Malos recuerdos - Antonio Gamoneda (1931-....)
COUPS DE COEUR POETIQUES :: QUAND LA POESIE PASSE LES FRONTIERES :: POEMES DE LANGUE ETRANGERE - ESPAGNOL
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Malos recuerdos - Antonio Gamoneda (1931-....)
Malos recuerdos - Mauvais souvenirs
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La vergüenza es un sentimiento revolucionario Karl Marx Llevo colgados de mi corazón los ojos de una perra y, más abajo, una carta de madre campesina. Cuando yo tenía doce años, algunos días, al anochecer, llevábamos al sótano a una perra sucia y pequeña. Con un cable le dábamos y luego con las astillas y los hierros. (Era así. Era así. Ella gemía, se arrastraba pidiendo, se orinaba, y nosotros la colgábamos para pegar mejor). Aquella perra iba con nosotros a las praderas y los cuestos. Era veloz y nos amaba. Cuando yo tenía quince años, un día, no sé cómo, llegó a mí un sobre con la carta de un soldado. Le escribía su madre. No recuerdo: «¿Cuándo vienes? Tu hermana no me habla. No te puedo mandar ningún dinero…» Y, en el sobre, doblados, cinco sellos y papel de fumar para su hijo. «Tu madre que te quiere.» No recuerdo el nombre de la madre del soldado. Aquella carta no llegó a su destino: yo robé al soldado su papel de fumar y rompí las palabras que decían el nombre de su madre. Mi vergüenza es tan grande como mi cuerpo, pero aunque tuviese el tamaño de la tierra no podría volver y despegar el cable de aquel vientre ni enviar la carta del soldado. "Blues castellano", 1982 | La honte est un sentiment révolutionnaire Karl Marx Je porte à mon coeur pendus les yeux d’une chienne et, plus bas, une lettre de mère paysanne. Quand j’avais douze ans, un jour, à la tombée de la nuit, nous emmenâmes à la cave une chienne sale et petite. Avec un câble nous la maltraitâmes et aussi avec des échardes et des fers. (C’était ainsi. C’était ainsi. Elle gémissait, elle se traînait suppliante, elle urinait, et nous la pendions pour mieux la maltraiter). Cette chienne venait avec nous aux pâturages et sur les coteaux. Elle courait vite et nous aimait. Quand j’avais quinze ans, un jour, je ne sais pas comment, parvint à moi une enveloppe avec une lettre pour un soldat. Sa mère lui écrivait. Je ne sais plus: “Quand reviens-tu ? Ta soeur ne me parle pas. Je ne puis t’envoyer d’argent… “ Et, dans l’enveloppe, il y avait, cinq timbres pliés et du papier à cigarettes pour son fils. “Ta mère qui t’aime.” Je ne me souviens pas du nom de la mère du soldat. Cette lettre n’est pas arrivée à sa destination : j’ai volé au soldat son papier à cigarettes et j’ai déchiré les mots qui disaient le nom de la mère. Ma honte est aussi grande que mon corps, mais serait-elle aussi vaste que la terre je ne pourrais pas retourner pour détacher le câble de ce ventre ni envoyer la lettre au soldat. Traduction : Jacques Ancet., 2004 |
Autres textes du même auteur : Caigo sobre unas manos - Je tombe sur des mains Existían tus manos - Il existait tes mains |
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Gil Def- Admin
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