Moïse sur le Nil - Victor Hugo
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Moïse sur le Nil - Victor Hugo
MYTHES |
Moïse sur le Nil "Odes et Ballades" - 1826 Victor Hugo « Mes sœurs, l’onde est plus fraîche aux premiers feux du jour. Venez : le moissonneur repose en son séjour ; La rive est solitaire encore ; Memphis élève à peine un murmure confus ; Et nos chastes plaisirs, sous ces bosquets touffus, N’ont d’autre témoin que l’aurore. "Au palais de mon père on voit briller les arts ; Mais ces bords pleins de fleurs charment plus mes regards Qu’un bassin d’or ou de porphyre ; Ces chants aériens sont mes concerts chéris ; Je préfère aux parfums qu’on brûle en nos lambris Le souffle embaumé du zéphire. "Venez : l’onde est si calme et le ciel est si pur ! Laissez sur ces buissons flotter les plis d’azur De vos ceintures transparentes ; Détachez ma couronne et ces voiles jaloux ; Car je veux aujourd’hui folâtrer avec vous, Au sein des vagues murmurantes. "Hâtons-nous… Mais parmi les brouillards du matin, Que vois-je ? — Regardez à l’horizon lointain… Ne craignez rien, filles timides ! C’est sans doute, par l’onde entraîné vers les mers, Le tronc d’un vieux palmier qui, du fond des déserts, Vient visiter les Pyramides. "Que dis-je ? Si j’en crois mes regards indécis, C’est la barque d’Hermès ou la conque d’Isis, Que pousse une brise légère. Mais non ; c’est un esquif où, dans un doux repos, J’aperçois un enfant qui dort au sein des flots, Comme on dort au sein de sa mère. "Il sommeille ; et, de loin, à voir son lit flottant, On croirait voir voguer sur le fleuve inconstant Le nid d’une blanche colombe. Dans sa couche enfantine il erre au gré du vent ; L’eau le balance, il dort, et le gouffre mouvant Semble le bercer dans sa tombe. "Il s’éveille : accourez, ô vierges de Memphis ! Il crie… Ah ! quelle mère a pu livrer son fils Au caprice des flots mobiles ? Il tend les bras ; les eaux grondent de toute part. Hélas ! contre la mort il n’a d’autre rempart Qu’un berceau de roseaux fragiles. "Sauvons-le… — C’est peut-être un enfant d’Israël. Mon père les proscrit ; mon père est bien cruel De proscrire ainsi l’innocence ! Faible enfant ! ses malheurs ont ému mon amour, Je veux être sa mère : il me devra le jour, S’il ne me doit pas la naissance." Ainsi parlait Iphis, l’espoir d’un roi puissant, Alors qu’aux bords du Nil son cortège innocent Suivait sa course vagabonde ; Et ces jeunes beautés qu’elle effaçait encor, Quand la fille des rois quittait ses voiles d’or, Croyaient voir la fille de l’onde. Sous ses pieds délicats déjà le flot frémit. Tremblante, la pitié vers l’enfant qui gémit La guide en sa marche craintive ; Elle a saisi l’esquif ! Fière de ce doux poids, L’orgueil sur son beau front, pour la première fois, Se mêle à la pudeur naïve. Bientôt, divisant l’onde et brisant les roseaux, Elle apporte à pas lents l’enfant sauvé des eaux Sur le bord de l’arène humide ; Et ses sœurs tour à tour, au front du nouveau-né, Offrant leur doux sourire à son œil étonné, Déposaient un baiser timide. Accours, toi qui, de loin, dans un doute cruel, Suivais des yeux ton fils sur qui veillait le ciel ; Viens ici comme une étrangère ; Ne crains rien : en pressant Moïse entre tes bras, Tes pleurs et tes transports ne te trahiront pas, Car Iphis n’est pas encor mère ! Alors, tandis qu’heureuse et d’un pas triomphant, La vierge au roi farouche amenait l’humble enfant, Baigné des larmes maternelles, On entendait en chœur, dans les cieux étoilés, Des anges, devant Dieu de leurs ailes voilés, Chanter les lyres éternelles. "Ne gémis plus, Jacob, sur la terre d’exil ; Ne mêle plus tes pleurs aux flots impurs du Nil : Le Jourdain va t’ouvrir ses rives. Le jour enfin approche où vers les champs promis Gessen verra s’enfuir, malgré leurs ennemis, Les tribus si longtemps captives. "Sous les traits d’un enfant délaissé sur les flots, C’est l’élu du Sina, c’est le roi des fléaux, Qu’une vierge sauve de l’onde. Mortels, vous dont l’orgueil méconnaît l’Éternel, Fléchissez : un berceau va sauver Israël, Un berceau doit sauver le monde ! " Autres textes de Victor Hugo présents dans le site La vie aux champs Le chant de l'arêne Le chant du cirque Le deuil Le firmament est plein de la vaste clarté Le mot Le plus haut attentat que puisse faire un homme Le poème éploré se lamente Le poète Le poète Le poète dans les révolutions Le poète est un monde enfermé dans un homme Le poète s'en va aux champs Le portrait d'une enfant Le Sacre de Charles X Le soir Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées Le Te Deum du 1er janvier 1852 Les deux îles Les Djinns Les femmes sont sur la terre Les forts Les innocents Les oiseaux Les paysans au bord de la mer Lorsque l'enfant paraît Louis XVII Melancholia Mille chemins, un seul but Napoléon II Napoléon III Nos morts Nous allions au verger Nuits de juin Ô mes lettres d'amour, de vertu, de jeunesse Océano nox Oh! je fus comme fou Oh! Pourquoi te cacher, tu pleurais seule ici Oh quand je dors viens auprès de ma couche Où donc est le bonheur ? Oui, je suis le rêveur ... Parfois, lorsque tout dort, je m’assieds plein de joie Paroles sur la dune Pauline Roland Pour les pauvres Premier mai Printemps Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine Puisque le juste est dans l'abîme Quand la lune apparait Quand les guignes furent mangées Quand tu me parles de gloire Regardez. Les enfants se sont assis en rond Saison des semailles Si vous n'avez rien à me dire Soleils couchants Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée Sous les arbres Souvenir d'enfance Souvenir de la nuit du 4 Spectacle rassurant Sur un portrait de sainte Tu peux comme il te plaît Un jour je vis, debout au bord des flots mouvants Un soir que je regardais le ciel Une femme m'a dit ceci Veni, vidi, vixi Vénus Vieille chanson d'un jeune temps |
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