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Dolor - Alfonsina Storni (1892-1938)

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Dolor - Alfonsina Storni (1892-1938) Empty Dolor - Alfonsina Storni (1892-1938)

Message  Gil Def Ven 14 Juin 2024 - 12:08

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Alfonsina STORNI
1936-1972

Dolor - Alfonsina Storni (1892-1938) Storni10



Dolor - Douleur


Voz : Tes Nehuén




Quisiera esta tarde divina de octubre
pasear por la orilla lejana del mar;
que la arena de oro, y las aguas verdes,
y los cielos puros me vieran pasar.

Ser alta, soberbia, perfecta, quisiera,
como una romana, para concordar
con las grandes olas, y las rocas muertas
y las anchas playas que ciñen el mar.

Con el paso lento, y los ojos fríos
y la boca muda, dejarme llevar;
ver cómo se rompen las olas azules
contra los granitos y no parpadear;
ver cómo las aves rapaces se comen
los peces pequeños y no despertar;
pensar que pudieran las frágiles barcas
hundirse en las aguas y no suspirar;
ver que se adelanta, la garganta al aire,
el hombre más bello, no desear amar...

Perder la mirada, distraídamente,
perderla y que nunca la vuelva a encontrar:
y, figura erguida, entre cielo y playa,
sentirme el olvido perenne del mar.






J'aimerais, en cette divine après-midi d'octobre
me promener sur le rivage de la mer ;
que le sable doré, les eaux vertes,
et le ciel pur me voient passer.

Je voudrais être grande, fière, parfaite,
comme une Romaine, m'accorder
avec les grandes vagues, et les rochers morts
et les grandes plages qui ceignent la mer.

Avec le pas lent, et les yeux froids
et la bouche muette, me laisser porter ;
voir comment se brisent les vagues bleues
contre les granits et sans ciller ;
voir comment les oiseaux de proie mangent
les petits poissons et ne pas me réveiller ;
penser que les fragiles bateaux pourraient
s'enfoncer dans les eaux et ne pas soupirer ;
voir le plus bel homme s'avancer, la gorge en l'air,
le plus beau des hommes, ne pas vouloir aimer...

Perdre son regard, distraitement,
Le perdre et ne jamais le retrouver :
et, silhouette droite, entre ciel et plage,
pour me sentir l'éternel oubli de la mer.


Traduction : ---




Autres textes du même auteur :

Bien pudiera ser - Il se pourrait
Dos palabras - Deux mots
Frente al mar - Face à la mer
La caricia perdida - La caresse perdue
Tu me quieres blanca - Tu me désires immaculée
Tú, que nunca serás - Toi qui ne seras jamais
Voy a dormir - Je vais dormir






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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
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