Yo te he querido como nunca - Vicente Aleixandre (1898-1984)
COUPS DE COEUR POETIQUES :: QUAND LA POESIE PASSE LES FRONTIERES :: POEMES DE LANGUE ETRANGERE - ESPAGNOL
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Yo te he querido como nunca - Vicente Aleixandre (1898-1984)
Yo te he querido como nunca - Je t'ai aimé comme jamais
Voz : Tomás Galindo
Yo te he querido como nunca. Eras azul como noche que acaba, eras la impenetrable caparazón del galápago que se oculta bajo la roca de la amorosa llegada de la luz. Eras la sombra torpe que cuaja entre los dedos cuando en tierra dormimos solitarios. De nada serviría besar tu oscura encrucijada de sangre alterna, donde de pronto el pulso navegaba y de pronto faltaba como un mar que desprecia a la arena. La sequedad viviente de unos ojos marchitos, de los que yo veía a través de las lágrimas, era una caricia para herir las pupilas, sin que siquiera el párpado se cerrase en defensa. Cuán amorosa forma la del suelo las noches del verano cuando echado en la tierra se acaricia este mundo que rueda, la sequedad oscura, la sordera profunda, la cerrazón a todo, que transcurre como lo más ajeno a un sollozo. Tú, pobre hombre que duermes sin notar esa luna trunca que gemebunda apenas si te roza; tú, que viajas postrero con la cabeza seca que rueda entre tus brazos, no beses el silencio sin falla por donde nunca a la sangre se espía, por donde será inútil la busca del calor que por los labios se bebe y hace fulgir el cuerpo como con una luz azul si la noche es de plomo. No, no busques esa gota pequeñita, ese mundo reducido a sangre mínima, esa lágrima que ha latido y en la que apoyar la mejilla descansa. | Je t’ai aimé comme jamais auparavant. Tu étais bleue comme la nuit qui se termine, tu étais la carapace impénétrable de la tortue qui se cache sous le rocher de l’amoureuse arrivée de la lumière. Tu étais l’ombre maladroite qui prend froid entre les doigts quand sur terre nous dormons seuls. Ca ne servirait à rien d’embrasser ton sombre carrefour de sang alternatif, où soudain le pouls naviguait et soudain il disparaissait comme une mer qui méprise le sable. La sécheresse vivante des yeux desséchés, que je voyais à travers les larmes, était une caresse pour blesser les pupilles, sans même que la paupière se fermât pour se défendre. Combien est affectueuse la terre les nuits d’été quand couché sur le sol il se caresse ce monde qui roule, la sécheresse sombre, la surdité profonde, la fermeture à tout, qui passe comme la chose la plus étrangère à un sanglot. Toi, pauvre homme qui dors sans remarquer cette lune tronquée qui gémit te frôle à peine ; Toi qui voyages le dernier avec une tête sèche qui roule dans tes bras, n’embrasse pas le silence sans faute où jamais le sang ne s'épie, où serait inutile la recherche de la chaleur que l’on boit des lèvres et qui fait briller le corps comme d’une lumière bleue Non, ne cherchez pas cette petite goutte, ce monde réduit à un minimum de sang, cette larme qui a battu et sur laquelle appuyer la joue se repose. Traduction : --- |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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