Enereida - Cesar Vallejo (1892-1938)
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Enereida - Cesar Vallejo (1892-1938)
Enereida - Énéréide
Voz : José Romero
Voz : José Romero
Mi padre, apenas, en la mañana pajarina, pone sus setentiocho años, sus setentiocho ramos de invierno a solear. El cementerio de Santiago, untado en alegre año nuevo, está a la vista. Cuántas veces sus pasos cortaron hacia él, y tornaron de algún entierro humilde. Hoy hace mucho tiempo que mi padre no sale ! Una broma de niños se desbanda. Otras veces le hablaba a mi madre de impresiones urbanas, de política ; y hoy, apoyado en su bastón ilustre que sonara mejor en los de la Gobernación, mi padre está desconocido, frágil, mi padre es una víspera. Lleva, trae, abstraído, reliquias, cosas, recuerdos, sugerencias. La mañana apacible le acompaña con sus alas blancas de hermana de caridad. Día eterno es éste, día ingenuo, infante, coral, oracional ; se corona el tiempo de palomas, y el futuro se puebla de caravanas de inmortales rosas. Padre, aún sigue todo despertando; es Enero que canta, es tu amor que resonando va en la Eternidad. Aún reirás de tus pequeñuelos, y habrá bulla triunfal en los Vacíos. Aún será año nuevo. Habrá empanadas ; y yo tendré hambre, cuando toque a misa en el beato campanario el buen ciego mélico con quien departieron mis sílabas escolares y frescas, mi inocencia rotunda. Y cuando la mañana llena de gracia, desde sus senos de tiempo, que son dos renuncias, dos avances de amor que se tienden y ruegan infinito, eterna vida, cante, y eche a volar Verbos plurales, girones de tu ser, a la borda de sus alas blancas de hermana de caridad ¡oh, padre mío ! "Los heraldos negros", 1919 | Mon père, tout juste, dans le matin oiselier, met ses soixante-six-huit années, ses soixante-six-huit rameaux d’hiver à chauffer au soleil. Le cimetière de Santiago, huilé d’allègre année nouvelle, est en vue. Combien de fois ses pas ont-ils coupé vers lui, et sont-ils revenus d’un humble enterrement. Aujourd’hui, il y a longtemps que mon père ne sort plus ! Un tumulte d’enfants se débande. Autrefois, il parlait à ma mère d’impressions urbaines, de politique ; et aujourd’hui, appuyé sur son bâton illustre qui tintait plus fort en son temps de Gouverneur, mon père est méconnaissable, fragile, mon père est un hier. Il emporte, rapporte, absorbé, des reliques, des choses, des souvenirs, des suggestions. La matinée paisible l’accompagne de ses ailes blanches de sœur de charité. C’est un jour éternel, un jour ingénu, enfant, choral, orant ; le temps se couronne de palombes, et l’avenir se peuple de caravanes d’immortelles roses. Père, tout encore s’éveille ; c’est Janvier qui chante, c’est ton amour qui entre en résonnant dans l’Éternité. Tu riras encore de tes tous petits, et il y aura un vacarme triomphal dans les Vides. Ce sera encore le Nouvel An. Il y aura des pâtés ; et moi j’aurai faim, quand sonnera la messe au clocher dévot, le bon aveugle mélique avec qui devisèrent mes syllabes scolaires et fraîches, mon innocence éclatante. Et quand la matinée pleine de grâce, avec ses seins de temps, qui sont deux renoncements, deux avancées d’amour qui se rendent et requièrent l’infini, la vie éternelle, chantera et lancera dans l’air des Verbes pluriels, des lambeaux de ton être, sur le bordage de ses ailes blanches de sœur de charité, oh, mon cher père ! Traduction : Nicole Réda-Euvremer, 2009 |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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