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Le Te deum du 1er janvier 1852 - Victor Hugo

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Le Te deum du 1er janvier 1852 - Victor Hugo Empty Le Te deum du 1er janvier 1852 - Victor Hugo

Message  Gil Def Lun 29 Mar - 14:54

Le Te deum du 1er janvier 1852 - Victor Hugo 721364  Le Te deum du 1er janvier 1852 - Victor Hugo 721364  Le Te deum du 1er janvier 1852 - Victor Hugo 721364


HISTOIRE ET POLITIQUE
LE SECOND EMPIRE

Le Te deum du 1er janvier 1852 - Victor Hugo Napolz14





Le Te Deum du 1er janvier 1852
"Les Châtiments" - 1853
Victor Hugo


Le Te deum du 1er janvier 1852 - Victor Hugo Le_te_10


Prêtre, ta messe, écho des feux de peloton,
Est une chose impie.
Derrière toi, le bras ployé sous le menton,
Rit la mort accroupie.

Prêtre, on voit frissonner, aux cieux d’où nous venons,
Les anges et les vierges,
Quand un évêque prend la mèche des canons
Pour allumer les cierges.

Tu veux être au sénat, voir ton siége élevé
Et ta fortune accrue.

Soit ; mais pour bénir l’homme, attends qu’on ait lavé
Le pavé de la rue.

Peuples, gloire à Gessler ! meure Guillaume Tell !
Un râle sort de l’orgue.
Archevêque, on a pris, pour bâtir ton autel,
Les dalles de la morgue.

Quand tu dis : — Te Deum ! nous vous louons, Dieu fort,
Sabaoth des armées ! —
Il se mêle à l’encens une vapeur qui sort
Des fosses mal fermées.

On a tué, la nuit, on a tué, le jour,
L’homme, l’enfant, la femme !
Crime et deuil ! Ce n’est plus l’aigle, c’est le vautour
Qui vole à Notre-Dame.

Va, prodigue au bandit les adorations ;
Martyrs, vous l’entendîtes !
Dieu te voit, et là-haut tes bénédictions,
O prêtre, sont maudites !

Les proscrits sont partis, aux flancs du ponton noir,
Pour Alger, pour Cayenne ;
Ils ont vu Bonaparte à Paris, ils vont voir
En Afrique l’hyène.

Ouvriers, paysans qu’on arrache au labour,
Le sombre exil vous fauche !

Bien, regarde à ta droite, archevêque Sibour,
Et regarde à ta gauche.

Ton diacre est Trahison et ton sous-diacre est Vol ;
Vends ton Dieu, vends ton âme !
Allons, coiffe ta mitre, allons, mets ton licol,
Chante, vieux prêtre infâme !

Le meurtre à tes côtés suit l’office divin,
Criant : feu sur qui bouge !
Satan tient la burette, et ce n’est pas de vin
Que ton ciboire est rouge.





LE TE DEUM DU 1er JANVIER 1852

Le 1er janvier 1852, Louis-Napoléon Bonaparte fait donner un Te deum à Notre-Dame de Paris. Par cette cérémonie solennelle, il entend remercier Dieu et s’attirer toute la complaisance nécessaire de la part du clergé pour mettre fin à la Seconde République et installer un régime impérial. Pour Victor Hugo, cette cérémonie est indécente en raison de ce qui s’est passé à partir du 2 décembre 1851 à savoir la traîtrise, la violence sanglante d’un coup d’Etat organisé par Louis-Napoléon Bonaparte, qui était pourtant le Président élu de la Seconde République. Il faut noter que quelques jours plus tard, Victor Hugo sera proscrit et devra se résoudre à un exil en Belgique, puis à Guernesey.  



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