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Daddy - Sylvia Plath (1932-1963)

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Message  Gil Def Sam 11 Mai - 18:22

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Sylvia PLATH
1932-1963

Daddy - Sylvia Plath (1932-1963) Plath_11



Daddy - Papa


Voice : Sylvia Plath




You do not do, you do not do  
Any more, black shoe
In which I have lived like a foot  
For thirty years, poor and white,  
Barely daring to breathe or Achoo.

Daddy, I have had to kill you.  
You died before I had time
Marble-heavy, a bag full of God,  
Ghastly statue with one gray toe  
Big as a Frisco seal

And a head in the freakish Atlantic  
Where it pours bean green over blue  
In the waters off beautiful Nauset.  
I used to pray to recover you.
Ach, du.

In the German tongue, in the Polish town  
Scraped flat by the roller
Of wars, wars, wars.
But the name of the town is common.  
My Polack friend

Says there are a dozen or two.  
So I never could tell where you  
Put your foot, your root,
I never could talk to you.
The tongue stuck in my jaw.

It stuck in a barb wire snare.  
Ich, ich, ich, ich,
I could hardly speak.
I thought every German was you.  
And the language obscene

An engine, an engine
Chuffing me off like a Jew.
A Jew to Dachau, Auschwitz, Belsen.  
I began to talk like a Jew.
I think I may well be a Jew.

The snows of the Tyrol, the clear beer of Vienna  
Are not very pure or true.
With my gipsy ancestress and my weird luck  
And my Taroc pack and my Taroc pack
I may be a bit of a Jew.

I have always been scared of you,
With your Luftwaffe, your gobbledygoo.  
And your neat mustache
And your Aryan eye, bright blue.
Panzer-man, panzer-man, O You

Not God but a swastika
So black no sky could squeak through.  
Every woman adores a Fascist,  
The boot in the face, the brute  
Brute heart of a brute like you.

You stand at the blackboard, daddy,  
In the picture I have of you,
A cleft in your chin instead of your foot  
But no less a devil for that, no not  
Any less the black man who

Bit my pretty red heart in two.
I was ten when they buried you.  
At twenty I tried to die
And get back, back, back to you.
I thought even the bones would do.

But they pulled me out of the sack,  
And they stuck me together with glue.  
And then I knew what to do.
I made a model of you,
A man in black with a Meinkampf look

And a love of the rack and the screw.  
And I said I do, I do.
So daddy, I’m finally through.
The black telephone’s off at the root,  
The voices just can’t worm through.

If I’ve killed one man, I’ve killed two
The vampire who said he was you  
And drank my blood for a year,
Seven years, if you want to know.
Daddy, you can lie back now.

There’s a stake in your fat black heart  
And the villagers never liked you.
They are dancing and stamping on you.  
They always knew it was you.
Daddy, daddy, you bastard, I’m through.


"Ariel" - 1965




Ne fais pas, ne fais pas,
plus jamais, chaussures noires
dans lesquelles j’ai vécu comme un pied
pendant trente ans, pauvre et blanche,
osant à peine respirer ou éternuer.

Papa, j’ai dû te tuer.
Tu es mort avant que j’en ai eu le temps —
Lourd comme marbre, un sac débordant de Dieu,
horrible statue avec un orteil gris
grand comme un phoque de Frisco

et une tête dans l’étrange Atlantique
où se déverse grain vert ou bleu
dans les eaux hors du si beau bateau Nauset
J’ai souvent prié pour te retrouver
Ach, du.

Dans la langue allemande, dans la ville polonaise
nivelé à ras par les rouleaux
des guerres, guerres, guerres.
Mais le nom de la ville est commun.
Mon ami polonais

Me dit qu’il y en a une douzaine ou deux.
Aussi je ne pourrais jamais raconter
où tu avais mis les pieds, tes racines.
Jamais je ne pus te parler.
La langue était coincée dans ma mâchoire.

Cela coince dans le piège des fils de la barbe.
Ich, ich, ich, ich,
je peux difficilement parler.
Je pensais que tout Allemand était toi
et la langue obscène.

Une locomotive,une locomotive
me déportant comme un juif
Un juif de Dachau, Auschwitz, Belsen.
Je commence à parler comme un juif.
Je pense que je devrais bien être un juif.

La neige du Tyrol, la bière légère de Vienne
ne sont ni pures ni vraies.
avec mes ancêtres tziganes et ma chance bizarre
et mon sac de contrefaçon et mon sac de contrefaçon
je dois être un morceau de juif.

Toujours je t’ai vénéré
avec ta Luftwaffe, ton charabia
et ta moustache si soignée
et tes yeux d’aryen, d’un bleu d’acier
Panzer-man, panzer-man, O toi—

Pas Dieu mais une croix gammée
si noire qu’aucun ciel ne pouvait glapir au travers
Chaque femme adore un fasciste,
la botte sur le visage, la brute
le cœur de brute comme une brute comme toi.

Tu es devant le tableau noir, papa
dans cette image que je garde de toi,
une crevasse au menton au lieu de ton pied
Mais pas besoin du diable pour cela, non pas moins
que cet homme noir qui

déchire en deux mon joli cœur rouge
J’avais dix ans quand ils t’ont mis en terre.
À vingt ans j’ai tenté de mourir
et de revenir en arrière, en arrière, en arrière vers toi.
je pensais que les os le permettraient enfin.

Mais ils m’ont chassé du sac
et ils m’ont coincé en moi-même avec de la glue.
Alors j’ai su que faire.
J’ai fait un modèle de toi
un homme en noir avec l’apparence de Meinkampf

Et l’amour de la torture et de la baise
et je me suis dit je le dois, je le dois
Ainsi papa, je suis enfin au-delà.
le téléphone noir est hors des racines,
les voix ne peuvent plus se faufiler au travers.

Si j’avais tué un homme, j’en aurai tué deux
Le vampire qui dit qu’il est toi
et buvait toute l’année mon sang.
Sept ans, si tu veux vraiment savoir.
Papa tu peux te recoucher maintenant

Il y a un pieu dans ton cœur noir et gras
et les gens du village ne t’ont jamais aimé
Ils dansent sur toi et te piétinent .
Toujours ils ont su que c’était toi.
Papa, papa, toi salaud, je suis passé au travers.


Traduction : d'après Valérie Rouzeau




Autres textes du même auteur :

A life - Une vie
Crossing the water - Traversée
Mirror - Miroir
Poppies in July - Coquelicots en Juillet
Wuthering heights - Hauts de Hurlevent






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Gil Def
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