et mon aile est blessée, ma gorge est bleue de perles Et la substance de mon cœur est une énigme "Mon corps, mon corps, est traversé de jour Mon âme est une épée Et mon amour est une épée, rose coupée Pour toi l’enfant illuminé des vents de terre" - Plus tard cette colombe On la verra dormir ensommeillée en fille Avec les ailes de ses bras contre son cœur Sous les atomes des grands vents de la contrée Séduits par la brutalité de son corps Sa tête douce infiltrée par le sang IV Ma veine jugulaire est l’enfant de la neige Qui bat contre mon cou L’attente de la neige est pure attente pure Sur le seuil de la neige et ses filles debout La place de leur ventre envahie par la neige La paume de ma main caressant le blé sombre Et le lézard de la mort contre mon cou Je suis assis, mes pieds brillant du feu des ongles Autour de nous la parole est maison Il faut de l’air pour éclairer la chambre Et si je parle c’est d’image à l’endormie Celle qui va flamber dans la pensée Puis revenir à la maison de toute larme Enigme est le visage enfanté par l’enfant Comme une ortie que brûle aussi la lune Dans un brouillard d’égratignures, le cœur : ce Cœur Face aux fusils qui se dénuderont Pour retourner à la substance d’arbre A cause de l’énigme douce de la lune Colomb courroucée soudain très faible Ouvrant ses ailes de mirage et ses rémiges Comme allusion à l’illusion du cœur V La paix est descendue, l’ange des fruits, Sur le fleuve et sur les arbres du fleuve Et dans le fleuve il y a sans doute un autre fleuve Et dans la lune une autre lune et dans la lampe Une autre lampe et dans l’énigme Une autre énigme énigmatique et douce - Mais la colombe est seule. Il faut de l’air pour éclairer la chambre Mais la colombe est seule. Elle est très longue feuille du cristal d’octobre Dans le froid de ce commencement Commencement de quoi ? La main d’atomes Passe invisible et serrée sur la nappe Il fait beau dans le jardin près de la pluie En ouverte maison avec les viandes Bientôt ils vont venir Rôtir et manger de leurs dents toutes ces viandes Petite fille dans le jardin Voici l’amour : S’il t’aime, il t’aime inutilement Autres textes du même auteur Rive sud |
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Gil Def- Admin
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