COUPS DE COEUR POETIQUES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Sortie PlayStation 5 Pro : où précommander la console PS5 Pro ?
Voir le deal

Digging - Seamus Heaney (1939–2013)

Aller en bas

Digging - Seamus Heaney (1939–2013) Empty Digging - Seamus Heaney (1939–2013)

Message  Gil Def Ven 23 Aoû - 14:47

  Digging - Seamus Heaney (1939–2013) 989837  Digging - Seamus Heaney (1939–2013) 989837  Digging - Seamus Heaney (1939–2013) 989837  


Digging - Seamus Heaney (1939–2013) Irland10

Seamus HEANEY
1939-2013

Digging - Seamus Heaney (1939–2013) Seamus_Heaney_Photograph_Edit



Digging -  Bêcher




Between my finger and my thumb  
The squat pen rests; snug as a gun.

Under my window, a clean rasping sound  
When the spade sinks into gravelly ground:  
My father, digging. I look down

Till his straining rump among the flowerbeds  
Bends low, comes up twenty years away
Stooping in rhythm through potato drills  
Where he was digging.

The coarse boot nestled on the lug, the shaft  
Against the inside knee was levered firmly.
He rooted out tall tops, buried the bright edge deep
To scatter new potatoes that we picked,
Loving their cool hardness in our hands.

By God, the old man could handle a spade.
Just like his old man.

My grandfather cut more turf in a day
Than any other man on Toner’s bog.
Once I carried him milk in a bottle
Corked sloppily with paper. He straightened up
To drink it, then fell to right away
Nicking and slicing neatly, heaving sods
Over his shoulder, going down and down
For the good turf. Digging.

The cold smell of potato mould, the squelch and slap
Of soggy peat, the curt cuts of an edge
Through living roots awaken in my head.
But I’ve no spade to follow men like them.

Between my finger and my thumb
The squat pen rests.
I’ll dig with it.


"Death of a Naturalist", 1966




Entre mes doigts et mon pouce,
Calée comme un pistolet, la plume épaisse repose.

Sous ma fenêtre, le crissement clair
D’une bêche qui s’enfonce entre gravier et terre :
Mon père, bêchant. Sous mon regard.

Ses reins tendus entre les parterres
Se baissent, se redressent à vingt ans de là
Au rythme des sillons de pommes de terre
Où il bêchait.

Le godillot blotti sur le fer, le manche
Bien calé en levier à côté du genou
Il arrachait les hautes fanes, plantait profondément la tranche brillante
Eparpillant les pommes de terre nouvelles qu’on ramassait,
Savourant leur dure fraîcheur dans nos paumes.

Mon Dieu, que le vieux savait tenir une bêche,
Tout comme son vieux à lui.

Mon grand-père coupait plus de tourbe en un jour
Que tous les autres hommes sur la tourbière de Toner.
Une fois, je lui ai porté une bouteille de lait
bouchée avec un bout de papier. Il se redressa
Pour le boire, attaqua à nouveau le travail
Fendant et tranchant net, lançant les mottes
Par-dessus son épaule, creusant toujours plus profond,
cherchant la bonne tourbe. Bêchant.

Les froides senteurs de la terre meuble, la tourbe
Qui gicle et claque, les coups tranchants
Dans les racines vives s’éveillent dans ma tête.
Mais je n’ai pas de bêche pour faire comme ces hommes-là.

Entre mes doigts et mon pouce
Repose la plume épaisse,
C’est elle qui sera ma bêche.


Traduction : Deidre McKeown-Laigle, 1987




Autres textes du même auteur :

Funeral rites - Rites funèbres
Good night - Bonne nuit
The Tollund man - L’homme de Tollund






_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
Gil Def
Admin

Masculin
Nombre de messages : 6577
Age : 74
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum