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Je suis haï. Pourquoi ? - Victor Hugo

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Je suis haï. Pourquoi ? - Victor Hugo Empty Je suis haï. Pourquoi ? - Victor Hugo

Message  Gil Def Ven 13 Oct - 13:50

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ETATS ET DISPOSITIONS DE L'ESPRIT

Je suis haï. Pourquoi ? - Victor Hugo 0_somm98





Je suis haï. Pourquoi ?
"Les Quatre vents de l'esprit" - 1881
Victor Hugo


Je suis haï. Pourquoi ? - Victor Hugo Je_sui12


Je suis haï. Pourquoi ? Parce que je défends
Les faibles, les vaincus, les petits, les enfants.
Je suis calomnié. Pourquoi ? Parce que j’aime
Les bouches sans venin, les cœurs sans stratagème.
Le bonze aux yeux baissés m’abhorre avec ferveur,
Mais qu’est-ce que cela me fait, à moi rêveur ?
Je sens au fond des cieux quelqu’un qui voit mon âme ;
Cela suffit. Le flot ne brise point la rame,
Le vent ne brise pas l’aile, l’adversité
Ne brise pas l’esprit qui va vers la clarté.
Je vois en moi l’erreur tomber et le jour croître ;
Je sens grandir le temple et s’écrouler le cloître.
Rien de fermé. Le ciel ouvert. L’étoile à nu.
L’idole disparaît, Dieu vient. C’est l’inconnu,
Mais le certain. Je sens dans mon âme ravie
La dilatation superbe de la vie,
Et la sécurité du fond vrai sous mes pas.
L’abri pour le sommeil, le pain pour le repas,
Je les trouve. D’ailleurs les heures passent vite.
Quelquefois on me suit, quelquefois on m’évite ;
Je vais. Souvent mes pieds sont las, mon cœur jamais.
Le juste, — hélas, je saigne, où sont ceux que j’aimais ? —
Sent qu’il va droit au but quand au hasard il marche.
Je suis, comme jadis l’antique patriarche,
Penché sur une énigme où j’aperçois du jour.
Je crie à l’ombre immense : Amour ! Amour ! Amour !
Je dis : Espère et crois, qui que tu sois qui souffres !
Je sens trembler sous moi l’arche du pont des gouffres ;
Pourtant je passerai, j’en suis sûr. Avançons.
Par moments la forêt penche tous ses frissons
Sur ma tête, et la nuit m’attend dans les bois traîtres ;
Je suis proscrit des rois, je suis maudit des prêtres ;
Je ne sais pas un mois d’avance où je serai

Le mois suivant, l’orage étant démesuré ;
Puis l’azur reparaît, l’azur que rien n’altère ;
Ma route, blanche au ciel, est noire sur la terre ;
Je subis tour à tour tous les vents de l’exil ;
J’ai contre moi quiconque est fort, quiconque est vil ;
Ceux d’en bas, ceux d’en haut pour m’abattre s’unissent ;
Mais qu’importe ! Parfois des berceaux me bénissent,
L’homme en pleurs me sourit, le firmament est bleu,
Et faire son devoir est un droit. Gloire à Dieu !








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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
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