Patria, cuyo nombre no sé - José Angel Valente (1929-2000)
COUPS DE COEUR POETIQUES :: QUAND LA POESIE PASSE LES FRONTIERES :: POEMES DE LANGUE ETRANGERE - ESPAGNOL
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Patria, cuyo nombre no sé - José Angel Valente (1929-2000)
Patria, cuyo nombre no sé - Patrie, dont je ne connais pas le nom
Voz : Tomás Galindo
Voz : Tomás Galindo
Yo no sé si te miro con amor o con odio ni si eres más que tierra para mí. Pero contigo sólo, a muerte, debo levantarme y vivir. Aquí es tu piel tirante sobre el mapa del alma, azotada y cruel; allí suave, rota en ríos de lluvia, inclinada hacia el mar. Allí paso perdido, pie puro que anda el sueño; aquí cráneo abrasado por el peso de Dios. Estoy así mirándote con un ojo que apenas ha nacido a mirar. Porque he venido ayer y no sé aún quién eres, aunque tal vez no seas nada más verdadero que esta ardiente pregunta que clavo sobre ti. Vine cuando la sangre aún estaba en las puertas y pregunté por qué. Yo era hijo de ella y tan sólo por eso capaz de ser en ti. Vine cuando los muertos palpitaban aún próximos al nivel de la vida y pregunté por qué. Yacían bajo tierra: tú eras su verdad. Caía el sol, caía inútilmente el pan, caía entre la noche y la sombra de nadie derribada la fe. Y sin embargo supe que tú estabas allí. Apenas, casi a solas, entre el aire y la muerte, un brote nuevo se atrevía a pujar. Solo, entre la esperanza estéril, la esperanza ganada, las palabras caídas, las palabras como ciegas banderas levantadas, un brote se atrevía a pujar. Oh, cómo en las colinas sobreviviente el aire se animaba en él. Debías protegerlo. No lo hicisteis. Temblad. Porque debió crecer para la luz, no para la sombra, el odio, para la negación. La tierra había sido removida y arada con la sangre de todos. Con la sangre. Era difícil la alegría; necesitábamos primero la verdad. Hemos venido. Estamos solos. Pregunto, ¿quién tiene tu verdad? Tú eres esa pregunta. Oh patria y patria y patria en pie de vida, en pie sobre la mutilada blancura de la nieve, ¿quién tiene tu verdad? A modo de esperanza, 1955 | Je ne sais si je te regarde Avec amour ou avec haine Ni si tu es autre chose que terre Pour moi. Mais avec toi seule, Jusqu’à la mort, je dois Me lever et vivre. Ici ta peau se tend Sur la carte de l’âme, Cruelle et flagellée ; Là, très douce, Elle se brise en rivières de pluie, Inclinée vers la mer. Là tu es pas perdu Ou pied pur parcourant le rêve ; Ici crâne qu’embrase Le poids de Dieu. Et me voici, te regardant D’un oeil qui vient A peine de naître au regard. Car je suis arrivé hier Et ne sais encor qui tu es, Bien que peut-être tu ne sois Rien de plus véritable Que cette brûlante question Que je cloue sur toi. Je suis venu lorsque le sang Etait encor là sur les seuils Et j’ai demandé la raison. J’étais, moi, le fils de ce sang, Et pour cela uniquement Capable d’exister en toi. Je suis venu lorsque les morts Palpitaient encore tout proches Du niveau de la vie, Et j’ai demandé la raison. Ils gisaient sous la terre : Et tu étais leur vérité. Le soleil croulait, inutilement Le pain croulait, Renversée, la foi Croulait entre la nuit Et l’ombre de personne. Et cependant j’ai su Que tu étais présente. Presque solitaire, Entre l’air et la mort, Une pousse nouvelle Se risquait à peine à grandir ? Seule, parmi l’espoir Stérile, l’espoir Gagné, les mots Déchus, les mots Pareils à d’aveugles drapeaux Dressés, une pousse nouvelle Se risquait à grandir. Oh, comme parmi les collines L’air survivant L’environnait et s’empressait. Vous auriez dû la protéger. Vous ne l’avez pas fait. Tremblez. Car cette pousse aurait dû croître Pour la lumière, non Pour l’ombre, pour la haine Et pour la négation. La terre avait été Remuée et labourée Avec le sang de tous, Avec le sang. La joie Etait devenue difficile ; Il nous fallait D’abord la vérité. Nous sommes venus. Et nous sommes Seuls. Je demande : Qui donc détient ta vérité ? Et toi tu es cette réponse. Ô patrie et patrie Et patrie la dressée Pour vivre, là dressée Sur la blancheur Mutilée de la neige : Qui donc détient ta vérité ? Traduction : Claude Couffon, 1995 |
Autres textes du même auteur : El crimen - Le crime Matiera - Matière No inútilmente - Non sans utilité Serán ceniza - Seront cendres |
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Gil Def- Admin
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