La muerte - Vicente Aleixandre (1898-1984)
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La muerte - Vicente Aleixandre (1898-1984)
La muerte - La mort
Voz : Tomás Galindo
¡Ah! Eres tú, eres tú, eterno nombre sin fecha, bravía lucha del mar con la sed, cantil todo de agua que amenazas hundirte sobre mi forma lisa, lámina sin recuerdo. Eres tú, sombra del mar poderoso, genial rencor verde donde todos los peces son como piedras por el aire, abatimiento o pesadumbre que amenazas mi vida como un amor que con la muerte acaba. Mátame si tú quieres, mar de plomo impiadoso, gota inmensa que contiene la tierra, fuego destructor de mi vida sin numen aquí en la playa donde la luz se arrastra. Mátame como si un puñal, un sol dorado o lúcido, una mirada buida de un inviolable ojo, un brazo prepotente en que la desnudez fuese el frío, un relámpago que buscase mi pecho o su destino… ¡Ah, pronto, pronto; quiero morir frente a ti, mar, frente a ti, mar vertical cuyas espumas tocan los cielos, a ti cuyos celestes peces entre nubes son como pájaros olvidados del hondo! Vengan a mí tus espumas rompientes, cristalinas, vengan los brazos verdes desplomándose, venga la asfixia cuando el cuerpo se crispa sumido bajo los labios negros que se derrumban. Luzca el morado sol sobre la muerte uniforme. Venga la muerte total en la playa que sostengo, en esta terrena playa que en mi pecho gravita, por la que unos pies ligeros parece que se escapan. Quiero el color rosa o la vida, quiero el rojo o su amarillo frenético, quiero ese túnel donde el color se disuelve en el negro falaz con que la muerte ríe en la boca. Quiero besar el marfil de la mudez penúltima, cuando el mar se retira apresurándose, cuando sobre la arena quedan sólo unas conchas, unas frías escamas de unos peces amándose. Muerte como el puñado de arena, como el agua que en el hoyo queda solitaria, como la gaviota que en medio de la noche tiene un color de sangre sobre el mar que no existe. | Ah! C’est toi, c’est toi, nom éternel sans date, lutte acharnée de la mer avec la soif, falaise toute l’eau qui menacent de t’enfoncer sur ma forme lisse, drap sans mémoire. C’est toi, ombre de la mer puissante, grande rancune verte où tous les poissons sont comme des pierres dans l’air, abattement ou chagrin qui menace ma vie comme un amour qui finit avec la mort. Tue-moi si tu veux, mer de plomb impitoyable, immense chute qui contient la terre, feu destructeur de ma vie sans numen ici sur la plage où la lumière traîne. Tue-moi comme un poignard, un soleil doré ou lucide, un regard bouillonnant d’un œil inviolable, un bras arrogant dans lequel la nudité était froide, un éclair qui cherchait ma poitrine ou son destin... Ah, bientôt, bientôt ; Je veux mourir face à toi, mer, face à toi, mer verticale dont les écumes touchent les cieux, à toi dont les poissons célestes parmi les nuages sont comme des oiseaux oubliés des profondeurs! Viennent à moi tes écumes déferlantes cristallines, viennent les bras verts qui s’effondrent, vient l’asphyxie quand le corps se crispe submergé sous les lèvres noires qui s’effondrent. Que brille le soleil pourpre sur la mort uniforme. Vienne la mort totale sur la plage que je tiens, sur cette plage terrestre qui gravite dans ma poitrine, par laquelle des pieds légers semblent s’échapper. Je veux la couleur rose ou la vie, je veux le rouge ou son jaune frénétique, je veux ce tunnel où la couleur se dissout dans le noir fallacieux avec lequel la mort rit dans la bouche. Je veux embrasser l’ivoire de l’avant-dernier mutisme, quand la mer se retire en se précipitant, quand sur le sable il n’y a que quelques coquillages, quelques écailles froides de poissons qui s’aiment. La mort comme la poignée de sable, comme l’eau qui est seule dans le trou, comme la mouette qui, au milieu de la nuit a une couleur de sang sur la mer qui n’existe pas. Traduction : --- |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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