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Napoléon III - Victor Hugo

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Napoléon III - Victor Hugo Empty Napoléon III - Victor Hugo

Message  Gil Def Lun 19 Avr - 9:18

Napoléon III - Victor Hugo 721364  Napoléon III - Victor Hugo 721364  Napoléon III - Victor Hugo 721364


HISTOIRE ET POLITIQUE
LE SECOND EMPIRE

Napoléon III - Victor Hugo Napolz14





Napoléon III
"Les Châtiments" - 1853
Victor Hugo


Napoléon III - Victor Hugo Napolz11


Donc c’est fait. Dût rugir de honte le canon,
Te voilà, nain immonde, accroupi sur ce nom !
Cette gloire est ton trou, ta bauge, ta demeure !
Toi qui n’as jamais pris la fortune qu’à l’heure,
Te voilà presque assis sur ce hautain sommet !
Sur le chapeau d’Essling tu plantes ton plumet ;
Tu mets, petit Poucet, ces bottes de sept lieues ;
Tu prends Napoléon dans les régions bleues ;

Tu fais travailler l’oncle, et, perroquet ravi,
Grimper à ton perchoir l’aigle de Mondovi !
Thersite est le neveu d’Achille Péliade !
C’est pour toi qu’on a fait toute cette Iliade !
C’est pour toi qu’on livra ces combats inouïs !
C’est pour toi que Murat, aux russes éblouis,
Terrible, apparaissait, cravachant leur armée !
C’est pour toi qu’à travers la flamme et la fumée
Les grenadiers pensifs s’avançaient à pas lents !
C’est pour toi que mon père et mes oncles vaillants
Ont répandu leur sang dans ces guerres épiques !
Pour toi qu’ont fourmillé les sabres et les piques,
Que tout le continent trembla sous Attila,
Et que Londres frémit et que Moscou brûla !
C’est pour toi, pour tes Deutz et pour tes Mascarilles,
Pour que tu puisses boire avec de belles filles,
Et, la nuit, t’attabler dans le Louvre à l’écart,
C’est pour monsieur Fialin et pour monsieur Mocquart,
Que Lannes d’un boulet eut la cuisse coupée,
Que le front des soldats, entr'ouvert par l’épée,
Saigna sous le shako, le casque et le colback,
Que Lasalle à Wagram, Duroc à Reichenbach,
Expirèrent frappés au milieu de leur route,
Que Caulaincourt tomba dans la grande redoute,
Et que la vieille garde est morte à Waterloo !
C’est pour toi qu’agitant le pin et le bouleau,
Le vent fait aujourd’hui, sous ses âpres haleines,
Blanchir tant d’ossements, hélas ! dans tant de plaines !
Faquin ! — Tu t’es soudé, chargé d’un vil butin,
Toi, l’homme du hasard, à l’homme du destin !
Tu fourres, impudent, ton front dans ses couronnes !
Nous entendons claquer dans tes mains fanfaronnes
Ce fouet prodigieux qui conduisait les rois ;
Et tranquille, attelant à ton numéro trois
Austerlitz, Marengo, Rivoli, Saint-Jean-d’Acre,
Aux chevaux du soleil tu fais traîner ton fiacre !




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