Los amorosos - Jaime Sabines ( 1926-1999)
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Los amorosos - Jaime Sabines ( 1926-1999)
Los amorosos - Les amoureux
Voz : Jaime Sabines
Voz : Jaime Sabines
Los amorosos callan. El amor es el silencio más fino, el más tembloroso, el más insoportable. Los amorosos buscan, los amorosos son los que abandonan, son los que cambian, los que olvidan. Su corazón les dice que nunca han de encontrar, no encuentran, buscan. Los amorosos andan como locos porque están solos, solos, solos, entregándose, dándose a cada rato, llorando porque no salvan al amor. Les preocupa el amor. Los amorosos viven al día, no pueden hacer más, no saben. Siempre se están yendo, siempre, hacia alguna parte. Esperan, no esperan nada, pero esperan. Saben que nunca han de encontrar. El amor es la prórroga perpetua, siempre el paso siguiente, el otro, el otro. Los amorosos son los insaciables, los que siempre -¡que bueno!- han de estar solos. Los amorosos son la hidra del cuento. Tienen serpientes en lugar de brazos. Las venas del cuello se les hinchan también como serpientes para asfixiarlos. Los amorosos no pueden dormir porque si se duermen se los comen los gusanos. En la oscuridad abren los ojos y les cae en ellos el espanto. Encuentran alacranes bajo la sábana y su cama flota como sobre un lago. Los amorosos son locos, sólo locos, sin Dios y sin diablo. Los amorosos salen de sus cuevas temblorosos, hambrientos, a cazar fantasmas. Se ríen de las gentes que lo saben todo, de las que aman a perpetuidad, verídicamente, de las que creen en el amor como una lámpara de inagotable aceite. Los amorosos juegan a coger el agua, a tatuar el humo, a no irse. Juegan el largo, el triste juego del amor. Nadie ha de resignarse. Dicen que nadie ha de resignarse. Los amorosos se avergüenzan de toda conformación. Vacíos, pero vacíos de una a otra costilla, la muerte les fermenta detrás de los ojos, y ellos caminan, lloran hasta la madrugada en que trenes y gallos se despiden dolorosamente. Les llega a veces un olor a tierra recién nacida, a mujeres que duermen con la mano en el sexo, complacidas, a arroyos de agua tierna y a cocinas. Los amorosos se ponen a cantar entre labios una canción no aprendida, y se van llorando, llorando, la hermosa vida. | Les amoureux sont silencieux. L'amour est le plus beau des silences, le plus tremblant, le plus insupportable. Les amoureux cherchent, les amoureux sont ceux qui abandonnent, ils sont ceux qui changent, ceux qui oublient. Leur cœur leur dit qu'ils ne trouveront jamais, ils ne trouvent pas, ils cherchent. Les amoureux marchent comme des fous parce qu'ils sont seuls, seuls, seuls, s'abandonnant, se donnant tout le temps, pleurant parce qu'ils ne sauvent pas l'amour. Ils sont préoccupés par l'amour. Les amoureux vivent au jour le jour, ils ne peuvent pas faire plus, ils ne savent pas. Ils partent toujours, toujours, quelque part. Ils attendent, ils n'attendent rien, mais ils attendent. Ils savent qu'ils ne trouveront jamais. L'amour, c'est le perpétuel sursis, toujours l'étape suivante, l'autre, l'autre. Ceux qui aiment sont ceux qui sont insatiables, ceux qui ont toujours - comme c'est bien - besoin d'être seuls. Les amoureux sont l'hydre de l'histoire. Ils ont des serpents à la place des bras. Les veines de leur cou se gonflent comme des serpents pour les étouffer. Les amoureux ne peuvent pas dormir car s'ils s'endorment, ils sont dévorés par les vers. Dans l'obscurité, ils ouvrent les yeux et la peur les envahit. Ils trouvent des scorpions sous le drap et leur lit flotte comme sur un lac. Les amoureux sont fous, juste fous, sans Dieu et sans diable. Les amoureux sortent de leurs grottes tremblants, affamés, pour chasser les fantômes. Ils se moquent des gens qui savent tout, de ceux qui aiment à perpétuité, en toute vérité, de ceux qui croient en l'amour comme une lampe à l'huile inépuisable. Les amoureux jouent à attraper l'eau, pour tatouer la fumée, pas pour partir. Ils jouent le long et triste jeu de l'amour. Personne n'a à se résigner. Ils disent que personne n'a à se résigner. Les amoureux ont honte de toute conformité. Vides, mais vides d'une côte à l'autre, la mort fermente derrière leurs yeux, et ils marchent, ils pleurent jusqu'à l'aube quand les trains et les coqs se font des adieux douloureux. Parfois, il leur vient une odeur de terre naissante, de femmes qui dorment la main sur le sexe, heureuses, de tendres ruisseaux d'eau et de cuisines. Les amoureux se mettent à chanter entre leurs lèvres un chant qu'ils n'ont pas appris, et s'en vont en pleurant, en pleurant, la belle vie. Traduction : --- |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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