Louis XVII - Victor Hugo
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Louis XVII - Victor Hugo
HISTOIRE ET POLITIQUE LA REVOLUTION DE 1789 |
Louis XVII "Odes et ballades" - 1826 Victor Hugo I En ce temps-là, du ciel les portes d’or s’ouvrirent ; Du Saint des Saints ému les feux se découvrirent ; Tous les cieux un moment brillèrent dévoilés ; Et les élus voyaient, lumineuses phalanges, Venir une jeune âme entre de jeunes anges Sous les portiques étoilés. C’était un bel enfant qui fuyait de la terre ; Son œil bleu du malheur portait le signe austère ; Ses blonds cheveux flottaient sur ses traits pâlissants ; Et les vierges du ciel, avec des chants de fête, Aux palmes du martyre unissaient sur sa tête La couronne des innocents. II On entendit des voix qui disaient dans la nue : — "Jeune ange, Dieu sourit à ta gloire ingénue ; Viens, rentre dans ses bras pour ne plus en sortir ; Et vous, qui du Très-Haut racontez les louanges, Séraphins, prophètes, archanges, Courbez-vous, c’est un roi ; chantez, c’est un martyr ! » — "Où donc ai-je régné ? demandait la jeune ombre. Je suis un prisonnier, je ne suis point un roi. Hier je m’endormis au fond d’une tour sombre. Où donc ai-je régné ? Seigneur, dites-le moi. Hélas ! mon père est mort d’une mort bien amère ; Ses bourreaux, ô mon Dieu, m’ont abreuvé de fiel ; Je suis un orphelin ; je viens chercher ma mère, Qu’en mes rêves j’ai vue au ciel. » Les anges répondaient : — "Ton Sauveur te réclame. Ton Dieu d’un monde impie a rappelé ton âme. Fuis la terre insensée où l’on brise la croix, Où jusque dans la mort descend le régicide, Où le meurtre, d’horreurs avide, Fouille dans les tombeaux pour y chercher des rois. » — "Quoi ! de ma lente vie ai-je achevé le reste ? Disait-il ; tous mes maux, les ai-je enfin soufferts ? Est-il vrai qu’un geôlier, de ce rêve céleste, Ne viendra pas demain m’éveiller dans mes fers ? Captif, de mes tourments cherchant la fin prochaine, J’ai prié ; Dieu veut-il enfin me secourir ? Oh ! n’est-ce pas un songe ? a-t-il brisé ma chaîne ? Ai-je eu le bonheur de mourir ? "Car vous ne savez point quelle était ma misère ! Chaque jour dans ma vie amenait des malheurs ; Et, lorsque je pleurais, je n’avais pas de mère Pour chanter à mes cris, pour sourire à mes pleurs. D’un châtiment sans fin languissante victime, De ma tige arraché comme un tendre arbrisseau, J’étais proscrit bien jeune, et j’ignorais quel crime J’avais commis dans mon berceau. "Et pourtant, écoutez : bien loin dans ma mémoire, J’ai d’heureux souvenirs avant ces temps d’effroi ; J’entendais en dormant des bruits confus de gloire, Et des peuples joyeux veillaient autour de moi. Un jour tout disparut dans un sombre mystère ; Je vis fuir l’avenir à mes destins promis ; Je n’étais qu’un enfant, faible et seul sur la terre, Hélas ! et j’eus des ennemis ! "Ils m’ont jeté vivant sous des murs funéraires ; Mes yeux voués aux pleurs n’ont plus vu le soleil ; Mais vous que je retrouve, anges du ciel, mes frères, Vous m’avez visité souvent dans mon sommeil. Mes jours se sont flétris dans leurs mains meurtrières, Seigneur, mais les méchants sont toujours malheureux ; Oh ! ne soyez pas sourd comme eux à mes prières, Car je viens vous prier pour eux. » Et les anges chantaient : — « L’arche à toi se dévoile, Suis-nous ; sur ton beau front nous mettrons une étoile. Prends les ailes d’azur des chérubins vermeils ; Tu viendras avec nous bercer l’enfant qui pleure, Ou, dans leur brûlante demeure, D’un souffle lumineux rajeunir les soleils ! » III Soudain le chœur cessa, les élus écoutèrent ; Il baissa son regard par les larmes terni ; Au fond des cieux muets les mondes s’arrêtèrent, Et l’éternelle voix parla dans l’infini : "Ô roi ! je t’ai gardé loin des grandeurs humaines. Tu t’es réfugié du trône dans les chaînes. Va, mon fils, bénis tes revers. Tu n’as point su des rois l’esclavage suprême, Ton front du moins n’est pas meurtri du diadème, Si tes bras sont meurtris de fers. "Enfant, tu t’es courbé sous le poids de la vie ; Et la terre, pourtant, d’espérance et d’envie Avait entouré ton berceau ! Viens, ton Seigneur lui-même eut ses douleurs divines, Et mon Fils, comme toi, roi couronné d’épines, Porta le sceptre de roseau. " LOUIS XVII, UN ENFANT MARTYR Louis-Charles de France est le second fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette et devient le dauphin en 1789. Cet enfant va connaître le plus terrible sort qui soit après l’exécution de son père et de sa mère et finira par mourir à l’âge de 10 ans en raison des traitements qu’on lui a fait subir en prison, et du peu de cas qu’avait le nouveau régime pour cet enfant. Nous n’accorderons guère de crédit aux thèses qui feraient que cet enfant aurait pu être sauvé et aurait pu avoir une descendance. Autres textes de Victor Hugo présents dans le site La vie aux champs Le chant de l'arêne Le chant du cirque Le deuil Le firmament est plein de la vaste clarté Le mot Le plus haut attentat que puisse faire un homme Le poème éploré se lamente Le poète Le poète Le poète dans les révolutions Le poète est un monde enfermé dans un homme Le poète s'en va aux champs Le portrait d'une enfant Le Sacre de Charles X Le soir Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées Le Te Deum du 1er janvier 1852 Les deux îles Les Djinns Les femmes sont sur la terre Les forts Les innocents Les oiseaux Les paysans au bord de la mer Lorsque l'enfant paraît Melancholia Moïse sur le Nil Mille chemins, un seul but Napoléon II Napoléon III Nos morts Nous allions au verger Nuits de juin Ô mes lettres d'amour, de vertu, de jeunesse Océano nox Oh! je fus comme fou Oh! Pourquoi te cacher, tu pleurais seule ici Oh quand je dors viens auprès de ma couche Où donc est le bonheur ? Oui, je suis le rêveur ... Parfois, lorsque tout dort, je m’assieds plein de joie Paroles sur la dune Pauline Roland Pour les pauvres Premier mai Printemps Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine Puisque le juste est dans l'abîme Quand la lune apparait Quand les guignes furent mangées Quand tu me parles de gloire Regardez. Les enfants se sont assis en rond Saison des semailles Si vous n'avez rien à me dire Soleils couchants Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée Sous les arbres Souvenir d'enfance Souvenir de la nuit du 4 Spectacle rassurant Sur un portrait de sainte Tu peux comme il te plaît Un jour je vis, debout au bord des flots mouvants Un soir que je regardais le ciel Une femme m'a dit ceci Veni, vidi, vixi Vénus Vieille chanson d'un jeune temps |
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