Mucho más allá - Alejandra Pizarnik (1936-1972)
COUPS DE COEUR POETIQUES :: QUAND LA POESIE PASSE LES FRONTIERES :: POEMES DE LANGUE ETRANGERE - ESPAGNOL
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Mucho más allá - Alejandra Pizarnik (1936-1972)
Mucho más allá - Beaucoup plus loin
Voz : Lucila Castro Díaz
Voz : Lucila Castro Díaz
¿ Y si nos vamos anticipando de sonrisa en sonrisa hasta la última esperanza? ¿Y qué? ¿Y qué me das a mí, a mí que he perdido mi nombre, el nombre que me era dulce sustancia en épocas remotas, cuando yo no era yo sino una niña engañada por su sangre? ¿A qué , a qué este deshacerme, este desangrarme, este desplumarme, este desequilibrarme si mi realidad retrocede como empujada por una ametralladora y de pronto se lanza a correr, aunque igual la alcanzan, hasta que cae a mis pies como un ave muerta? Quisiera hablar de la vida . Pues esto es la vida, este aullido, este clavarse las uñas en el pecho, este arrancarse la cabellera a puñados , este escupirse a los propios ojos, sólo por decir, sólo por ver si se puede decir: «¿es que yo soy? ¿ verdad que sí ? ¿no es verdad que yo existo y no soy la pesadilla de una bestia?». Y con las manos embarradas golpeamos a las puertas del amor. Y con la conciencia cubierta de sucios y hermosos velos, pedimos por Dios. Y con las sienes restallantes de imbécil soberbia tomamos de la cintura a la vida y pateamos de soslayo a la muerte. Pues esto es lo que hacemos. Nos anticipamos de sonrisa en sonrisa hasta la última esperanza. "Las aventuras perdidas" - 1958 | Et quoi si à mesure on anticipe de sourire en sourire jusqu’à l’ultime espérance ? Et quoi ? A quoi ça me sert moi, moi qui ai perdu mon nom, le nom qui m’était douce substance en des temps reculés, quand moi n’était pas moi mais une enfant trompée par son sang ? A quoi, à quoi bon me défaire, me saigner, me déplumer, me déséquilibrer si ma réalité se replie comme poussée par une mitraillette et soudain se met à courir, quoique toujours on la rattrape, jusqu’à ce quelle tombe à mes pieds comme un oiseau mort ? Je voudrais parler de la vie. Parce que ceci est la vie, ce hurlement, cette façon de se clouer les ongles dans la poitrine, de s’arracher les cheveux par poignées, de se cracher sur ses propres yeux, rien que pour dire, rien que pour voir si on peut dire : « est-ce que je suis ? n’est-il pas vrai ? n’est-il pas vrai que j’existe et ne suis pas le cauchemar d’une bête ? » Et avec les mains encrassées nous frappons aux portes de l’amour. Et avec la conscience couverte de sales et célestes voiles, nous réclamons Dieu. Et avec les tempes qui éclatent d’orgueil imbécile nous prenons la vie par la taille et donnons en cachette des coups de pied à la mort. Car c’est ce que l’on fait. On anticipe de sourire en sourire jusqu’à l’ultime espérance. Traduction : Silvia Baron-Supervielle et Claude Couffon, 2005 |
Autres textes du même auteur : El despetar - Le réveil En este noche, en este monde - En cette nuit, en ce monde Exilio - Exil La enamorada - L'amoureuse Noche - Nuit Origen - Origine |
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Gil Def- Admin
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