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A Roosevelt - Rubén Dario (1897-1916)

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Message  Gil Def Mer 7 Aoû - 12:23

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Rubén DARIO
1867-1916

A Roosevelt - Rubén Dario (1897-1916) Ruben_dario



A Roosevelt - A Roosevelt


Voz : Jorge Cafrune




¡Es con voz de Biblia, o verso de Walt Whitman,
que habría que llegar hasta ti, Cazador!
¡Primitivo y moderno, sencillo y complicado,
con un algo de Washington y cuatro de Nemrod!
Eres los Estados Unidos,
eres el futuro invasor
de la América ingenua que tiene sangre indígena,
que aún reza a Jesucristo y aún habla en español.

Eres soberbio y fuerte ejemplar de tu raza;
eres culto, eres hábil; te opones a Tolstoy.
Y domando caballos o asesinando tigres,
eres un Alejandro- Nabucodonosor.
(Eres un profesor de energía
como dicen los locos de hoy.)

Crees que la vida es incendio
que el progreso es erupción;
en donde pones la bala
el porvenir pones.
No.

Los Estados Unidos son potentes y grandes.
Cuando ellos se estremecen hay un hondo temblor
que pasa por las vértebras enormes de los Andes.
Si clamáis se oye como el rugir del león.
Ya Hugo a Grant le dijo: Las estrellas son vuestras.
(Apenas brilla, alzándose, el argentino sol
y la estrella chilena se levanta…) Sois ricos.
Juntáis al culto de Hércules el culto de Mammón
y alumbrando el camino de la fácil conquista,
la Libertad levanta su antorcha en Nueva York.

Mas la América nuestra, que tenía poetas
desde los viejos tiempos de Netzahualcoyotl,
que ha guardado las huellas de los pies del gran Baco,
que el alfabeto pánico aprendió;
que consultó los astros, que conoció la Atlántida
cuyo nombre nos llega resonando en Platón,
que desde los remotos momentos de su vida
vive de luz, de fuego, de perfumes, de amor,
la América del grande Moctezuma, del Inca,
la América fragrante de Cristóbal Colón,
la América católica, la América española,
la América en que dijo el noble Guatemoc:
«Yo no estoy en un lecho de rosas»; esa América
que tiembla de huracanes y que vive de amor;
hombres de ojos sajones y alma bárbara, vive.
Y sueña. Y ama, y vibra; y es la hija del Sol.
Tened cuidado. ¡Vive la América española!,
hay mil cachorros sueltos del León Español.
Se necesitaría, Roosevelt, ser por Dios mismo,
el Riflero terrible y el fuerte Cazador,
para poder tenernos en vuestras férreas garras.

Y, pues contáis con todo, falta una cosa: ¡Dios!






C'est avec la voix de la Bible ou le vers de Walt Whitman
qu'il faudrait parvenir à toi, chasseur
primitif et moderne, naturel et complexe
avec un peu de Washington et un peu plus de Nemrod
C'est toi les Etats-Unis
Toi le futur envahisseur
de l'Amérique ingénue qui a du sang indigène
qui prie encore Jésus-Christ, qui parle encore en espagnol

C'est toi superbe et fort modèle de ta race
c'est toi civilisé et opposé à Tolstoï
toi dresseur de chevaux et massacreur de tigres
tu es un Alexandre Nabucodonosor.
(toi le professeur d'énergie
comme disent les fous d'à présent)

Tu crois que la vie est un incendie
et que le progrès est une éruption
tu crois que partout où tu mets la main
c'est l'avenir que tu poses
Non.

Etats-Unis, vous êtes grands et formidables
quand vous bougez on sent un profond tremblement
se mouvoir à travers les vertèbres des Andes
criez, on croit entendre rugir un lion
Hugo l'a dit à Grant : à vous sont les étoiles
(le soleil argentin en est à son aurore
et voici l'astre du Chili) Vous êtes riches
vous honorez Mammon en même temps qu'Hercule
et éclairant la voie des faciles conquêtes
la Liberté lève son flambeau à New York

Pourtant notre Amérique, celle des grands poètes
depuis les temps anciens de Netzahualcoyotl,
celle qui conserva les traces de Bacchus
qui jadis apprit l'alphabet du grand pan
qui consulta les cieux qui connut l'Atlantide
dont le nom nous parvient résonnant en Platon
qui depuis les moments reculés de sa vie
vit de lumière, de feu, de parfums et d'amour
l'Amérique du grand Moctezuma, de l'Inca
l'Amérique parfumée et de Christophe Colomb
l'Amérique catholique, l'Amérique espagnole
l'Amérique dont le noble Guatemoc a dit
"je ne suis pas dans un lit de roses, cette Amérique
qui tremble avec les ouragans et vit d'amour
des hommes aux yeux saxons et aux âmes barbares, vit
et rêve. Et aime et vibre. Est la fille du soleil
Attention. L'Amérique espagnole vit
il y a un million de lionceaux de lions d'Espagne en liberté
il faudrait, Roosevelt, être Dieu lui-même
le terrible fusilier et le fort chasseur
pour nous tenir dans tes griffes de fer

Et puisque vous avez tout, il vous manque une chose : Dieu!


Traduction : François Martig




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