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¡Qué lástima! - León Felipe (1884-1968)

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Message  Gil Def Lun 12 Aoû - 13:50

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¡Qué lástima! - León Felipe (1884-1968) Espagn16

León FELIPE
1884-1968

¡Qué lástima! - León Felipe (1884-1968) Leonfelipe



¡Qué lástima! - Quel dommage


Voz : Héctor Alterio




¡Qué lástima
que yo no pueda cantar a la usanza
de este tiempo lo mismo que los poetas de hoy cantan!
¡Qué lástima
que yo no pueda entonar con una voz engolada
esas brillantes romanzas
a las glorias de la patria!
¡Qué lástima
que yo no tenga una patria!
Sé que la historia es la misma, la misma siempre,
que pasa
desde una tierra a otra tierra, desde una raza
a otra raza,
como pasan
esas tormentas de estío desde ésta a aquella comarca.
¡Qué lástima
que yo no tenga comarca,
patria chica, tierra provinciana!
Debí nacer en la entraña
de la estepa castellana
y fui a nacer en un pueblo del que no recuerdo nada;
pasé los días azules de mi infancia en Salamanca,
y mi juventud, una juventud sombría, en la Montaña.
Después … ya no he vuelto a echar el ancla,
y ninguna de estas tierras me levanta
ni me exalta
para poder cantar siempre en la misma tonada
al mismo río que pasa
rodando las mismas aguas,
al mismo cielo, al mismo campo y en la misma casa.
¡Qué lástima
que yo no tenga una casa!,
una casa solariega y blasonada,
una casa
en que je gardara,
a más de otras cosas raras,
un sillón viejo de cuero, una mesa apolillada
y el retrato de un mi abuelo que ganara
una batalla.
¡Qué lástima
que yo no tenga un abuelo que ganara
una batalla,
retratado con una mano cruzada
en el pecho, y la otra mano en el puño de la espada!
Y, ¡qué lástima
que yo no tenga siquiera una espada!
Porque … ¿qué voy a cantar si no tengo ni una patria,
ni una tierra provinciana,
ni una casa
solariega y blasonada,
ni el retrato de un mi abuelo que ganara
una batalla,
ni un sillón viejo de cuero, ni una mesa, ni una espada?
¡Qué voy a cantar si soy un paria
que apenas tiene una capa!
Sin embargo …
en esta tierra de España
y en un pueblo de la Alcarria
hay una casa
en la que estoy de posada
y donde tengo, prestadas,
una mesa de pino y una silla de paja.
Un libro tengo también. Y todo mi ajuar se halla
en una sala
muy amplia
y muy blanca
que está en la parte más baja
y más fresca de la casa.
Tiene una luz muy clara
esta sala
tan amplia
y tan blanca …
Una luz muy clara
que entra por una ventana
que da a una calle muy ancha.
Y a la luz de esta ventana
vengo todas las mañanas.
Aquí me siento sobre mi silla de paja
y venzo las horas largas
leyendo en mi libro y viendo cómo pasa
la gente al través de la ventana.
Cosas de poca importancia
parecen un libro V el cristal de una ventana
en un pueblo de la Alcarria,
y, sin embargo, le basta
para sentir todo el ritmo de la vida a mi alma.
Que todo el ritmo del mundo por estos cristales pasa
cuando pasan
ese pastor que va detrás de las cabras
con una enorme cayada,
esa mujer agobiada
con una carga
de leña en la espalda,
esos mendigos que vienen arrastrando sus miserias,
de Pastrana,
y esa niña que va a la escuela de tan mala gana.
¡Oh, esa niña! Hace un alto en mi ventana
siempre y se queda a los cristales pegada
como si fuera una estampa.
¡Qué gracia
tiene su cara
en el cristal aplastada
con la barbilla sumida y la naricilla chata!
Yo me río mucho mirándola
y la digo que es una niña muy guapa …
Ella, entonces, me llama ¡tonto!, y se marcha.
¡Pobre niña! Ya no pasa
por esta calle tan ancha
caminando hacia la escuela de muy maja gana,
ni se para
en mi ventana,
ni se queda a los cristales pegada
como si fuera una estampa.
Que un día se puso mala,
muy mala,
y otro día doblaron por ella a muerto las campanas.

Y en una tarde muy clara,
por esta calle tan ancha,
al través de la ventana,
vi cómo se la llevaban
en una caja
muy blanca …
En una caja
muy blanca
que tenía un cristalito en la tapa.
Por aquel cristal se la veía la cara
lo mismo que cuando estaba
pegadita al cristal de mi ventana …
Al cristal de esta ventana
que ahora me recuerda siempre el cristalito de aquella caja
tan blanca.
Todo el ritmo de la vida pasa
por este cristal de mi ventana …
¡Y la muerte también pasa!

¡Que lástima
que no pudiendo cantar otras hazañas,
porque no tengo una patria,
ni una tierra provinciana,
ni una casa
solariega y blasonada,
ni el retrato de un mi abuelo que ganara
una batalla,
ni un sillón viejo de cuero, ni una mesa, ni una espada,
y soy un paria
que apenas tiene una capa …
venga, forzado, a cantar cosas de poca importancia!






