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Recuerdo bien su mirada - Fernando Pessoa (1888-1935)

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Recuerdo bien su mirada - Fernando Pessoa (1888-1935) Empty Recuerdo bien su mirada - Fernando Pessoa (1888-1935)

Message  Gil Def Jeu 9 Mai 2024 - 9:01

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Fernando PESSOA
1888-1935

Recuerdo bien su mirada - Fernando Pessoa (1888-1935) Pessoa11




Recuerdo bien su mirada - Je me souviens bien de son regard


Voz : Luigi Maria Corsanico




Recuerdo bien su mirada,
Atraviesa todavía mi alma,
Como un trazo de fuego en la noche;
Recuerdo bien su mirada
Lo demás, sí, lo demás
Fue solo un simulacro de vida.

Ayer paseé por las calles como cualquier persona,
Mire para los escaparates despreocupadamente
Y no encontré amigos con quienes hablar
De repente, vi que estaba triste
Mortalmente triste, tan triste
Que pensé que me sería imposible vivir un día más
No porque muriese o me matase
Si no porque sería imposible vivir un día más y eso es todo.

Fumo, sueño recostado en el sillón;
Me duele vivir como una postura incomoda.
Debe haber islas allá, al sur de las cosas
Donde vivir sea algo más suave,
Donde vivir cueste menos al pensamiento
Y donde uno pueda cerrar los ojos y adormecer al sol,
Y despertar sin tener que pensar en responsabilidades sociales,
En el día del mes o de la semana que es hoy.

Abrigo en mi pecho como a un enemigo al que temo ofender,
Un corazón extremadamente espontáneo
Que siente todo lo que yo sueño como si fuera real
Y acompaña con el pie la melodía de las canciones que mi pensamiento canta
Canciones tristes como las calles estrechas cuando llueve.


"Novas Poesias Inéditas" - 1973




Je me souviens bien de son regard,
Il traverse toujours mon âme,
Comme un coup de feu dans la nuit;
Je me souviens bien de son regard
Le reste oui le reste
C'était juste un exercice de vie.

Hier j'ai marché dans les rues comme tout le monde
Regardez les vitrines sans souci
Et je n'ai trouvé aucun ami à qui parler
Soudain, j'ai vu que j'étais triste
Mortellement triste, si triste
Que je pensais qu'il me serait impossible de vivre un jour de plus
Pas parce que je suis mort ou tué
Sinon parce qu'il serait impossible de vivre un jour de plus et c'est tout.

Fume, sommeil allongé sur le canapé;
Ça me fait mal de vivre comme une posture inconfortable.
Il doit y avoir des îles là-bas, au sud des choses
Où vivre est quelque chose de plus doux,
Où vivre coûte moins cher à penser
Et là où on peut fermer les yeux et endormir le soleil,
Et se réveiller sans avoir à penser aux responsabilités sociales,
Le jour du mois ou de la semaine qui est aujourd'hui.

Manteau sur ma poitrine comme un ennemi que j'ai peur d'offenser
Un cœur extrêmement spontané
Qui ressent tout ce dont je rêve comme si c'était réel
Et accompagne du pied la mélodie des chansons que ma pensée chante
Chansons tristes comme les rues étroites quand il pleut.


Traduction : ---




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