Le chant du cirque - Victor Hugo
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Le chant du cirque - Victor Hugo
HISTOIRE ET POLITIQUE L'ANTIQUITE |
Le chant du cirque "Odes et ballades" - 1826 Victor Hugo César, empereur magnanime, Le monde, à te plaire unanime, À tes fêtes doit concourir ! Éternel héritier d’Auguste, Salut ! prince immortel et juste, César ! sois salué par ceux qui vont mourir ! Seul entre tous les rois, César aux dieux de Rome Peut en libations offrir le sang de l’homme. À nos solennités nous invitons la Mort. De monstres pour nos jeux nous dépeuplons le monde ; Nous mêlons dans le cirque, où fume un sang immonde, Les tigres d’Hyrcanie aux barbares du Nord. Des colosses d’airain, des vases de porphyre, Des ancres, des drapeaux que gonfle le zéphire, Parent du champ fatal les murs éblouissants ; Les parfums chargent l’air d’un odorant nuage, Car le peuple romain aime que le carnage Exhale ses vapeurs parmi des flots d’encens. Des portes tout à coup les gonds d’acier gémissent. La foule entre en froissant les grilles qui frémissent ; Les panthères dans l’ombre ont tressailli d’effroi, Et, poussant mille cris qu’un long bruit accompagne, Comme un fleuve épandu de montagne en montagne, De degrés en degrés roule le peuple-roi. Les deux chaises d’ivoire ont reçu les édiles. L’hippopotame informe et les noirs crocodiles Nagent autour du cirque en un large canal ; Dans leurs cages de fer les cinq cents lions grondent ; Les vestales en chœur, dont les chants se répondent, Apportent l’autel chaste et le feu virginal. L’œil ardent, le sein nu, l’impure courtisane Près du foyer sacré pose un trépied profane. On voile de cyprès l’autel des suppliants. À travers leur cortège et de rois et d’esclaves, Les sénateurs, vêtus d’augustes laticlaves, Dans la foule, de loin, comptent tous leurs clients. Chaque vierge est assise auprès d’une matrone. À la voix des tribuns, on voit autour du trône Les soldats du prétoire en cercle se ranger ; Les prêtres de Cybèle entonnent la louange ; Et, sur de vils tréteaux, les histrions du Gange Chantent, en attendant ceux qui vont s’égorger. Les voilà !… — Tout le peuple applaudit et menace Ces captifs, que César d’un bras puissant ramasse Des temples de Manès aux antres d’Irmensul. Ils entrent tour à tour, et le licteur les nomme ; Vil troupeau, que la mort garde aux plaisirs de Rome, Et que d’un fer brûlant a marqué le consul ! On découvre en leurs rangs, à leur tête penchée, Des juifs, traînant partout une honte cachée ; Plus loin, d’altiers gaulois que nul péril n’abat ; Et d’infâmes chrétiens, qui, dépouillés d’armures, Refusant aux bourreaux leurs chants ou leurs murmures, Vont souffrir sans orgueil et mourir sans combat. Bientôt, quand rugiront les bêtes échappées, Les murs, tout hérissés de piques et d’épées, Livreront cette proie entière à leur fureur. — Du trône de César la pourpre orne le faîte, Afin qu’un jour plus doux, durant l’ardente fête, Flatte les yeux divins du clément empereur. César, empereur magnanime, Le monde, à te plaire unanime, À tes fêtes doit concourir ! Éternel héritier d’Auguste, Salut ! prince immortel et juste, César ! sois salué par ceux qui vont mourir ! Liens vers les textes de cet auteur |
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