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Nocturno cuerpo - Elias Nandino (1900-1993)

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Nocturno cuerpo - Elias Nandino (1900-1993) Empty Nocturno cuerpo - Elias Nandino (1900-1993)

Message  Gil Def Jeu 18 Juil 2024 - 16:21

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Nocturno cuerpo - Elias Nandino (1900-1993) Mexiqu12

Elias NANDINO
1900-1993

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Nocturno cuerpo - Corps nocturne


Voz : José Fas Fonfría




Cuando de noche, a solas, en tinieblas,
fatigado de no sé qué fatiga
se derrumba mi cuerpo y se acomoda
en la impasible superficie oscura
que le sirve de apoyo y de mortaja,
yo me tiendo también y me limito
al inerme contorno que me entrega,
a la isla de olvido en que se olvida.  

Separado de él y en él hundido
recuerdo que lo llevo todo el día
como cárcel de fiebre que me oprime,
como labios que dicen otras frases,
como instinto que burla mis deseos
o acciones desligadas de mi fuerza;
pero al mirarlo así, rendido fardo
indiferente en su actitud de piedra,
tigre de bronce, charco de silencio,
columna de cinismo derribada,
ciega figura en su lección de muerte:
yo lo percibo como carne intrusa
como dolencia de una llaga ajena,
cómplice de un destino que no entiendo,
mudez que no lesiona mi palabra,
verdugo en anestesia secuestrado.  

Y por eso al sentirme dividido
y a la vez por su molde aprisionado,
analizo, sospecho, reflexiono
que sus muros endebles que me cercan
son fuego en orfandad, tierra robada,
agua sujeta en venas sumergidas
y aire sin aire arrebatado al aire;
que soy un prisionero de elementos
en honda combustión, que están buscando
fundir los eslabones que los unen
para volver a la pureza intacta
del sitio universal donde eran libres:
la tierra pide su reposo en tierra,
el aire, su acrobacia transparente;
el fuego, la delicia de su llama;
y el agua: la blancura de su hielo,
su cauce, o el prodigio de ser nube.  

Al lado de él, alado y enraizado,
lo toco, lo examino desde adentro:
interior de una iglesia ensangrentada,
góticos arcos, junglas musculares,
entretejida pulsación de yedras,
laberinto de lumbre de amapolas
y entraña de una cripta en que se esconde
el numérico albor del esqueleto.  

Y yo en medio de juez y de culpable,
de rebelde invasor y de invadido,
de mirar que descubre y se descubre,
de unidad que contempla sus facciones,
de pregunta privada de respuesta,
de espectador que sufre en propia carne
el corporal desgaste de que brotan
sus crecientes acopios de agonía.  

Si soy su dueño ¡por qué lo palpo extraño,
despegado de mí -sombra de un árbol-,
corteza sofocante de mi angustia,
vendaje que me oculta, ademe frágil,
imán que me atesora y me difunde,
materia que yo arrastro y que me arrastra?  

Y estoy en él, presente, inevitable,
unido en el monólogo y la espera,
crecido en su reverso, y denunciado
por sus manos, sus ojos, sus pasiones,
la quemante ansiedad de sus delirios,
las brumas de sus tiempos de zozobra
y los relámpagos de su alegría.  

De dentro a afuera, de raíz a ramas,
presiono, me sublevo, abro mis fuerzas
para cavar, para acabar los muros
que viven de tenerme prisionero;
pero un amor me nace y me detiene,
un fanatismo de vital amparo,
el apego del ánima y las células,
la intimidad de forma y contenido
acoplando sus ciegas superficies;
y me quedo conforme, sosegado
a la ajustada cárcel que me cubre
para seguir formando el mundo en fiebre
por el que siento que en verdad existo.  

Agua, tierra, fuego y aire, en continua
aspersión de sus químicos halagos,
inmersos en la furia de sus hambres,
en escondida trabazón de empujes,
mandando y succionado sus mareas,
haciendo y deshaciendo lo que se inician,
comiéndose a sí mismos, recreando
el desnudo valor de su estructura
en pugnas, atracciones y repechos,
porque quieren, anhelan, buscan, labran
la persistente acción que les devuelva
el vuelo original que poseían.  

