Los días van tan rápidos - Gonzalo Rojas (1917-2011)
COUPS DE COEUR POETIQUES :: QUAND LA POESIE PASSE LES FRONTIERES :: POEMES DE LANGUE ETRANGERE - ESPAGNOL
Page 1 sur 1
Los días van tan rápidos - Gonzalo Rojas (1917-2011)
Los días van tan rápidos - Les jours vont si rapides
Voz : Andrés Toro
Voz : Andrés Toro
Los días van tan rápidos en la corriente oscura que toda salvación se me reduce apenas a respirar profundo para que el aire dure en mis pulmones una semana más, los días van tan rápidos al invisible océano que ya no tengo sangre donde nadar seguro y me voy convirtiendo en un pescado más, con mis espinas. Vuelvo a mi origen, voy hacia mi origen, no me espera nadie allá, voy corriendo a la materna hondura donde termina el hueso, me voy a mi semilla, porque está escrito que esto se cumpla en las estrellas y en el pobre gusano que soy, con mis semanas y los meses gozosos que espero todavía. Uno está aquí y no sabe que ya no está, dan ganas de reírse de haber entrado en este juego delirante, pero el espejo cruel te lo descifra un día y palideces y haces como que no lo crees, como que no lo escuchas, mi hermano, y es tu propio sollozo allá en el fondo. Si eres mujer te pones la máscara más bella para engañarte, si eres varón pones más duro el esqueleto, pero por dentro es otra cosa, y no hay nada, no hay nadie, sino tú mismo en esto: así es que lo mejor es ver claro el peligro. Estemos preparados. Quedémonos desnudos con lo que somos, pero quememos, no pudramos lo que somos. Ardamos. Respiremos sin miedo. Despertemos a la gran realidad de estar naciendo ahora, y en la última hora. | Les jours vont si rapides dans le courant obscur que tout salut pour moi se réduit à peine à respirer profond pour que l’air dure dans mes poumons une semaine de plus, les jours vont si rapides vers l’invisible océan que je n’ai plus de sang où nager en sécurité et je deviens peu à peu un poisson de plus, avec mes arêtes. Je reviens à mon origine, je vais vers mon origine, personne ne m’attend là-bas, je cours vers le gouffre maternel où l’os se termine, je vais vers ma semence, car il est écrit que cela s’accomplira dans les étoiles et dans le pauvre ver que je suis, avec mes semaines et les mois de plaisir que j’espère encore. On est ici et on ne sait pas qu’on y est plus, c’est ridicule d’être entré dans ce jeu délirant, mais le miroir cruel te l’explique un jour et tu pâlis et tu fais comme si tu n’y croyais pas, comme si tu ne l’entendais pas, mon frère, et c’est ton propre sanglot là-bas au fond. Si tu es femme, tu mets le plus beau masque pour te leurrer, si tu es homme, tu durcis le squelette, mais au-dedans c’est autre chose, il n’y a rien, il n’y a personne, sinon toi-même dans tout cela : il vaut donc mieux voir clairement le danger. Soyons prêts. Restons nus tels que nous sommes, mais brûlons, ne pourrissons pas ce que nous sommes. Flambons. Respirons sans crainte. Éveillons-nous à la grande réalité d’être en train de naître à présent et jusqu’à la dernière heure. Traduction : Fabienne Bradu, 2013 |
Autres textes du même auteur : Contra la muerte - Contre la mort ¿Que se ama cuando se ama? - Qu’aime-t-on quand on aime ? |
_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
-
Nombre de messages : 6861
Age : 75
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007
COUPS DE COEUR POETIQUES :: QUAND LA POESIE PASSE LES FRONTIERES :: POEMES DE LANGUE ETRANGERE - ESPAGNOL
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|