Les oiseaux - Victor Hugo
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Les oiseaux - Victor Hugo
L'HOMME ET LA NATURE LE MONDE ANIMAL |
Les oiseaux "Les Contemplations" - 1856 Victor Hugo Récitant : Denis Podalydès Je rêvais dans un grand cimetière désert ; De mon âme et des morts j'écoutais le concert, Parmi les fleurs de l'herbe et les croix de la tombe. Dieu veut que ce qui naît sorte de ce qui tombe. Et l'ombre m'emplissait. Autour de moi, nombreux, Gais, sans avoir souci de mon front ténébreux, Dans ce champ, lit fatal de la sieste dernière, Des moineaux francs faisaient l'école buissonnière. C'était l'éternité que taquine l'instant. Ils allaient et venaient, chantant, volant, sautant, Égratignant la mort de leurs griffes pointues, Lissant leur bec au nez lugubre des statues, Becquetant les tombeaux, ces grains mystérieux. Je pris ces tapageurs ailés au sérieux ; Je criai: -- Paix aux morts ! vous êtes des harpies. -- Nous sommes des moineaux, me dirent ces impies. -- Silence ! allez-vous en ! repris-je, peu clément. Ils s'enfuirent ; j'étais le plus fort. Seulement, Un d'eux resta derrière, et, pour toute musique, Dressa la queue, et dit : -- Quel est ce vieux classique ? Comme ils s'en allaient tous, furieux, maugréant, Criant, et regardant de travers le géant, Un houx noir qui songeait près d'une tombe, un sage, M'arrêta brusquement par la manche au passage, Et me dit : -- Ces oiseaux sont dans leur fonction. Laisse-les. Nous avons besoin de ce rayon. Dieu les envoie. Ils font vivre le cimetière. Homme, ils sont la gaîté de la nature entière ; Ils prennent son murmure au ruisseau, sa clarté A l'astre, son sourire au matin enchanté ; Partout où rit un sage, ils lui prennent sa joie, Et nous l'apportent ; l'ombre en les voyant flamboie ; Ils emplissent leurs becs des cris des écoliers ; A travers l'homme et l'herbe, et l'onde, et les halliers, Ils vont pillant la joie en l'univers immense. Ils ont cette raison qui te semble démence. Ils ont pitié de nous qui loin d'eux languissons ; Et, lorsqu'ils sont bien pleins de jeux et de chansons ; D'églogues, de baisers, de tous les commérages Que les nids en avril font sous les verts ombrages, Ils accourent, joyeux, charmants, légers, bruyants, Nous jeter tout cela dans nos trous effrayants; Et viennent, des palais, des bois, de la chaumière, Vider dans notre nuit toute cette lumière! Quand mai nous les ramène, ô songeur, nous disons : -Les voilà!- tout s'émeut, pierres, tertres, gazons ; Le moindre arbrisseau parle, et l'herbe est en extase ; Le saule pleureur chante en achevant sa phrase ; Ils confessent les ifs, devenus babillards ; Ils jasent de la vie avec les corbillards ; Des linceuls trop pompeux ils décrochent l'agrafe ; Ils se moquent du marbre; ils savent l'orthographe ; Et, moi qui suis ici le vieux chardon boudeur, Devant qui le mensonge étale sa laideur, Et ne se gène pas, me traitant comme un hôte, Je trouve juste, ami, qu'en lisant à voix haute L'épitaphe où le mort est toujours bon et beau, Ils fassent éclater de rire le tombeau. Autres textes de Victor Hugo présents dans le site La vie aux champs Le chant de l'arêne Le chant du cirque Le deuil Le firmament est plein de la vaste clarté Le mot Le plus haut attentat que puisse faire un homme Le poème éploré se lamente Le poète Le poète Le poète dans les révolutions Le poète est un monde enfermé dans un homme Le poète s'en va aux champs Le portrait d'une enfant Le Sacre de Charles X Le soir Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées Le Te Deum du 1er janvier 1852 Les deux îles Les Djinns Les femmes sont sur la terre Les forts Les innocents Les paysans au bord de la mer Lorsque l'enfant paraît Louis XVII Melancholia Moïse sur le Nil Mille chemins, un seul but Napoléon II Napoléon III Nos morts Nous allions au verger Nuits de juin Ô mes lettres d'amour, de vertu, de jeunesse Océano nox Oh! je fus comme fou Oh! Pourquoi te cacher, tu pleurais seule ici Oh quand je dors viens auprès de ma couche Où donc est le bonheur ? Oui, je suis le rêveur ... Parfois, lorsque tout dort, je m’assieds plein de joie Paroles sur la dune Pauline Roland Pour les pauvres Premier mai Printemps Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine Puisque le juste est dans l'abîme Quand la lune apparait Quand les guignes furent mangées Quand tu me parles de gloire Regardez. Les enfants se sont assis en rond Saison des semailles Si vous n'avez rien à me dire Soleils couchants Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée Sous les arbres Souvenir d'enfance Souvenir de la nuit du 4 Spectacle rassurant Sur un portrait de sainte Tu peux comme il te plaît Un jour je vis, debout au bord des flots mouvants Un soir que je regardais le ciel Une femme m'a dit ceci Veni, vidi, vixi Vénus Vieille chanson d'un jeune temps |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
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