Biografía de un hombre con miedo - Piedad Bonnett (1951-....)
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Biografía de un hombre con miedo - Piedad Bonnett (1951-....)
Biografía de un hombre con miedo - Biographie d'un homme avec sa peur
Voz : Piedad Bonnett
Voz : Piedad Bonnett
Mi padre tuvo pronto miedo de haber nacido. Pero pronto también le recordaron los deberes de un hombre y le enseñaron a rezar, a ahorrar, a trabajar. Así que pronto fue mi padre un hombre bueno. (“Un hombre de verdad”, diría mi abuelo). No obstante, -como un perro que gime, embozalado y amarrado a su estaca- el miedo persistía en el lugar más hondo de mi padre. De mi padre, que de niño tuvo los ojos tristes y de viejo unas manos tan graves y tan limpias como el silencio de las madrugadas. Y siempre, siempre, un aire de hombre solo. De tal modo que cuando yo nací me dio mi padre todo lo que su corazón desorientado sabía dar. Y entre ello se contaba el regalo amoroso de su miedo. Como un hombre de bien mi padre trabajó cada mañana, sorteó cada noche y cuando pudo se compró a cuotas la pequeña muerte que siempre deseó. La fue pagando rigurosamente, sin sobresalto alguno, año tras año, como un hombre de bien, el bueno de mi padre. "El hilo de los días", 1995 | Mon père a rapidement eu peur d’être né. Mais très vite aussi ils lui rappelèrent les devoirs d’un homme et lui apprirent à prier, à économiser, à travailler. Très vite, mon père devint un homme bon. ("Un vrai homme", disait mon grand-père.) Pourtant, comme un chien gémissant, masqué et attaché à son poteau, la peur persistait dans les recoins les plus profonds de mon père. De mon père, qui, enfant, avait les yeux tristes et aussi vieux avec des mains aussi sérieuses et aussi propres que le silence des petits matins. Et toujours, toujours, un air d’homme solitaire. Alors, quand je suis née, mon père m’a donné tout ce que son cœur désorienté savait donner. Et parmi celles-ci, il y avait le don affectueux de sa peur. En brave homme, mon père travaillait tous les matins, tirait au sort tous les soirs et quand il le pouvait, il achetait en plusieurs fois la petite mort qu’il avait toujours voulue Il la payait rigoureusement, sans aucune surprise, année après année, comme un brave homme, bon vieux mon père. Traduction : --- |
Autres textes du même auteur : Las cicatrices - Les cicatrices |
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Gil Def- Admin
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