Quel dommage
que je ne puisse pas chanter à la manière
de cette époque comme le chantent les poètes d’aujourd’hui !
Quel dommage
que je ne puisse pas chanter d’une voix arrogante
ces brillantes romances
à la gloire du pays !
Quel dommage
que je n’aie pas de patrie !
Je sais que l’histoire est la même, la même toujours,
qu’elle passe
d’un pays à l’autre, d’une race
à l’autre,
comme passent
ces tempêtes d’été d’une région à l’autre.
Quel dommage
que je n’aie pas de région,
de petite patrie, de terre provinciale !
Je dus naître dans les entrailles
de la steppe castillane,
et naquis dans une ville dont je ne me souviens pas ;
J’ai passé les jours bleus de mon enfance à Salamanque,
et ma jeunesse, une jeunesse sombre, dans la Montaña.
Après... Je n’ai pas jeté l’ancre de nouveau,
et aucune de ces terres ne me soulève
ni ne m’exalte
pour pouvoir toujours chanter sur le même air
sur le même fleuve qui passe
coulant les mêmes eaux,
sur le même ciel, sur le même champ et dans la même maison.
Quel dommage
que je n’aie pas une maison,
un maison ancestrale et blasonnée,
une maison
où, j'eus gardé
en plus d’autres choses étranges,  
un vieux fauteuil en cuir, une table rongée par les mites,
et le portrait de mon grand-père qui eût gagné
une bataille.
Quel dommage
que je n’aie pas un grand-père qui eût gagné
une bataille,
représenté avec une main croisée
sur sa poitrine et l’autre main sur la poignée de son épée !
Et quel dommage
que je n’aie même pas d’épée !
Car... que vais-je chanter si je n’ai ni patrie,
ni terre provinciale,
ni manoir
ancestral et blasonné,
ni le portrait de mon grand-père qui eût gagné
une bataille,
ni un vieux fauteuil en cuir, ni une table, ni une épée ?
Que vais-je chanter si je suis un paria
qui possède à peine une cape !
Toutefois...
dans cette terre d’Espagne
et dans un village de l’Alcarria
il y a une maison
dans laquelle je suis dans une auberge
et où j’ai, empruntés,
une table en pin et une chaise en paille.
J’ai aussi un livre. Et tout mon trousseau se trouve
dans une pièce
très grande
et très blanche
qui est dans la partie la plus basse
et la plus fraîche de la maison.
Elle a une lumière très claire
Cette pièce
si large
et si blanche...
Une lumière très claire
qui entre par une fenêtre
qui donne sur une rue très large.
Et à la lumière de cette fenêtre
je viens tous les matins.
Ici, je m’assois sur ma chaise de paille
et je bats les longues heures
lisant dans mon livre et regardant comment passent
les gens par la fenêtre.
Les choses de peu d’importance
semblent être un livre et la vitre d’une fenêtre
dans un village de l’Alcarria,
et pourtant c’est assez
pour sentir tout le rythme de la vie à mon âme.
Que tout le rythme du monde, par ces vitres passe
comme passent
le berger qui poursuit les chèvres
avec une énorme crosse,
cette femme accablée
d’une charge
de bois de chauffage sur le dos,
ces mendiants qui viennent traîner leurs misères
le long de Pastrana,
et cette fille qui va à l’école à contrecœur.
Oh, cette fille ! Elle s’arrête toujours à ma fenêtre
et reste collé à la vitre
comme s’il s’agissait d’un tableau.
Comme c’est drôle
son visage
dans la glace, aplati,
le menton enfoncé et le nez plat !
Je ris beaucoup en la regardant
et je lui dis que c’est une très belle fille...
Elle me traite alors d’imbécile et s’en va.
Pauvre fille ! Elle ne traverse plus
cette large rue
en marchant très gentiment pour aller à l’école,
ni ne s’arrête
à ma fenêtre,
ni ne reste collée aux vitres
comme si c'était un tableau.
Ce jour-là, elle tomba malade,
gravement,
et un autre jour, les cloches sonnèrent la mort pour elle.

Et par un après-midi très clair,
dans cette large rue,
par la fenêtre,
j’ai vu comment ils l’emmenaient
dans une boîte
très blanche...
Dans une boîte
très blanche
qui avait un peu de verre sur le couvercle.
À travers ce verre, se voyait le visage
le même que lorsqu’il était
collé à la vitre de ma fenêtre...
À la vitre de cette fenêtre
qui me rappelle toujours la vitre de cette boîte
tellement blanche.
Tout le rythme de la vie passe
à travers cette vitre de ma fenêtre...
Et la mort passe aussi !

Quel dommage
que je ne puisse pas chanter d’autres exploits,
car je n’ai ni patrie,
ni terre provinciale,
ni maison
ancestrale et blasonnée,
ni le portrait de mon grand-père qui eût gagné
une bataille,
ni un vieux fauteuil en cuir, ni une table, ni une épée,
et je suis un paria
qui possède à peine un manteau...
s'en vienne, forcé, à chanter des choses de peu d’importance !


Traduction :  ----




Autres textes du même auteur :

Auschwitz - Auschwitz
Como tú - Comme toi
LLanto es nuestro - Les pleurs sont les nôtres
Qué pena - Quel dommage
Romero solo - Pèlerin seulement
Sé todos cuentos - Je connais toutes les histoires
Vencidos - Vaincus






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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
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