De aquí a la eternidad - Jaime Gil de Biedma (1929-1990)
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De aquí a la eternidad - Jaime Gil de Biedma (1929-1990)
De aquí a la eternidad - Tant qu'il y aura des hommes
Voz : Tomás Galindo
Lo primero, sin duda, es este ensanchamiento de la respiración, casi angustioso. y la especial sonoridad del aire, como una gran campana en el vacío, acercándome olores de jara de la sierra, más perfumados por la lejanía, y de tantos veranos juntos de mi niñez. Luego está la glorieta preliminar, con su pequeño intento de jardín, mundo abreviado, renovado y puro sin demasiada convicción, y al fondo la previsible estatua y el pórtico de acceso a la magnífica avenida, a la famosa capital. Y la vida, que adquiere carácter panorámico, inmensidad de instante también casi angustioso -como de amanecer en campamento o portal de belén-, la vida va espaciándose otra vez bajo el cielo enrarecido mientras que aceleramos. Porque hay siempre algo más, algo espectral como invisiblemente sustraído, y sin embargo verdadero. Yo pienso en zonas lívidas, en calles o en caminos perdidos hacia pueblos a lo lejos, igual que en un belén, y vuelvo a ver esquinas de ladrillo injuriado y pasos a nivel solitarios, y miradas asomándose a vernos, figuras diminutas que se quedan atrás para siempre, en la memoria como peones camineros. Y esto es todo, quizás. Alrededor se ciernen las fachadas, y hay gentes en la acera frente al primer semáforo. | La première chose, sans doute, c’est cet élargissement du souffle, presque angoissé. et la sonorité particulière de l’air, comme une grande cloche dans le vide, m’apportant les odeurs de ciste des montagnes, plus parfumées par la distance, et de tant d’étés ensemble de mon enfance. Puis il y a la gloriette préliminaire, avec sa petite tentative de jardin, un monde abrégé, rénové et pur sans conviction démesurée, et en arrière-plan la statue prévisible et le portique d’accès à la magnifique avenue, à la célèbre capitale. Et la vie, qui acquiert un caractère panoramique, l’immensité d’un instant qui est aussi presque angoissé – comme l’aube dans un camp ou le portail d’une crèche – la vie s’étale à nouveau sous le ciel raréfié à mesure que nous accélérons. Car il y a toujours quelque chose de plus, quelque chose de spectral, comme soustrait invisiblement, et pourtant vrai. Je pense à des zones livides, à des rues ou à des routes perdues vers des villages au loin, comme dans une crèche, et je revois des coins de brique vilipendée et des passages à niveau solitaires, et des regards se montrant pour nous voir, de minuscules silhouettes qui sont laissées derrière pour toujours, dans la mémoire comme des ouvriers de la route. Et c’est tout, peut-être. Autour se profilent les façades, et il y a des gens sur le trottoir devant le premier feu de circulation. Traduction : ---- |
Autres textes du même auteur : Albada - Aubade Contra Jaime Gil de Biedma - Contre Jaime Gil de Biedma No volveré a ser joven - Je ne serai plus jamais jeune |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
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