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Remembranzas - Juan Ramón Jiménez (1881-1958)

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Message  Gil Def Dim 11 Aoû - 14:30

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Juan Ramón JIMENEZ
1881-1958

Remembranzas - Juan Ramón Jiménez (1881-1958) JRJimenez



Remembranzas - Souvenirs


Inmaculada de Miguel




Recuerdo que cuando niño
me parecía mi pueblo
una blanca maravilla,
un mundo mágico, inmenso;
las casas eran palacios
y catedrales los templos;
y por las verdes campiñas
iba yo siempre contento,
inundado de ventura
al mirar el limpio cielo,
celeste como mi alma,
como mi alma sereno,
creyendo que el horizonte
era de la tierra el término.
No veía en su ignorancia
mi inocente pensamiento,
otro mundo más hermoso
que aquel mundo de mi pueblo;
¡qué blanco, qué blanco todo!,
¡todo qué grande, qué bello!

Recuerdo también que un día
en que regresé a mi pueblo
después de largos viajes,
me pareció un cementerio;
en su mezquina presencia
se agigantaba mi cuerpo;
las casas no eran palacios
ni catedrales los templos,
y en todas partes reinaban
la soledad y el silencio.
Extraña impresión sentía
buscando en mi pensamiento
la memoria melancólica
de aquellos felices tiempos
en que no soñaba un mundo
como el mundo de mi pueblo.

¡Cuántas veces, entre lágrimas
con mis blancos días sueño,
y reconstruyo en mi mente
la visión de aquellos tiempos!

¡Ay!, ¡quién de nuevo pudiera
encerrar el pensamiento
en su cárcel de ignorancia!,
¡quién pudiera ver de nuevo
el mundo más sonriente
en el mundo de mi pueblo!






Je me souviens quand enfant
ma ville me semblait
une merveille blanche,
un monde magique, immense ;
les maisons étaient des palais
et les temples des cathédrales;
et à travers les champs verts,
j’étais toujours heureux,
inondé de bonheur
à regarder le ciel clair,
bleu comme mon âme,
comme mon âme sereine,
croyant que l’horizon
était le terminus de la terre.
Je ne voyais pas dans son ignorance
ma pensée innocente,
un autre monde plus beau
que celui de ma ville;
Comme c'est blanc, comme tout est blanc !
Tout est si grand, si beau !

Je me souviens aussi qu’un jour
que je rentrais dans mon village
après de longs voyages,
il m’a semblé être un cimetière ;
En sa présence mesquine,
mon corps s’est agrandi ;
Les maisons n’étaient pas des palais
ni des cathédrales les temples
et de toutes parts régnaient
la solitude et le silence.
J'éprouvais une impression étrange
cherchant dans mon esprit
le souvenir mélancolique
de ces temps heureux
où je ne rêvais pas d’un monde
semblable au monde de ma ville.

Combien de fois, en larmes
avec mes jours blancs,  je rêve,
et je reconstruis dans mon esprit
la vision de ces temps !

Hélas, qui pourrait de nouveau
enfermer la pensée
dans sa prison d’ignorance,
qui pourrait revoir
le monde le plus souriant
dans le monde de ma ville !


Traduction : ---




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