La ciudad sin Laura - Francisco Luis Bernárdez (1900-1978)
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La ciudad sin Laura - Francisco Luis Bernárdez (1900-1978)
La ciudad sin Laura - La ville sans Laura
Voz : Tomás Galindo
En la ciudad callada y sola mi voz despierta una profunda resonancia. Mientras la noche va creciendo pronuncio un nombre y este nombre me acompaña. La soledad es poderosa pero sucumbe ante mi voz enamorada. No puede haber nada tan fuerte como una voz cuando esa voz es la del alma. En el sonido con que suena siento el sonido de una música lejana. Y en la energía remota que la mueve siento el calor de una remota llamarada. Porque mi voz es una chispa de aquella hoguera que eterniza lo que abrasa. Porque mi amor es una chispa de aquella hoguera que eterniza lo que abrasa. Para poblar este desierto me basta y sobra con decir una palabra. El dulce nombre que pronuncio para poblar este desierto es el de Laura. Las cosas son inteligibles porque este nombre de mujer las ilumina. Porque este nombre las arranca de las tinieblas en que estaban sumergidas. Una por una recuperan su resplandor espiritual y resucitan. Una por una se levantan con el candor y la belleza que teman. La obscuridad desaparece mientras el sueño silencioso se disipa. Por este nombre de los nombres hasta la muerte sin palabras tiene vida. Ya no resuena entre las cosas el gran torrente de las noches y los días. El tiempo calla y se detiene para escuchar esta perfecta melodía. Mi vida entera permanece porque este nombre que recuerdo no me olvida. Porque este nombre me sostiene con emoción desde su tierna lejanía. Cuando mi boca lo ignoraba, la soledad era más honda que el silencio. Cuando mi boca estaba muda, mi corazón era invisible como el viento. Se conocía que vivía por la canción que lo tenía prisionero. Pero vivía en otro mundo; para las cosas de este mundo estaba muerto. Le pesadumbre de las horas era mas íntima que nunca en aquel tiempo. Porque las noches eran largas; porque los días de las noches eran lentos. La tierra estaba más obscura porque faltaban las estrellas en el cielo. El manantial de donde brota la luz que alumbra el corazón estaba seco. ¿Qué hubiera sido de mi vida sin este nombre que pronuncio en el desierto ? ¿Qué hubiera sido de mi vida sin este amor que me acompaña desde lejos? Lejos está la dulce causa del corazón, de la cabeza y de la mano. Pero su ausencia es la del río, que con la fuente que lo llora vive atado. Nunca he sentido como ahora la vecindad de la mujer que estoy cantando. Cuando el amor está presente no puede haber nada escondido ni lejano. La luz del fuego que me alumbra ¿no es la que alumbra el corazón del ser amado ? La llamarada que me quema ¿no es la del fuego en que se quema sin descanso ? Aunque las leguas se interponen entre nosotros, ya no pueden separarnos. Porque el amor que vence al tiempo no puede estar sino a cubierto del espacio. Entre la dicha y mi existencia la diferencia que hubo ayer se va borrando. El ser que nombro es el que, siendo, me da una vida sin dolor ni sobresalto. | Dans la ville silencieuse et solitaire, ma voix éveille une profonde résonance. Tandis que la nuit s'installe, je prononce un nom et ce nom m’accompagne. La solitude est puissante, mais elle succombe à ma voix aimante. Il ne peut y avoir rien d’aussi fort qu’une voix quand cette voix est celle de l’âme. Dans le son avec lequel il résonne, je ressens le son d’une musique lointaine. Et dans l’énergie lointaine qui l’agite, je ressens la chaleur d’une flamme lointaine. Parce que ma voix est une étincelle de ce feu de joie qui éternise ce qui brûle. Parce que mon amour est une étincelle de ce feu de joie qui éternise ce qui brûle. Pour peupler ce désert, il me suffit largement d’en dire un mot. Le doux prénom que je prononce pour peupler ce désert est celui de Laura. Les choses sont intelligibles parce que ce nom de femme les illumine. Car ce nom les arrache aux ténèbres dans lesquelles ils étaient plongés. L’un après l’autre, ils retrouvent leur rayonnement spirituel et ressuscitent L’un après l’autre, ils se relèvent avec la candeur et la beauté qu’ils craignent. L’obscurité disparaît tandis que le sommeil silencieux se dissipe. Par ce nom de noms jusqu'à la mort sans paroles tient la vie. Ne résonne plus parmi les choses le grand torrent des nuits et des jours Le temps se ferme et s’arrête pour écouter cette parfaite mélodie Toute ma vie reste car ce nom dont je me souviens ne m’oublie pas. Parce que ce nom me tient avec émotion par sa tendre distance. Quand ma bouche l’ignorait, la solitude était plus profonde que le silence. Quand ma bouche était muette, mon cœur était invisible comme le vent. On savait qu’il vivait grâce à la chanson qui le retenait prisonnier. Mais je vivais dans un autre monde ; pour les choses de ce monde j'étais mort. L’obscurité des heures était plus intime que jamais à cette époque. Parce que les nuits étaient longues ; Parce que les jours des nuits étaient lents. La terre était plus sombre parce que manquaient les étoiles dans le ciel. La source d’où jaillit la lumière qui illumine le cœur était à sec. Que serait devenue ma vie sans ce nom que je prononce dans le désert ? Que serait devenue ma vie sans cet amour qui m’accompagne de loin ? Loin est la douce cause du cœur, de la tête et de la main. Mais son absence est celle de la rivière, qui avec la fontaine qui le pleure vit liée Je n’ai jamais ressenti la proximité de la femme que je chante Quand l’amour est présent, rien ne peut être ni caché ni distant. La lumière du feu qui m'illumine n’est-elle pas celle qui illumine le coeur de l’être aimé ? La flamme qui me brûle n’est-elle pas la flamme dans laquelle elle brûle sans repos ? Bien que des ligues s'interposent entre nous, elles ne peuvent plus nous séparer. Parce que l’amour qui conquiert le temps ne peut être qu’à l’abri de l’espace. Entre le bonheur et mon existence, la différence qui existait hier s’efface. L’être que je nomme est celle qui, étant ainsi, me donne une vie sans douleur ni choc. Traduction : --- |
Autres textes du même auteur : Amor antiguo - Amour ancien Estar enamorado - Etre amoureux La palabra - La parole Silencio - Silence Soneto enamorado - Sonnet amoureux |
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Gil Def- Admin
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