Aux morts du 4 décembre - Victor Hugo
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Aux morts du 4 décembre - Victor Hugo
HISTOIRE ET POLITIQUE LE SECOND EMPIRE |
Aux morts du 4 décembre "Les Châtiments" - 1853 Victor Hugo Jouissez du repos que vous donne le maître. Vous étiez autrefois des cœurs troublés peut-être, Qu’un vain songe poursuit ; L’erreur vous tourmentait, ou la haine, ou l’envie ; Vos bouches, d’où sortait la vapeur de la vie, Étaient pleines de bruit. Faces confusément l’une à l’autre apparues, Vous alliez et veniez en foule dans les rues, Ne vous arrêtant pas, Inquiets comme l’eau qui coule des fontaines, Tous, marchant au hasard, souffrant les mêmes peines, Mêlant les mêmes pas. Peut-être un feu creusait votre tête embrasée, Projets, espoirs, briser l’homme de l’Élysée, L’homme du Vatican, Verser le libre esprit à grands flots sur la terre ; Car dans ce siècle ardent toute âme est un cratère Et tout peuple un volcan. Vous aimiez, vous aviez le cœur lié de chaînes, Et le soir vous sentiez, livrés aux craintes vaines, Pleins de soucis poignants, Ainsi que l’océan sent remuer ses ondes, Se soulever en vous mille vagues profondes Sous les cieux rayonnants. Tous, qui que vous fussiez, tête ardente, esprit sage, Soit qu’en vos yeux brillât la jeunesse, ou que l’âge Vous prît et vous courbât, Que le destin pour vous fût deuil, énigme ou fête, Vous aviez dans vos cœurs l’amour, cette tempête, La douleur, ce combat. Grâce au quatre décembre, aujourd’hui, sans pensée, Vous gisez étendus dans la fosse glacée, Sous les linceuls épais ; Ô morts, l’herbe sans bruit croît sur vos catacombes, Dormez dans vos cercueils ! taisez-vous dans vos tombes ! L’empire, c’est la paix. Jersey, décembre 1852. LES MORTS DU 4 DECEMBRE 1851 Le 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte fait procéder à une vague d’arrestations concernant toutes les personnes susceptibles de s’opposer au coup d’Etat qu’il a décidé. S’en suivent des mouvements de révolte à Paris et en province. Le 4 décembre 1851, Morny, le ministre de l’Intérieur décide de réprimer l’insurrection naissante. Ainsi ce jour-là, à Paris, l’armée est en panique et mitraille mais parmi les morts, il y a des gens, des femmes, des enfants qui ne sont en rien des insurgés. Il y a plus de 2000 morts. 70 députés républicains sont envoyés en exil dont Hugo et Schœlcher. Liens vers les textes de cet auteur |
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