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Funeral Rites - Seamus Heaney (1939–2013)

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Message  Gil Def Ven 23 Aoû - 16:28

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Funeral Rites - Seamus Heaney (1939–2013) Irland10

Seamus HEANEY
1939-2013

Funeral Rites - Seamus Heaney (1939–2013) Seamus_Heaney_Photograph_Edit



Funeral Rites - Rites funèbres




I

I shouldered a kind of manhood
stepping in to lift the coffins
of dead relations.
They had been laid out

in tainted rooms,
their eyelids glistening,
their dough-white hands
shackled in rosary beads.

Their puffed knuckles
had unwrinkled, the nails
were darkened, the wrists
obediently sloped.

The dulse-brown shroud,
the quilted satin cribs:
I knelt courteously
admiting it all

as wax melted down
and veined the candles,
the flames hovering
to the women hovering

behind me.
And always, in a corner,
the coffin lid,
its nail-heads dressed

with little gleaming crosses.
Dear soapstone masks,
kissing their igloo brows
had to suffice

before the nails were sunk
and the black glacier
of each funeral
pushed away.

II

Now as news comes in
of each neighbourly murder
we pine for ceremony,
customary rhythms:

the temperate footsteps
of a cortège, winding past
each blinded home.
I would restore

the great chambers of Boyne,
prepare a sepulchre
under the cupmarked stones.
Out of side-streets and bye-roads

purring family cars
nose into line,
the whole country tunes
to the muffled drumming

of ten thousand engines.
Somnambulant women,
left behind, move
through emptied kitchens

imagining our slow triumph
towards the mounds.
Quiet as a serpent
in its grassy boulevard

the procession drags its tail
out of the Gap of the North
as its head already enters
the megalithic doorway.

III

When they have put the stone
back in its mouth
we will drive north again
past Strang and Carling fjords

the cud of memory
allayed for once, arbitration
of the feud placated,
imagining those under the hill
disposed like Gunnar
who lay beautiful
inside his burial mound,
though dead by violence

and unavenged.
men said that he was chanting
verses about honour
and that four lights burned

in corners of the chamber:
which opened then, as he turned
with a joyful face
to look at the moon.


"Norh", 1975




I

J’ai endossé une sorte d’âge d’homme
quand je me suis avancé pour porter
les cercueils de parents morts.
On les avait étendus

dans des pièces ternies,
leurs paupières luisantes,
leurs mains blanches comme la pâte
enchaînées par des chapelets.

Leurs doigts bouffis
s’étaient déridés, leurs ongles
avaient noirci, leurs poignets
s’étaient docilement inclinés.

Le linceul brun comme l’algue,
les berceaux de satin piqué :
courtoisement je me suis mis à genoux,
admirant tout

tandis que la cire fondait
faisant des veines sur les bougies,
et les flammes vacillaient
aux femmes qui vacillaient

derrière moi.
Et toujours dans un coin,
le couvercle du cercueil,
ses têtes de clous coiffées

de petites croix brillantes.
Chers masques de pierre lisse,
un baiser sur leurs fronts d’igloo
devait suffire

avant qu’on enfance les clous
et que le noir glacier
de chaque convoi funèbres
ne s’ébranle.

II

Maintenant qu’arrivent les nouvelles
de chaque meurtre de voisins,
nous sommes impatients de cérémonie,
de rythmes coutumiers :

le pas tempéré
d’un cortège se déployant
auprès de chaque maison aux rideaux tirés.
Je voudrais restaurer

les grands tombeaux de la Boyne,
et préparer un sépulcre
sous les pierres alvéolées.
Sortant des rues et des petites routes,

les voitures des familles
s’insinuent en ronronnant dans la file,
la campagne tout entière s’accorde
au battement étouffé

de dix mille moteurs.
Les femmes somnambules,
Laissées derrière, vont et viennent
Dans les cuisines vides,

elles imaginent notre lent triomphe
vers les tertres.
Silencieux comme un serpent
sur son boulevard d’herbe

le cortège traîne sa queue
hors du col du Nord
alors que sa tête entre déjà
par la porte mégalithique.

III

Quand ils auront remis la pierre
dans l’ouverture
nous roulerons de nouveau vers le nord
au-delà des fjords de Strang et de Carling

la mémoire qui remâche
calmée pour une fois, l’arbitrage
de la querelle apaisée,
nous imaginerons ceux qui sous la colline
reposent comme Gunnar
étendu et beau
dans son tumulus funèbre,
bien que mort d’une mort violente

et non vengé.
On dit qu’il chantait
des vers sur l’honneur
et que quatre lampes brûlaient

aux quatre coins de la chambre :
laquelle s’ouvrit alors qu’il tournait
un visage joyeux
pour regarde la lune.


Traduction : Anne Bernard Kearney, 1988




Autres textes du même auteur :

Digging - Becher
Good night - Bonne nuit
The Tollund man - L’homme de Tollund





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Gil Def
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