Les guerres n'est-ce pas - Georges Perros
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Les guerres n'est-ce pas - Georges Perros
DE LA CONDITION HUMAINE MISERES ET CALAMITES - LA GUERRE |
Les guerres n'est-ce pas "Poèmes bleus" - 1962 Georges Perros Les guerres n'est-ce pas Ça éclate ça mobilise Ça fait quitter son foyer Les hommes trouvent normal D'aller à la guerre Comme on va aux champignons Les hommes ne sortiront jamais De cette ornière La guerre est un bail à renouveler La guerre est devenue La condition de la paix La révolte de la sérénité. Tant que les hommes sages Diront oui À la guerre Où on les envoie Sans qu'ils sachent très bien pourquoi Tant que les hommes ne diront pas Non À ce goût qu'ils ont de l'aventure Quand elle les rend plus amis Qu'ils n'auraient jamais osé l'être Dans la quotidienneté Tant qu'on tuera des hommes Comme on tue des puces, des moustiques, En disant que c'est terrible, ces petites bêtes De les tuer, Tant que la passion d'être Aura partie liée avec le meurtre Tant qu'il y aura des comédiens Qui joueront avec talent Ce qui fut vécu Ce qui le sera Mais ce qui ne l'est jamais Ce qui ne peut l'être Pendant leur propre, leur pauvre existence Tant que nous aurons besoin De nous dédoubler, de nous divertir D'apprendre avec émotion Nostalgie Culpabilité Que des hommes meurent Pour des raisons Qui nous paraissent vraies Incomparables Et que nous en parlerons Avec émotion Frissons dans le dos Un whisky-soda s'il vous plaît Ce sera non. La guerre entre les hommes Est peut-être inévitable Un mauvais rêve du bon Dieu Tout le troupeau en uniforme On y court tous comme des lapins À la guerre. Nous avons fini par comprendre Que nous sommes tous colonisés Que l'homme est une colonie Apte à la liberté d'être Qui commence Par le partage du pain et du vin Et si personne ne fait ce pain N'écrase ce raisin Eh bien nous apprendrons à faire À écraser, à sulfater, à pétrir Nous deviendrons des paysans Ce que nous sommes tous Malgré la citadinité Qui nous enveloppe Comme des saucissons, des momies. La terre n'en tournera pas moins Comme une folle Autour du fou par excellence De ce sanglant dégoulinant Qui sait si bien Nous foutre mal au crâne Et nous noircir la peau De cet ivrogne dans l'azur Qui fait mûrir Qui fait pourrir Qui dit le sec et le mouillé Sur nos fronts partitions striés Sans la moindre musique à l'intérieur Rengaine où sanglote la source Barques sur le dos Ô nos révoltes grains de sable Poussière dans le vent fané Qui nous redira folle course La joie farouche Des chevaux du langage Quand tout était encore tremblant D'avoir liberté de mourir Quand tout faisait encore semblant De l'oublier dans un sourire Les temps sont venus de la mort De qui portes-tu le deuil, Terre, Grosse de tant de cadavres Que leur innocence a trompés Mais dont l'âme flotte En nos rêves Nous ne pourrons jamais plus vivre À marcher sur vos jeunes os À piétiner votre colère Nous ne pourrons jamais plus rire Comme il faudrait de bas en haut La glotte folle, Avec cet ogre en nos poitrines Qui nous ronge nous fend la peau Allez Car nous serons bientôt ensemble Dans la bohème du caniveau Nous fuirons en faisant la planche Vers d'autres rêves d'autres feux Autour desquels perdre nos rimes Qui ne sont plus d'amour Ni d'aise Il est fondu, notre métal Nous nous retrouverons bientôt. Autres textes du même auteur Absurdité Ainsi soit-elle Il y a un bruit près de chez moi Une vie ordinaire |
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Gil Def- Admin
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