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Gestos - Claudio Rodriguez (1934-1999)

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Message  Gil Def Sam 13 Juil 2024 - 16:33

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Gestos - Claudio Rodriguez (1934-1999) Espagn16

Claudio ROGRIGUEZ
1934-1999

Gestos - Claudio Rodriguez (1934-1999) 94



Gestos - Gestes




Una mirada, un gesto,
cambiarán nuestra raza. Cuando actúa mi mano,
tan sin entendimiento y sin gobierno,
pero con errabunda resonancia,
y sondea, buscando
calor y compañía en este espacio
en donde tantas otras
han vibrado, ¿qué quiere
decir? Cuántos y cuántos gestos como
un sueño mañanero,
pasaron. Como esa
casera mueca de las figurillas
de la baraja: aunque
dejando herida o beso, sólo azar entrañable.
Más luminoso aún que la palabra,
nuestro ademán, como ella
roído por el tiempo, viejo como la orilla
del río, ¿qué
significa?
¿Por qué desplaza el mismo aire el gesto
de la entrega o del robo,
el que cierra una puerta o el que la abre,
el que da luz o apaga?
¿Por qué es el mismo el giro del brazo cuando siembra
que cuando siega,
el de amor que el de asesinato?

Nosotros, tan gesteros pero tan poco alegres,
raza que sólo supo
tejer banderas, raza de desfiles,
de fantasías y de dinastías,
hagamos otras señas.
No he de leer en cada palma, en cada
movimiento, como antes. No puedo ahora frenar
la rotación inmensa del abrazo
para medir su órbita
y recorrer su emocionada curva.
No, no son tiempos
de mirar con nostalgia
esa estela infinita del paso de los hombres.
Hay mucho que olvidar
y más aún que esperar. Tan silencioso
como el vuelo del búho, un gesto claro,
de sencillo bautizo,
dirá, en un aire nuevo,
su nueva significación, su nuevo
uso. Yo solo, si es posible,
pido, cuando me llegue la hora mala,
la hora de echar de menos tantos gestos queridos,
tener fuerza, encontrarlos
como quien halla un fósil
(acaso una quijada aún con el beso trémulo)
de una raza extinguida.


"Alianza y condena", 1965




Un regard, un geste,
changeront notre race. Quand ma main agit,
avec une absence totale de logique et de mesure,
mais avec une résonnance vagabonde,
et qu’elle tâtonne, cherchant
chaleur et compagnie dans cet espace
où tant d’autres
ont vibré, quel sens
cela-a-t-il ? Combien et combien de gestes
ont passé comme
un rêve matinal. Comme la
grimace familière des figures
de cartes à jouer qui ne laissent,
hormis blessure et baiser, qu’un hasard personnel.
Plus lumineux encore que la parole,
notre geste, comme elle
rongé par le temps, vieux comme la berge
du fleuve, que cela
signifie-t-il ?
Pourquoi déplace-t-il le même air le geste
du don et celui du vol,
celui qui ferme une porte et celui qui l’ouvre,
celui qui allume et celui qui éteint ?
Pourquoi se déploie-t-il pareillement le bras qui sème
et celui qui fauche,
celui de l’amour et celui du crime ?

Nous autres, si gesticulateurs mais si peu gais,
race qui n’a rien su faire
si ce n’est tisser des drapeaux, race de défilés,
de fantaisies, de dynasties,
faisons d’autres marques.
Je n’ai plus besoin de lire dans chaque main, dans chaque
mouvement, comme jadis. Je ne peux plus freiner
la rotation immense de l’étreinte
pour mesurer son orbite
et parcourir sa courbe émouvante.
Non, il est passé le temps
de jeter un regard nostalgique
sur la traînée infinie des pas de l’homme.
Il nous faut beaucoup oublier,
et plus encore espérer. Silencieux
comme le vol du hibou, un geste clair,
celui du simple baptême,
dira, sur un air nouveau,
ma nouvelle signification, son nouvel
usage. Si possible, pour moi seul
je demande, quand mon heure sera venue,
l’heure de regretter tant de gestes chers,
d’avoir la force de les trouver
comme qui trouve le fossile
(ou la mâchoire avec son vibrant baiser)
d’une race éteinte.


Traduction : Claude de Frayssinet, 1995




Autres textes du même auteur :

Como el son de las hojas del álamo - Comme le bruissement des feuilles du peuplier





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