El descampado - Luis Felipe Vivanco (1907-1975)
COUPS DE COEUR POETIQUES :: QUAND LA POESIE PASSE LES FRONTIERES :: POEMES DE LANGUE ETRANGERE - ESPAGNOL
Page 1 sur 1
El descampado - Luis Felipe Vivanco (1907-1975)
El descampado - Le terrain vague
Voz : Tomás Galindo
Tú estás en ese taxi parado, sí, eres Tú -un bulto en el crepúsculo- junto al bordillo blanco donde se acaba el campo de enfrente o descampado. Lo sé, aunque no te he visto (y aunque dentro del taxi no hay nadie). Está lloviendo con fuerza. Está empezando a oler en la ciudad a campo de muy lejos… Y tú estás en el taxi como en una capilla que fuera entre las hazas ermita solitaria. (Lo sé, porque esos trigos que se iluminan, lejos…, y ese río parado, con sus aguas crecidas de pronto…) Llueve fuerte y estás dentro del taxi (tal vez junto a ese chofer fatigado al volante). Sé que dentro del taxi no hay nadie, pero huele a lluvia de muy lejos. Suena esa lluvia. Y pienso sin ganas: ser poeta, suspender en el aire laborioso de un día y otro día unas pocas palabras necesarias, y quitarse de en medio. Porque uno -su difícil vivir- ya no hace falta si quedan las palabras. Ser poeta: orientarse, como esa luz dudosa cruzando el descampado y en vez de una existencia brillante, tener alma. Por eso, algo me quito de en medio: estoy viviendo como un taxi parado junto al bordillo blanco (y hay un cerco de alegres sonrisas y de manos fieles a sus celestes contactos en la sombra). Porque Tú, el más activo -y el más ocioso- estabas aquí, junto al farol de luz verde en la noche. Tú, sin libros; Tú, libre con brazos, con miradas, estabas sin testigos y medías -ocioso- mis pasos por mi cuarto (donde caben mis años). Y los trigos en éxtasis de Castilla la Vieja, los ríos llameantes con sus aguas crecidas, seguían a lo lejos relevándote (mientras detrás de mis cristales aparece el retraso de ese barro, esos charcos del ancho descampado, ¡yo también descampado, desterrado del campo!) | Tu es dans ce taxi arrêté, oui, tu es Toi – une bosse dans le crépuscule – à côté du trottoir blanc où se termine le champ d'en face ou terrain vague. Je le sais, même si je ne t’ai pas vu (et même si dans le taxi il n’y a personne). Il pleut avec force. Ça commence à sentir dans la ville, dans la campagne, au loin... Et tu es dans le taxi, comme dans une chapelle qui fut, parmi les manigances, un ermitage solitaire. (Je le sais, parce que ces blés qui s’allument, au loin..., et cette rivière arrêtée, avec ses eaux gonflées soudainement ) Il pleut fort et tu es à l’intérieur du taxi (peut-être à côté de ce chauffeur fatigué au volant). Je sais que dans le taxi il n’y a personne, mais il sent la pluie de loin. Cette pluie sonne. Et je pense sans envie : être poète, suspendre dans l’air laborieux d’un jour et un autre jour quelques mots nécessaires, et s'écarter du chemin. Parce que - sa vie difficile - il n’y en a plus besoin si les mots restent. Être poète : s’orienter, comme cette lumière douteuse traversant le terrain vague et au lieu d’une existence brillante, avoir une âme. C’est pourquoi quelque chose m’écarta du chemin : je suis vivant comme un taxi arrêté à côté du trottoir blanc (et il y a une clôture de sourires joyeux et de mains fidèles à leurs contacts célestes dans l’ombre). Parce que Toi, le plus actif – et le plus oisif – étais ici, près de la lanterne de lumière verte dans la nuit. Toi, sans livres ; Toi, libre de bras, de regards, tu étais sans témoins et tu mesurais -paresseusement- mes pas dans ma chambre (où correspondent mes années). Et les blés en extase de la Vieille-Castille, les fleuves flamboyants aux eaux gonflées, continuaient au loin te soulageant (tandis que derrière mes fenêtres apparaît le retard de cette boue, ces flaques d’eau d'un vaste terrain vague, moi aussi terrain vague, banni de la campagne !) Traduction : ---- |
Autres textes du même auteur : El otoño - L'automne |
_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
-
Nombre de messages : 6854
Age : 75
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007
COUPS DE COEUR POETIQUES :: QUAND LA POESIE PASSE LES FRONTIERES :: POEMES DE LANGUE ETRANGERE - ESPAGNOL
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|