COUPS DE COEUR POETIQUES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Manette DualSense PS5 édition limitée 30ème Anniversaire : où ...
Voir le deal

Louis XVII - Victor Hugo

Aller en bas

Louis XVII - Victor Hugo Empty Louis XVII - Victor Hugo

Message  Gil Def Lun 15 Mar - 9:40

Louis XVII - Victor Hugo 721364  Louis XVII - Victor Hugo 721364  Louis XVII - Victor Hugo 721364


HISTOIRE ET POLITIQUE
LA REVOLUTION DE 1789

Louis XVII - Victor Hugo 0_som119





Louis XVII
"Odes et ballades" - 1826
Victor Hugo


Louis XVII - Victor Hugo Louis_16



I

En ce temps-là, du ciel les portes d’or s’ouvrirent ;
Du Saint des Saints ému les feux se découvrirent ;
Tous les cieux un moment brillèrent dévoilés ;
Et les élus voyaient, lumineuses phalanges,
Venir une jeune âme entre de jeunes anges
Sous les portiques étoilés.

C’était un bel enfant qui fuyait de la terre ;
Son œil bleu du malheur portait le signe austère ;
Ses blonds cheveux flottaient sur ses traits pâlissants ;
Et les vierges du ciel, avec des chants de fête,
Aux palmes du martyre unissaient sur sa tête
La couronne des innocents.

II

On entendit des voix qui disaient dans la nue :
— "Jeune ange, Dieu sourit à ta gloire ingénue ;
Viens, rentre dans ses bras pour ne plus en sortir ;
Et vous, qui du Très-Haut racontez les louanges,
Séraphins, prophètes, archanges,
Courbez-vous, c’est un roi ; chantez, c’est un martyr ! »

— "Où donc ai-je régné ? demandait la jeune ombre.
Je suis un prisonnier, je ne suis point un roi.
Hier je m’endormis au fond d’une tour sombre.
Où donc ai-je régné ? Seigneur, dites-le moi.
Hélas ! mon père est mort d’une mort bien amère ;
Ses bourreaux, ô mon Dieu, m’ont abreuvé de fiel ;
Je suis un orphelin ; je viens chercher ma mère,
Qu’en mes rêves j’ai vue au ciel. »

Les anges répondaient : — "Ton Sauveur te réclame.
Ton Dieu d’un monde impie a rappelé ton âme.
Fuis la terre insensée où l’on brise la croix,
Où jusque dans la mort descend le régicide,
Où le meurtre, d’horreurs avide,
Fouille dans les tombeaux pour y chercher des rois. »

— "Quoi ! de ma lente vie ai-je achevé le reste ?
Disait-il ; tous mes maux, les ai-je enfin soufferts ?
Est-il vrai qu’un geôlier, de ce rêve céleste,
Ne viendra pas demain m’éveiller dans mes fers ?
Captif, de mes tourments cherchant la fin prochaine,
J’ai prié ; Dieu veut-il enfin me secourir ?
Oh ! n’est-ce pas un songe ? a-t-il brisé ma chaîne ?
Ai-je eu le bonheur de mourir ?

"Car vous ne savez point quelle était ma misère !
Chaque jour dans ma vie amenait des malheurs ;
Et, lorsque je pleurais, je n’avais pas de mère
Pour chanter à mes cris, pour sourire à mes pleurs.
D’un châtiment sans fin languissante victime,
De ma tige arraché comme un tendre arbrisseau,
J’étais proscrit bien jeune, et j’ignorais quel crime
J’avais commis dans mon berceau.

"Et pourtant, écoutez : bien loin dans ma mémoire,
J’ai d’heureux souvenirs avant ces temps d’effroi ;
J’entendais en dormant des bruits confus de gloire,
Et des peuples joyeux veillaient autour de moi.
Un jour tout disparut dans un sombre mystère ;
Je vis fuir l’avenir à mes destins promis ;
Je n’étais qu’un enfant, faible et seul sur la terre,
Hélas ! et j’eus des ennemis !

