Oh ! pourquoi te cacher ? tu pleurais seule ici - Victor hugo
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Oh ! pourquoi te cacher ? tu pleurais seule ici - Victor hugo
ETATS ET DISPOSITIONS DE L'ESPRIT |
Oh ! pourquoi te cacher ? tu pleurais seule ici "Les Feuilles d'automne" - 1832 Victor Hugo Oh ! pourquoi te cacher ? Tu pleurais seule ici. Devant tes yeux rêveurs qui donc passait ainsi ? Quelle ombre flottait dans ton âme ? Était-ce long regret ou noir pressentiment, Ou jeunes souvenirs dans le passé dormant, Ou vague faiblesse de femme ? Voyais-tu fuir déjà l’amour et ses douceurs, Ou les illusions, toutes ces jeunes sœurs Qui le matin, devant nos portes, Dans l’avenir sans borne ouvrant mille chemins, Dansent, des fleurs au front et les mains dans les mains, Et bien avant le soir sont mortes ? Ou bien te venait-il des tombeaux endormis Quelque ombre douloureuse avec des traits amis, Te rappelant le peu d’années, Et demandant tout bas quand tu viendrais le soir Prier devant ces croix de pierre ou de bois noir Où pendent tant de fleurs fanées ? Mais non, ces visions ne te poursuivaient pas. Il suffit pour pleurer de songer qu’ici-bas Tout miel est amer, tout ciel sombre, Que toute ambition trompe l’effort humain, Que l’espoir est un leurre, et qu’il n’est pas de main Qui garde l’onde ou prenne l’ombre. Toujours ce qui là-bas vole au gré du zéphyr Avec des ailes d’or, de pourpre et de saphir Nous fait courir et nous devance ; Mais adieu l’aile d’or, pourpre, émail, vermillon, Quand l’enfant a saisi le frêle papillon, Quand l’homme a pris son espérance ! Pleure. Les pleurs vont bien, même au bonheur ; tes chants Sont plus doux dans les pleurs ; tes yeux purs et touchants Sont plus beaux quand tu les essuies. L’été, quand il a plu, le champ est plus vermeil, Et le ciel fait briller plus au beau soleil Son azur lavé par les pluies ! Pleure comme Rachel, pleure comme Sara. On a toujours souffert ou bien on souffrira. Malheur aux insensés qui rient ! Le Seigneur nous relève alors que nous tombons ; Car s’il préfère encor les malheureux aux bons, Ceux qui pleurent à ceux qui prient ! Pleure afin de savoir ! Les larmes sont un don. Souvent les pleurs, après l’erreur et l’abandon, Raniment nos forces brisées. Souvent l’âme, sentant, au doute qui s’enfuit, Qu’un jour intérieur se lève dans sa nuit, Répand de ces douces rosées. Pleure ! mais, tu fais bien, cache-toi pour pleurer. Aie un asile en toi. Pour t’en désaltérer, Pour les savourer avec charmes, Sous le riche dehors de ta prospérité, Dans le fond de ton cœur, comme un fruit pour l’été, Mets à part ton trésor de larmes. Car la fleur, qui s’ouvrit avec l’aurore en pleurs, Et qui fait à midi de ses belles couleurs Admirer la splendeur timide, Sous ses corolles d’or, loin des yeux importuns, Au fond de ce calice où sont tous ses parfums, Souvent cache une perle humide ! Liens vers les textes de cet auteur |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
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