El tormento del amor - Vicente Aleixandre (1898-1984)
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El tormento del amor - Vicente Aleixandre (1898-1984)
El tormento del amor - Le tourment de l'amour
Voz : Mercedes Perez
Te amé, te amé, por tus ojos, tus labios, tu garganta, tu voz, tu corazón encendido en violencia. Te amé como a mi furia, mi destino furioso, mi cerrazón sin alba, mi luna machacada. Eras hermosa. Tenías ojos grandes. Palomas grandes, veloces garras, altas águilas potentísimas… Tenías esa plenitud por un cielo rutilante donde el fragor de los mundos no es un beso en tu boca. Pero te amé como la luna ama la sangre, como la luna busca la sangre de las venas, como la luna suplanta a la sangre y recorre furiosa las venas encendidas de amarillas pasiones. No sé lo que es la muerte, si se besa la boca. No sé lo que es morir. Yo no muero. Yo canto. Canto muerto y podrido como un hueso brillante, radiante ante la luna como un cristal purísimo. Canto como la carne, como la dura piedra. Canto tus dientes feroces sin palabras. Canto su sola sombra, su tristísima sombra sobre la dulce tierra donde un césped se amansa. Nadie llora. No mires este rostro donde las lágrimas no viven, no respiran. No mires esta piedra, esta llama de hierro, este cuerpo que resuena como una torre metálica. Tenías cabellera, dulces rizos, miradas y mejillas. Tenías brazos, y no ríos sin límite. Tenías tu forma, tu frontera preciosa, tu dulce margen de carne estremecida. Era tu corazón como alada bandera. ¡Pero tu sangre no, tu vida no, tu maldad no! ¿Quién soy yo que suplica a la luna mi muerte? ¿Quién soy yo que resiste los vientos, que siente las heridas de sus frenéticos cuchillos, que le mojen su dibujo de mármol como una dura estatua ensangrentada por la tormenta? ¿Quién soy yo que no escucho entre los truenos, ni mi brazo de hueso con signo de relámpago, ni la lluvia sangrienta que tiñe la yerba que ha nacido entre mis pies mordidos por un río de dientes? ¿Quién soy, quién eres, quién te sabe? ¿A quién amo, oh tú, hermosa mortal, amante reluciente, pecho radiante; ¿a quién o a quién amo, a qué sombra, a qué carne, a qué podridos huesos que como flores me embriagan? Mundo a solas (1934-1936) | Je t’ai aimée, je t’ai aimée, pour tes yeux, tes lèvres, ta gorge, ta voix, ton coeur enflammée de violence. Je t’ai aimée comme ma furie, mon destin furieux, mes ténèbres sans aube, ma lune broyée. Tu étais belle. Tu avais de grands yeux. Grandes colombes, agiles griffes, hauts aigles tout-puissants. Tu avais cette plénitude en un ciel rutilant où le fracas des mondes n’est pas un baiser dans ta bouche. Mais je t’aimais comme la lune aime le sang, comme la lune cherche le sang des veines, comme la lune supplante le sang et furieuse parcourt les veines allumées de jaunes passions. Je ne sais pas ce qu’est la mort, si l’on baise sa bouche. Je ne sais pas ce qu’est mourir. Je ne meurs pas. Je chante. Je chante mort et pourri comme un oc brillant, resplendissant sous la lune comme un cristal très pur. Je chante comme la chair, comme la pierre dure, je chante tes dents féroces sans paroles. Je chante leur ombre seule, leur ombre si triste sur la douce terre où le gazon s’attendrit. Nul ne pleure. Ne regarde pas ce visage où les larmes ne vivent ni respirent. Ne regarde pas cette pierre, cette flamme de fer, ce corps qui résonne comme une tour de métal. Tu avais des cheveux, de douces boucles, des regards et des joues. Tu avais des bras, et non des fleuves sans limites. Tu avais ta forme, ta frontière exquise, ton doux contour de chair frissonnante. Ton coeur était comme un drapeau ailé. Mais ton sang non, ta vie, non, ta méchanceté non ! Qui suis-je moi pour implorer ma mort de la lune ? Qui suis-je moi pour résister aux vents, pour sentir les blessures de leurs couteaux frénétiques, pour laisser mouiller son dessin de marbre comme une dure statue ensanglantée par la tourmente ? Qui suis-je pour ne pas écouter ma voix dans l’éclat du tonnerre ni mon bras osseux et marqué du signe de l’éclair, ni la pluie sanglante qui teint l’herbe née entre mes pieds mordus par un fleuve de dents ? Qui suis-je, qui es-tu, qui te connaît ? Qui aimé-je, ô toi, belle mortelle, amante lumineuse, seins resplendissants ; qui, qui aimé-je, quelle ombre, quelle chair ? Quels os pourris qui m’enivrent comme des fleurs ? Traduction : Roger-Noël Mayer, 1977 |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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