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Ciudad - Álvaro Mutis (1923-2013)

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Message  Gil Def Dim 4 Aoû - 13:18

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Álvaro MUTIS
1923-2013

Ciudad - Álvaro Mutis (1923-2013) Alvaro-mutis-1-1



Ciudad  - Ville


Voz : Mercedes Pérez




Un llanto
un llanto de mujer
interminable,
sosegado,
casi tranquilo.
En la noche, un llanto de mujer me ha despertado.
Primero un ruido de cerradura,
después unos pies que vacilan
y luego, de pronto, el llanto.
Suspiros intermitentes
como caídos de un agua interior,
densa,
imperiosa,
inagotable,
como esclusa que acumula y libera sus aguas
o como hélice secreta
que detiene y reanuda su trabajo
trasegando el blanco tiempo de la noche.
Toda la ciudad se ha ido llenando de este llanto,
hasta los solares donde se amontonan las basuras,
bajo las cúpulas de los hospitales,
sobre las terrazas del verano,
en las discretas celdas de la prostitución,
en los papeles que se deslizan por solitarias avenidas,
con el tibio vaho de ciertas cocinas militares,
en las medallas que reposan en joyeros de teca,
un llanto de mujer que ha llorado largamente
en el cuarto vecino,
por todos los que cavan su tumba en el sueño,
por los que vigilan la mina del tiempo,
por mí que lo escucho
sin conocer otra cosa
que su frágil rodar por la intemperie
persiguiendo las calladas arenas del alba.


"Los trabajos perdidos"




un cri
un cri de femme
sans fin,
calme,
presque tranquille.
Dans la nuit, un cri de femme m'a réveillé.
D'abord un bruit de serrure,
puis des pieds qui vacillent
et puis, tout à coup, un cri.
Soupirs intermittents
comme tombés d'une eau intérieure,
dense,
impérieuse,
inépuisable,
comme une écluse qui accumule et libère ses eaux
ou comme une hélice secrète
qui s'arrête et reprend son travail
en passant par le temps blanc de la nuit.
La ville entière a été remplie de ce cri,
sur les terrains où s'entassent les détritus,
sous les dômes des hôpitaux,
sur les terrasses d'été,
dans les cellules discrètes de la prostitution,
dans les journaux qui glissent dans les avenues solitaires,
avec la vapeur chaude de certaines cuisines militaires,
dans les médailles qui reposent dans des coffrets à bijoux en teck,
un cri de femme qui pleure depuis longtemps
dans la pièce voisine,
pour tous ceux qui creusent leur tombe dans le sommeil,
pour ceux qui gardent la mine du temps,
pour moi qui l'entends
sans rien savoir d'autre
que ce fragile rouler à travers les éléments
À la poursuite des sables mouvants silencieux de l'aube.


Traduction : ---




Autres textes du même auteur :

Canción del este  - Chanson de l’est
Nocturno 3 - Nocturne 3






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Gil Def
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