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Contra Jaime Gil de Biedma - Jaime Gil de Biedma (1929-1990)

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Message  Gil Def Sam 10 Aoû 2024 - 14:59

  Contra Jaime Gil de Biedma - Jaime Gil de Biedma (1929-1990) 989837  Contra Jaime Gil de Biedma - Jaime Gil de Biedma (1929-1990) 989837  Contra Jaime Gil de Biedma - Jaime Gil de Biedma (1929-1990) 989837  


Contra Jaime Gil de Biedma - Jaime Gil de Biedma (1929-1990) Espagn16

Jaime GIL de BIEDMA
1929-1990

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Contra Jaime Gil de Biedma - Contre Jaime Gil de Biedma


Voz : Jaime Gil de Biedma




De qué sirve, quisiera yo saber, cambiar de piso,
dejar atrás un sótano más negro
que mi reputación -y ya es decir-,
poner visillos blancos
y tomar criada,
renunciar a la vida de bohemio,
si vienes luego tú, pelmazo,
embarazoso huésped, memo vestido con mis trajes,
zángano de colmena, inútil, cacaseno,
con tus manos lavadas,
a comer en mi plato y a ensuciar la casa?

Te acompañan las barras de los bares
últimos de la noche, los chulos, las floristas,
las calles muertas de la madrugada
y los ascensores de luz amarilla
cuando llegas, borracho,
y te paras a verte en el espejo
la cara destruida,
con ojos todavía violentos
que no quieres cerrar. Y si te increpo,
te ríes, me recuerdas el pasado
y dices que envejezco.

Podría recordarte que ya no tienes gracia.
Que tu estilo casual y que tu desenfado
resultan truculentos
cuando se tienen más de treinta años,
y que tu encantadora
sonrisa de muchacho soñoliento
-seguro de gustar- es un resto penoso,
un intento patético.
Mientras que tú me miras con tus ojos
de verdadero huérfano, y me lloras
y me prometes ya no hacerlo.

Si no fueses tan puta!
Y si yo no supiese, hace ya tiempo,
que tú eres fuerte cuando yo soy débil
y que eres débil cuando me enfurezco…
De tus regresos guardo una impresión confusa
de pánico, de pena y descontento,
y la desesperanza
y la impaciencia y el resentimiento
de volver a sufrir, otra vez más,
la humillación imperdonable
de la excesiva intimidad.

A duras penas te llevaré a la cama,
como quien va al infierno
para dormir contigo.
Muriendo a cada paso de impotencia,
tropezando con muebles
a tientas, cruzaremos el piso
torpemente abrazados, vacilando
de alcohol y de sollozos reprimidos.
Oh, innoble servidumbre de amar seres humanos,
y la más innoble
que es amarse a sí mismo!






A quoi bon, j’aimerais bien savoir, changer d’appartement,
laisser derrière soi une cave plus noire
que ma réputation - et c’est-à-dire-,
mettre des rideaux blancs
et prendre une femme de chambre,
renoncer à la vie de bohème,
si tu viens plus tard, scélérat,
invité gênant, mémo vêtu de mes habits,
bourdon de la ruche, inutile, minable,
avec les mains lavées,
pour manger dans mon assiette et salir la maison ?

Ils t'accompagnent les bars des derniers
bars de la nuit, les proxénètes, les fleuristes,
les rues mortes du petit matin
et les ascenseurs à la lumière jaune
quand tu arrives, ivre,
et t'arrêtes pour te voir dans le miroir
le visage détruit
aux yeux toujours violents
que tu ne veux pas fermer. Et si je te réprimande,
tu ris, me rappelles le passé
et dis que je vieillis.

Cela pourrait te rappeler que tu n’es plus drôle.
Que ton style décontracté et ta nonchalance
sont truculents
quand tu as plus de trente ans,
et que ton charmant
sourire de garçon endormi
– sûr de plaire – est un vestige pitoyable,
une tentative pathétique.
Tandis que tu me regardes avec tes yeux
de vrai orphelin, et pleures pour moi
et me promets de ne plus le faire.

Si tu n’étais pas une telle salope !
Et si je ne savais pas, depuis longtemps,
que tu es fort quand je suis faible
et que tu es faible quand j'enrage...
De tes retours, je garde une impression confuse
de panique, de chagrin et de mécontentement,
et de désespoir,
d’impatience et de ressentiment
de souffrir une fois de plus
l’humiliation impardonnable
d’une intimité excessive.

Je t’emmènerai à peine au lit,
comme quelqu’un qui va en enfer
pour dormir avec toi.
Mourant à chaque pas d’impuissance,
trébuchant contre les meubles
à tâtons, nous traverserons l'appartement
en nous embrassant maladroitement, vacillant
par l’alcool et les sanglots refoulés.
Ô ignoble servitude d’aimer les êtres humains,
et la plus ignoble
qui est de s’aimer soi-même !


Traduction : ----




Autres textes du même auteur :

Albada - Aubade
De aquí a la eternidad - Tant qu'il y aura des hommes
No volveré a ser joven - Je ne serai plus jamais jeune






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Gil Def
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