El otoño - Luis Felipe Vivanco (1907-1975)
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El otoño - Luis Felipe Vivanco (1907-1975)
El otoño - L'automne
Voz : Tomás Galindo
1. No le nombramos nunca. No hace falta nombrarle cuando avanza el otoño: sus grandes nubes bajas, sus cielos y horizontes húmedos, en tardanza labradora, los plátanos cobrizos de las calles, los charcos en el suelo y las mal trajeadas mujeres del tranvía. No hace falta nombrarle. Aunque el campo esté lejos, sus grandes nubes bajas nos traen los paisajes anchos, vividos, nuestros, nuestra diaria vereda de aislamiento amoroso. Rocas de musgo y alba junto al crecido arroyo. Encinares quebrándose mansamente hacia el río. Los negrillos. Los finos dibujos de los surcos. La tapia y los frutales del huerto, donde flota matinal en la niebla la oración de las monjas. Los trenes y sus largos silbidos. No hace falta nombrarle. Está en el mundo. 2. Sabemos que está aquí, dorando las distancias mirando, caminando su cosecha, dejándola bien crecida y andada: olas constantes sobre un rumor de antiguas letanías. Sabemos que está aquí, donde todas las fechas tienen pausa de islotes que escuchan, apagados, la espuma del naufragio, donde todas las fechas tienen algo de esa barca sin remos, tan lejos de la orilla… Sabemos que está aquí, donde todos los rostros mezclan lentas arrugas, donde los brazos, sueltos, se apartan de sus cuerpos, donde ya no hay miradas, ni mejillas, ni labios, sino un rescoldo gris de noviembre, enfriándose. 3. Sabemos de aquel carro que ha volcado en la noche, de aquel monte y sus rojas hogueras de pastores, del color de la tierra con disparos de otoño, del frío y la humedad, cuando la tarde moja su cuerpo herido entre los tallos del mimbreral. Sabemos de las jaras ahumadas y las manos del guarda que, una vez destripados los conejos, se ausentan patriarcales y encienden, ahuecadas, su negro cigarro, sin nombrarle.) 4. Aunque el campo esté lejos, amor es fuego. El fuego se enciende por las tardes, dura toda la noche. El fuego son imágenes, silenciosos viajes… Desde la lluvia oblicua de la acera miramos las estampas y pasamos las páginas del fuego solitario: sus llamas interiores. Prontos obedeceres: las luces que se encienden en las calles estrechas, y en los pisos cerrados las fugas en los juegos de los niños que han vuelto del colegio. 5. Se alargan los crepúsculos, los senderos, el viento. No hace falta nombrarle. Por un lado, aprendemos a olvidar, y por otro somos como los niños aunque tanta experiencia sin querer nos ha hecho un poco menos tristes ). No estamos embriagados. (Debiéramos estarlo?) No decimos blasfemias. (Debiéramos decirlas ?) Y la Muerte? Su heroica figura nos convence, nos lleva de la mano… pero sabemos poco de morir, y salimos de las estrellas falsas. Dentro, había una sombra buena, había una esposa y un hijo que se espera tal vez, y se le espera dibujando, cosiendo, cuando avanza el otoño. No hace falta nombrarle tampoco. Envejecemos, somos como los niños: los niños solitarios viajando junto al fuego tardes, noches enteras de amor envejecido. (Y morir es lo último de todo.) Estamos vivos locamente abrazados en la vida y el sueño (aunque haya tanta muerte contagiosa en el mundo.) | 1. Nous ne le nommons jamais. Inutile de le mentionner quand avance l'automne: ses grands nuages bas, ses ciels et ses horizons humides, dans le tardif travail du sol, les platanes cuivrés dans les rues les flaques d’eau sur le sol et mal taillées les femmes dans le tramway. Il n’est pas nécessaire de le nommer. Bien que la campagne soit loin, ses grands nuages bas nous apportent les paysages vastes, habités, les nôtres, notre chemin quotidien d’isolement amoureux. Des roches de mousse et l’aube à côté du ruisseau en crue. Des chênaies vertes se brisent doucement vers la rivière. Les petits noirs. Les beaux dessins des rainures. Le mur et les arbres fruitiers du verger, où flotte le matin dans le brouillard la prière des religieuses Les trains et leurs longs sifflets. Il n’est pas nécessaire de le nommer. C’est dans le monde. 2. Nous savons qu’il est ici, dorant les distances, regardant, promenant sa moisson, la laissant bien cultivée et promenée : vagues constantes sur un murmure d’anciennes litanies. Nous savons que c’est ici, où toutes les dattes ont une pause d’îlots qui écoutent, étouffées, l’écume du naufrage, où toutes les dattes ont quelque chose de ce bateau sans rames, si loin du rivage... Nous savons que c’est ici, où tous les visages se mêlent de lentes rides, où les bras, relâchés, se séparent de leurs corps, où il n’y a plus de regards, ni joues, ni lèvres, mais une braise grise de novembre, qui se rafraîchit. 3. Nous connaissons ce char qui a versé dans la nuit, cette montagne et ses rouges feux de bergers, la couleur de la terre avec les coups d’automne, le froid et l’humidité, quand l’après-midi mouille son corps blessé parmi les tiges de l'osier. Nous savons des cistes fumés et les mains du garde qui, une fois, les lapins éviscérés, s'absentent patriarcales et allument creuses, leur cigare noir sans le nommer.) 4. Bien que le champ soit loin, l’amour est feu. Le feu s'allume l’après-midi, il dure toute la nuit. Le feu, c’est des images, des voyages silencieux... De la pluie oblique du trottoir, nous regardons les images et tournons les pages du feu solitaire : ses flammes intérieures. Prompts à obéir : les lumières qui s’allument dans les rues étroites, et dans les appartements fermés les fuites dans les jeux des enfants qui sont rentrés de l’école. 5. S'allongent les crépuscules, les chemins, le vent Il n’est pas nécessaire de le nommer. D’un côté, nous apprenons à oublier, et de l’autre nous sommes comme des enfants même si nous avons tant d’expérience involontairement nous sommes rendus un peu moins tristes). Nous ne sommes pas en état d’ébriété. (Devrions-nous l’être ?) Nous ne disons pas desblasphèmes. (Faut-il les dire ?) Et la mort ? Son héroïque figure nous convainc, nous prend par la main... Mais nous savons peu pour mourir, et nous sortons des fausses étoiles. À l’intérieur, il y avait une ombre bonne, il y avait une épouse et un enfant qu'on attend peut-être, et on l'’attend dessinant, cousant, quand l’automne avance. Il n’est pas nécessaire de le nommer non plus. Nous vieillissons, nous sommes comme des enfants : des enfants solitaires voyageant au coin du feu des soirées, des nuits entières d’amour vieilli. (Et mourir est la dernière chose de toutes.) Nous sommes vivants, follement embrassés dans la vie et le sommeil (même s’il y a tant de morts contagieuses dans le monde).. Traduction : ---- |
Autres textes du même auteur : El descampado - Le terrain vague |
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Gil Def- Admin
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