L'amour et le militant - Gaston Miron
COUPS DE COEUR POETIQUES :: POEMES EN EXPOSITION SUR UN THEME :: BONHEUR, DOULEUR ET MALHEUR D'AIMER
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L'amour et le militant - Gaston Miron
BONHEUR, DOULEUR ET MALHEUR D’AIMER VERSIONS MULTIPLES D'AIMER |
L'amour et le militant "L'homme rapaillé" - 1998 Gaston Miron Récitant : Gaston Miron L'amour et le militant Chaque jour… Quand je te retrouve… Parle-moi… Frêle frileuse… Ce que la mer… Le camarade Chaque jour je m'enfonce dans ton corps et le soleil vient bruire dans mes veines mes bras enlacent ta nudité sans rivages où je déferle pareil à l'espace sans bords sur les pentes d'un combat devenu total au milieu de la plus quotidienne obscurité je pense à toi tel qu'au jour de ma mort chaque jour tu es ma seule voie céleste malgré l'érosion des peines tourmenteuses je parviens à hisser mon courage faillible je parviens au pays lumineux de mon être que je t'offre avec le goût d'un cours nouveau amour, sauvage amour de mon sang dans l'ombre mouvant visage du vent dans les broussailles femme, il me faut t'aimer de mon âge comme le temps précieux et blond du sablier Quand je te retrouve après les camarades le monde est agrandi de nos espoirs de nos paroles et de nos actions prochaines dans la lutte c'est alors de t'émouvoir que je suis enhardi avec l'intensité des adieux désormais dénoués et de l'aube recommencée sur l'autre versant lorsque dans nos corps et autour lorsque dans nos pensées emmêlées lentement de sondes lentement de salive solaire jonchés de flores caressés de bêtes brûlantes secoués de fulgurants déplacements de galaxies où des satellites balisent demain de plus de dieux ainsi de te prendre dans le tumulte et l'immensité lucide avec effervescence tu me hâtes en toi consumant le manège du désir et lors de l'incoercible rafale fabuleuse du milieu de nous confondus sans confins se lèvent et nous soulèvent l'empan et le faîte de l'étreinte plus pressante que la fatalité noueuse et déliée, chair et verbe, espace que nous formons largués l'un dans l'autre Parle-moi parle-moi de toi parle-moi de nous j'ai le dos large je t'emporterai dans mes bras j'ai compris beaucoup de choses dans cette époque les visages et les chagrins dans l'éloignement la peur et l'angoisse et les périls de l'esprit je te parlerai de nous de moi des camarades et tu m'emporteras comblée dans le don de toi jusque dans le bas-côté des choses dans l'ombre la plus perdue à la frange dans l'ordinaire rumeur de nos pas à pas lorsque je rage butor de mauvaise foi lorsque ton silence me cravache farouche dans de grandes lévitations de bonheur et dans quelques grandes déchirures ainsi sommes-nous un couple toi s'échappant de moi moi s'échappant de toi pour à nouveau nous confondre d'attirance ainsi nous sommes ce couple ininterrompu tour à tour désassemblé et réuni à jamais Frêle frileuse femme qui vas difficilement (son absence fait mal en creux dans ton ventre) d'un effort à l'autre et dans l'espérance diffuse tiens debout en vie aux souffles des nécessités diaphane fragile femme belle toujours d'une flamme de bougie, toi aussi tu as su, tes yeux s'effarent (l'humidité de l'ennui, ta fraîcheur qui s'écaille) patiente amoureuse femme qui languis de cet homme mince courageuse femme qui voiles ton angoisse (tu oublies ses rencontres, ses liens clandestins) sans toujours le vouloir il te mêle à sa souffrance ce monde qui nous entoure auquel ses bras se donnent La justice est-il écrit est l'espoir de l'homme (il se mépriserait lui-même du mépris qu'on lui porte) elle pense: c'est en toi qu'est ancrée ma présence il pense: c'est par elle unanime que je possède ma vie Ce que la mer chante à des milles d'ici la force de ton ventre, le besoin absolu de m'ériger en toi voici que mes bras de mâle amour s'ébranlent pour les confondre en une seule étendue ce que la terre dans l'alchimie de ses règnes abandonne et transmue en noueuses genèses de même je l'accomplis en homme concret dans l'arborescence de l'espèce humaine et le destin qui me lie à toi et aux nôtres si j'étais mort avant de te connaître ma vie n'aurait jamais été que fil rompu pour la mémoire et pour la trace je n'aurais rien su de mon corps d'après la mort ni des grands fonds de la durée rien de la tendresse au long cours de tes pages cette vie notre éternité qui traverse la mort et je n'en finis pas d'écouter les mondes au long de tes hanches... Autres textes du même auteur : Compagnon des Amériques Femme sans fin La marche à l'amour Poème de séparation 1 Poème de séparation 2 Pour retrouver le monde et l'amour |
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Gil Def- Admin
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