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En écoutant les oiseaux - Victor Hugo

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En écoutant les oiseaux - Victor Hugo Empty En écoutant les oiseaux - Victor Hugo

Message  Gil Def Mer 15 Fév - 15:47

En écoutant les oiseaux - Victor Hugo 989837  En écoutant les oiseaux - Victor Hugo 989837  En écoutant les oiseaux - Victor Hugo 989837


L'HOMME ET LA NATURE
LE MONDE ANIMAL

En écoutant les oiseaux - Victor Hugo 0_somm60





En écoutant les oiseaux
"Les Contemplations" - 1856
Victor Hugo
Récitant : Michaël Lonsdale





Oh ! Quand donc aurez-vous fini, petits oiseaux,
De jaser au milieu des branches et des eaux,
Que nous nous expliquions et que je vous querelle !
Rouge-gorge, verdier, fauvette, tourterelle,
Oiseaux, je vous entends, je vous connais. Sachez
Que je ne suis pas dupe, ô doux ténors cachés,
De votre mélodie et de votre langage.
Celle que j’aime est loin et pense à moi ; je gage,
Ô rossignol dont l’hymne, exquis et gracieux
Donne un frémissement à l’astre dans les cieux,
Que ce que tu dis là, c’est le chant de son âme.
Vous guettez les soupirs de l’homme et de la femme,
Oiseaux ; quand nous aimons et quand nous triomphons,
Quand notre être, tout bas, s’exhale en chants profonds,
Vous, attentifs, parmi les bois inaccessibles,
Vous saisissez au vol ces strophes invisibles,
Et vous les répétez tout haut, comme de vous ;
Et vous mêlez, pour rendre encor l’hymne plus doux,
À la chanson des cœurs le battement des ailes ;
Si bien qu’on vous admire, écouteurs infidèles,
Et que le noir sapin murmure aux vieux tilleuls :
Sont-ils charmants d’avoir trouvé cela tout seuls !
Et que l’eau, palpitant sous le chant qui l’effleure,
Baise avec un sanglot le beau saule qui pleure,
Et que le dur tronc d’arbre a des airs attendris,
Et que l’épervier rêve, oubliant la perdrix,
Et que les loups s’en vont songer auprès des louves !
— Divin ! dit le hibou ; le moineau dit : Tu trouves ? —

Amour, lorsqu’en nos cœurs tu te réfugias,
L’oiseau vint y puiser ; ce sont ces plagiats,
Ces chants qu’un rossignol, belles, prend sur vos bouches,
Qui font que les grands bois courbent leurs fronts farouches,
Et que les lourds rochers, stupides et ravis,
Se penchent, les laissant piller le chènevis,
Et ne distinguent plus, dans leurs rêves étranges,
La langue des oiseaux de la langue des anges.





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