Más palabras mías - Carmen Soler (1925-1984)
COUPS DE COEUR POETIQUES :: QUAND LA POESIE PASSE LES FRONTIERES :: POEMES DE LANGUE ETRANGERE - ESPAGNOL
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Más palabras mías - Carmen Soler (1925-1984)
Carmen SOLER 1925-1984 |
Más palabras mías - Plus de mes mots
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Perdonadme, amigos literatos, mis queridos amigos académicos, perdonadme. No seguí la «carrera» de poeta. Crecí nomás con esta vocación de recoger calandrias, pero nunca supe amaestrarlas. Son incultas, no hacen reverencias. Son salvajes, no pulen sus violines. Son sencillas, no se adornan con plumas alquiladas. Por eso, perdonadlas, su canto ineducado es vivo e imperfecto. ¿Qué voy a hacer? Si recojo palabras de agonía no me fijo si suenan musicales, y si encuentro esperanzas, las reparto, por más que no posean las medidas exactas. Entonces, ¡dejadme así! Dejadme allí, en las calles, con ellos, los sencillos. Que Juan, María y Pedro repitan mis canciones, las lleven al mercado, las metan en las fábricas, las manden al obraje. Dejad que las repitan ahora y mientras tanto les sean necesarias. Después, mañana, pronto, las habrán olvidado. Y está bien así. Por eso, perdonadme. Perdonadme que en medio del combate, que en medio de las cárceles, que en medio de las bestias que torturan, que en medio de la noche y su acechanza, que en medio de las víctimas y el miedo, que en medio de la mugre y la vergüenza, que en medio de la pólvora y el fuego, que en medio del hambre y los lamentos, y en medio de este mundo dislocado, a veces pierda el ritmo y no cuente con los dedos cada verso! No tiene eso remedio. ¡No sé medir la sangre ¡No sé contar las lágrimas! ¡No sé rimar el llanto! | Pardonnez-moi, amis littéraires, mes chers amis universitaires, pardonnez-moi. Je n’ai pas poursuivi la "carrière" de poète. J’ai grandi avec cette vocation de collectionner les calandres, mais jamais je n’ai su les maîtriser. Elles sont incultes, ne s’inclinent pas. Elles sont sauvages, ne polissent pas leurs violons. Elles sont simples, Ne sont pas ornées de plumes louées. Par conséquent, pardonnez-leur, leur chant inculte est vif et imparfait. Qu’est-ce que je vais faire? Si je capte des mots d’agonie je ne remarque pas s’ils sonnent musicaux, et si je trouve de l’espoir, je les distribue même s’ils n’ont pas les mesures exactes. Alors l laissez-moi ainsi ! Laissez-moi là, dans les rues, avec eux, les simples. Que Juan, María et Pedro répètent mes chansons, les emmènent au marché, les mettent dans les usines, les envoient à l’atelier. Qu’ils les répètent maintenant, et tant qu'ils sont nécessaires. Puis, demain, bientôt, ils les auront oubliés. Et c’est bien ainsi Par conséquent, pardonnez-moi. Pardonne-moi qu’au milieu des combats, au milieu des prisons, au milieu des bêtes qui torturent, au milieu de la nuit et de son harcèlement, au milieu des victimes et de la peur, au milieu de la saleté et de la honte, au milieu de la poudre à canon et du feu, au milieu de la faim et des lamentations, et au milieu de ce monde disloqué, parfois je perds le rythme et ne compte pas sur les doigts chaque vers! Je n’ai aucun recours. Je ne sais mesurer le sang Je ne sais compter les larmes ! Je ne sais rimer les pleurs ! Traduction : ---- |
Autres textes du même auteur : Penas encimadas - Peines superposées |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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