Elegía anticipada - Luis Cernuda (1902-1963)
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Elegía anticipada - Luis Cernuda (1902-1963)
Elegía anticipada - Elégie anticipée
[color:3268=#ffffff]Voz : Tomás Galindo
[color:3268=#ffffff]Voz : Tomás Galindo
Por la costa del sur, sobre una roca alta junto a la mar, el cementerio aquel descansa en codiciable olvido, y el agua arrulla el sueño del pasado. Desde el dintel, cerrado entre los muros, huerto parecería, si no fuese por las losas, posadas en la hierba como un poco de nieve que no oprime. Hay troncos a que asisten fuerza y gracia, y entre el aire y las hojas buscan nido pájaros a la sombra de la muerte; hay paz contemplativa, calma entera. Si el deseo de alguien que en el tiempo dócil no halló la vida a sus deseos, puede cumplirse luego, tras la muerte, quieres estar allá solo y tranquilo. Ardido el cuerpo, luego lo que es aire al aire vaya, y a la tierra el polvo, por obra del afecto de un amigo, si un amigo tuviste entre los hombres. Y no es el silencio solamente, la quietud del lugar, quien así lleva tu memoria hacia allá, mas la conciencia de que tu vida allí tuvo su cima. Fue en la estación cuando la mar y el cielo dan una misma luz, la flor es fruto, y el destino tan pleno que parece cosa dulce adentrarse por la muerte. Entonces el amor único quiso en cuerpo amanecido sonreírte, esbelto y rubio como espiga al viento. Tú mirabas tu dicha sin creerla. Cuando su cetro el día pasa luego a su amada la noche, aún más hermosa parece aquella tierra; un dios acaso vela en eternidad sobre su sueño. Entre las hojas fuisteis, descuidados de una presencia intrusa, y ciegamente un labio hallaba en otro ese embeleso hijo de la sonrisa y del suspiro. Al alba el mar pulía vuestros cuerpos, puros aún, como de piedra oscura; la música a la noche acariciaba vuestras almas debajo de aquel chopo. No fue breve esa dicha. ¿Quién pretende que la dicha se mida por el tiempo? Libres vosotros del espacio humano, del tiempo quebrantasteis las prisiones. El recuerdo por eso vuelve hoy al cementerio aquel, al mar, la roca en la costa del sur : el hombre quiere caer donde el amor fue suyo un día. "Como quien espera el alba", 1941-1944 | Sur la côte du sud, sur une roche Haute près de la mer, ce cimetière Lointain repose en enviable oubli, Et l’eau berce le songe du passé. Depuis le seuil, fermé entre les murs, On croirait un jardin, s’il n’ y avait Les dalles reposant dans l’herbe comme Un peu de neige qui ne pèse pas. Vigueur et grâce y assistent des troncs Et dans l’air et les feuilles, les oiseaux Cherchent un nid à l’ombre de la mort ; Tout est paix contemplative, calme absolu. Si le désir de qui, au cours du temps ne trouva pas la vie docile à ses désirs Peut s’accomplir ensuite, après la mort, Tu veux reposer là, solitaire et tranquille. Le corps brûlé, qu’ensuite l’air à l’air Retourne, et à la terre la poussière, Par œuvre de l’affection d’un ami, Si tu eus un ami parmi les hommes. Et ce n’est pas seulement le silence, Le calme de l’endroit, qui ainsi porte Ta mémoire là-bas, mais la conscience Que ta vie y trouva son sommet. Ce fut en la saison où la mer et le ciel Brillent du même éclat, la fleur est fruit Et le destin si plein que, semble-t-il, Il sera doux de glisser dans la mort. Et l’amour unique voulut alors Te sourire à travers l’aube d’un corps, Blond et svelte comme un épi au vent. Tu contemplais ton bonheur sans le croire. Lorsque le jour passe ensuite son sceptre Á la nuit son aimée, plus belle encore apparaît cette terre ; un dieu peut-être Éternellement veille sur son rêve. Là vous fûtes parmi les feuilles, oublieux De toute autre présence et follement une lèvre trouvait en l’autre cette extase Qu’engendre le sourire ainsi que le soupir. La mer à l’aube lustrait vos deux corps, Encore purs, comme de pierre obscure ; Á la nuit la musique caressait Vos âmes au pied de ce peuplier. Ce bonheur fut sans fin. Qui peut prétendre Que le bonheur ait pour mesure le temps ? Tous deux libres de l’espace des hommes, Vous brisâtes les barrières du temps. C’est pourquoi aujourd’hui le souvenir revient Au cimetière lointain, à la mer, à la roche Sur la côte du Sud : l’homme désire Mourir là où un jour l’amour lui appartint. Traduction : Jacques Ancet |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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