Digging - Seamus Heaney (1939–2013)
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Digging - Seamus Heaney (1939–2013)
Digging - Bêcher
Between my finger and my thumb The squat pen rests; snug as a gun. Under my window, a clean rasping sound When the spade sinks into gravelly ground: My father, digging. I look down Till his straining rump among the flowerbeds Bends low, comes up twenty years away Stooping in rhythm through potato drills Where he was digging. The coarse boot nestled on the lug, the shaft Against the inside knee was levered firmly. He rooted out tall tops, buried the bright edge deep To scatter new potatoes that we picked, Loving their cool hardness in our hands. By God, the old man could handle a spade. Just like his old man. My grandfather cut more turf in a day Than any other man on Toner’s bog. Once I carried him milk in a bottle Corked sloppily with paper. He straightened up To drink it, then fell to right away Nicking and slicing neatly, heaving sods Over his shoulder, going down and down For the good turf. Digging. The cold smell of potato mould, the squelch and slap Of soggy peat, the curt cuts of an edge Through living roots awaken in my head. But I’ve no spade to follow men like them. Between my finger and my thumb The squat pen rests. I’ll dig with it. "Death of a Naturalist", 1966 | Entre mes doigts et mon pouce, Calée comme un pistolet, la plume épaisse repose. Sous ma fenêtre, le crissement clair D’une bêche qui s’enfonce entre gravier et terre : Mon père, bêchant. Sous mon regard. Ses reins tendus entre les parterres Se baissent, se redressent à vingt ans de là Au rythme des sillons de pommes de terre Où il bêchait. Le godillot blotti sur le fer, le manche Bien calé en levier à côté du genou Il arrachait les hautes fanes, plantait profondément la tranche brillante Eparpillant les pommes de terre nouvelles qu’on ramassait, Savourant leur dure fraîcheur dans nos paumes. Mon Dieu, que le vieux savait tenir une bêche, Tout comme son vieux à lui. Mon grand-père coupait plus de tourbe en un jour Que tous les autres hommes sur la tourbière de Toner. Une fois, je lui ai porté une bouteille de lait bouchée avec un bout de papier. Il se redressa Pour le boire, attaqua à nouveau le travail Fendant et tranchant net, lançant les mottes Par-dessus son épaule, creusant toujours plus profond, cherchant la bonne tourbe. Bêchant. Les froides senteurs de la terre meuble, la tourbe Qui gicle et claque, les coups tranchants Dans les racines vives s’éveillent dans ma tête. Mais je n’ai pas de bêche pour faire comme ces hommes-là. Entre mes doigts et mon pouce Repose la plume épaisse, C’est elle qui sera ma bêche. Traduction : Deidre McKeown-Laigle, 1987 |
Autres textes du même auteur : Funeral rites - Rites funèbres Good night - Bonne nuit The Tollund man - L’homme de Tollund |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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