Esta unión de elementos, este nido
de físicas batallas, de incesantes
reacciones, es mi solo respaldo,
el trágico venero de la fuerza
que me sostiene aún hablando a solas.






Quand, la nuit, seul, dans les ténèbres,
fatigué de je ne sais quel épuisement
mon corps s’effondre et s’accommode
à l’impassible surface obscure
qui lui sert d’appui et de linceul,
je m’étends aussi et je me limite
au contour désarmé qui me livre
à l’île de l’oubli où l’on se perd.

Séparé de lui et fondu en lui,
je me souviens que je le porte tout le jour
comme prison de fièvre qui m’opprime,
comme lèvres qui tiennent d’autres discours,
comme instinct qui se moque de mes désirs
ou actions déliées de ma force ;
mais à le regarder ainsi, sans le distinguer,
indifférent dans son attitude de pierre,
tigre de bronze, mare de silence,
colonne de cynisme abattue,
figure aveugle dans sa leçon de mort :
je le vois comme une chair intruse,
comme mal d’une plaie étrangère,
complice d’un destin que je ne comprends pas,
mutisme qui n’atteint pas ma parole,
bourreau dans l’anesthésie séquestré.

Et pour cela à me sentir divisé de lui,
et à la fois de son moule prisonnier,
j’analyse, je doute, je réfléchis
que ses murs chétifs qui me cernent
sont flamme orpheline, terre spoliée,
eau assujettie à des veines submergées,
et humeur sans air arraché au vent ;
je suis prisonnier d’éléments
en combustion profonde qui cherchent
à fondre les maillons qui les unissent
afin de retrouver la pureté intacte
du lieu universel où ils étaient libres :
la terre demande son repos à la terre,
l’air, son acrobatie diaphane,
le feu, le délice de sa flamme,
et l’eau, la blancheur de son givre,
sa voie ou le prodige d’être nuage.

A son côté, ailé mais enraciné,
je le touche, je l’examine du dedans :
intérieur d’une église ensanglantée,
arcs gothiques, jungles musculaires,
pulsion entrelacée de lierres,
labyrinthe de clarté, de coquelicots,
entrailles de cryptes où se dissimule
la numérique blancheur du squelette.

Et moi, en plein milieu, juge et coupable,
envahisseur rebelle et envahi,
voir qui découvre et se découvre,
unité qui contemple ses parties,
questionnement privé de réponse,
spectateur qui souffre en son propre sang,
usure corporelle de qui lui viennent
ses réserves croissantes d’agonie.

Si je suis son maître, pourquoi le toucher étrange ?
Détaché de moi, ombre d’un arbre,
écorce suffocante de mon angoisse,
pansement qui me dissimule, étaie fragile,
aimant qui me réunit et me diffuse,
matière que je porte et qui m’emporte.

Et je suis en lui, présent inévitable,
uni dans le monologue de et l’attente,
grandi malgré lui et trahi
par ses mains, ses yeux, ses passions,
la brûlante angoisse de ses délires,
la brume de ses moments de naufrage
et les éclairs de son allégresse.

Du dedans au dehors, de la racine au faîte,
je m’appuie, je me soulève, je largue mes forces
pour creuser, pour terminer les murs
qui survivent de me garder prisonnier ;
las, un amour naît en moi et me retient,
un fanatisme du refuge vital
l’attachement de l’âme et des cellules,
l’intimité de la forme et du fond,
accouplant leurs aveugles surfaces ;
et je me résigne, paisible
dans la prison ajustée qui m’épouse
afin de continuer de former le nœud de fièvre
par lequel je sais qu’en vérité je suis.

Eau, terre, feu et air, en continuelle
aspersion de leurs cajoleries chimiques
immergés dans la fougue de leurs appétits,
dans un enchaînement caché d’élans,
ordonnant et aspirant leurs limites,
faisant et défaisant ce qu’ils tracent,
se dévorant eux-mêmes, recréant
la seule valeur de leur structure
en oppositions, attirances et obstacles
parce qu’ils aiment, désirent, cherchent, bâtissent
l’agir persistant qui les rend
à leur forme d’origine.

Cette unité d’éléments, ce nid
de luttes physiques, d’incessantes
réactions, est mon seul appui,
la source tragique de la force
qui me soutient au fond de mes soliloques.


Traduction : Nicole Martel, 2009




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