"Ils m’ont jeté vivant sous des murs funéraires ;
Mes yeux voués aux pleurs n’ont plus vu le soleil ;
Mais vous que je retrouve, anges du ciel, mes frères,
Vous m’avez visité souvent dans mon sommeil.
Mes jours se sont flétris dans leurs mains meurtrières,
Seigneur, mais les méchants sont toujours malheureux ;
Oh ! ne soyez pas sourd comme eux à mes prières,
Car je viens vous prier pour eux. »

Et les anges chantaient : — « L’arche à toi se dévoile,
Suis-nous ; sur ton beau front nous mettrons une étoile.
Prends les ailes d’azur des chérubins vermeils ;
Tu viendras avec nous bercer l’enfant qui pleure,
Ou, dans leur brûlante demeure,
D’un souffle lumineux rajeunir les soleils ! »

III

Soudain le chœur cessa, les élus écoutèrent ;
Il baissa son regard par les larmes terni ;
Au fond des cieux muets les mondes s’arrêtèrent,
Et l’éternelle voix parla dans l’infini :

"Ô roi ! je t’ai gardé loin des grandeurs humaines.
Tu t’es réfugié du trône dans les chaînes.
Va, mon fils, bénis tes revers.
Tu n’as point su des rois l’esclavage suprême,
Ton front du moins n’est pas meurtri du diadème,
Si tes bras sont meurtris de fers.

"Enfant, tu t’es courbé sous le poids de la vie ;
Et la terre, pourtant, d’espérance et d’envie
Avait entouré ton berceau !
Viens, ton Seigneur lui-même eut ses douleurs divines,
Et mon Fils, comme toi, roi couronné d’épines,
Porta le sceptre de roseau. "





LOUIS XVII, UN ENFANT MARTYR

Louis-Charles de France est le second fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette et devient le dauphin en 1789. Cet enfant va connaître le plus terrible sort qui soit après l’exécution de son père et de sa mère et finira par mourir à l’âge de 10 ans en raison des traitements qu’on lui a fait subir en prison, et du peu de cas qu’avait le nouveau régime pour cet enfant. Nous n’accorderons guère de crédit aux thèses qui feraient que cet enfant aurait pu être sauvé et aurait pu avoir une descendance.



Autres textes de Victor Hugo présents dans le site

La vie aux champs
Le chant de l'arêne
Le chant du cirque
Le deuil
Le firmament est plein de la vaste clarté
Le mot
Le plus haut attentat que puisse faire un homme
Le poème éploré se lamente
Le poète
Le poète
Le poète dans les révolutions
Le poète est un monde enfermé dans un homme
Le poète s'en va aux champs
Le portrait d'une enfant
Le Sacre de Charles X
Le soir
Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées
Le Te Deum du 1er janvier 1852
Les deux îles
Les Djinns
Les femmes sont sur la terre
Les forts
Les innocents
Les oiseaux
Les paysans au bord de la mer
Lorsque l'enfant paraît
Melancholia
Moïse sur le Nil
Mille chemins, un seul but
Napoléon II
Napoléon III
Nos morts
Nous allions au verger
Nuits de juin
Ô mes lettres d'amour, de vertu, de jeunesse
Océano nox
Oh! je fus comme fou
Oh! Pourquoi te cacher, tu pleurais seule ici
Oh quand je dors viens auprès de ma couche
Où donc est le bonheur ?
Oui, je suis le rêveur ...
Parfois, lorsque tout dort, je m’assieds plein de joie
Paroles sur la dune
Pauline Roland
Pour les pauvres
Premier mai
Printemps
Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine
Puisque le juste est dans l'abîme
Quand la lune apparait
Quand les guignes furent mangées
Quand tu me parles de gloire
Regardez. Les enfants se sont assis en rond
Saison des semailles
Si vous n'avez rien à me dire
Soleils couchants
Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée
Sous les arbres
Souvenir d'enfance
Souvenir de la nuit du 4
Spectacle rassurant
Sur un portrait de sainte
Tu peux comme il te plaît
Un jour je vis, debout au bord des flots mouvants
Un soir que je regardais le ciel
Une femme m'a dit ceci
Veni, vidi, vixi
Vénus
Vieille chanson d'un jeune temps








_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
Gil Def
Admin

Masculin
Nombre de messages : 6713
Age : 75
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum