Elle passa. Je crois qu’elle m’avait souri. - Victor Hugo
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Elle passa. Je crois qu’elle m’avait souri. - Victor Hugo
HISTOIRES SINGULIERES |
Elle passa. Je crois qu’elle m’avait souri. "Les Quatre vents de l'esprit" - 1881 Victor Hugo Elle passa. Je crois qu’elle m’avait souri. C’était une grisette ou bien une houri. Je ne sais si l’effet fut moral ou physique, Mais son pas en marchant faisait une musique. Quoi ! ton pavé bruyant et fangeux, ô Paris, A de ces visions ineffables ! Je pris Ses yeux fixés sur moi pour deux étoiles bleues. Fraîche et joyeuse enfant ! moineaux et hochequeues Ont moins de gaîté folle et de vivacité. Elle avait une robe en taffetas d’été, De petits brodequins couleur de scarabée, L’air d’une ombre qui passe avant la nuit tombée, Je ne sais quoi de fier qui permettait l’espoir. Pendant que je songeais, croyant encor la voir Même après qu’elle était enfuie et disparue, Et que debout, pensif au milieu de la rue, Contemplant, ébloui, cet être gracieux, J’avais l’œil dans l’espace et l’âme dans les cieux, Une vieille, moitié chatte et moitié harpie, Au menton hérissé d’une barbe en charpie, Vêtue affreusement d’un sinistre haillon, Effroyable, et parlant comme avec un bâillon, Me dit tout bas : ― Monsieur veut-il de cette fille ? Ô pauvre colibri que vend une chenille ! Liens vers les textes de cet auteur |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
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