A un poeta muerto - Luis Cernuda (1902-1963)
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A un poeta muerto - Luis Cernuda (1902-1963)
A un poeta muerto - A un poète mort
Voz : Tomás Galindo
Voz : Tomás Galindo
Así como en la roca nunca vemos La clara flor abrirse, Entre un pueblo hosco y duro No brilla hermosamente El fresco y alto ornato de la vida. Por esto te mataron, porque eras Verdor en nuestra tierra árida Y azul en nuestro oscuro aire. Leve es la parte de la vida Que como dioses rescatan los poetas. El odio y destrucción perduran siempre Sordamente en la entraña Toda hiel sempiterna del español terrible, Que acecha lo cimero Con su piedra en la mano. Triste sino nacer Con algún don ilustre Aquí, donde los hombres En su miseria sólo saben El insulto, la mofa, el recelo profundo Ante aquel que ilumina las palabras opacas Por el oculto fuego originario. La sal de nuestro mundo eras, Vivo estabas como un rayo de sol, Y ya es tan sólo tu recuerdo Quien yerra y pasa, acariciando El muro de los cuerpos Con el dejo de las adormideras Que nuestros predecesores ingirieron A orillas del olvido. Si tu ángel acude a la memoria, Sombras son estos hombres Que aún palpitan tras las malezas de la tierra; La muerte se diría Más viva que la vida Porque tú estás con ella, Pasado el arco de tu vasto imperio, Poblándola de pájaros y hojas Con tu gracia y tu juventud incomparables. Aquí la primavera luce ahora. Mira los radiantes mancebos Que vivo tanto amaste Efímeros pasar junto al fulgor del mar. Desnudos cuerpos bellos que se llevan Tras de sí los deseos Con su exquisita forma, y sólo encierran Amargo zumo, que no alberga su espíritu Un destello de amor ni de alto pensamiento. Igual todo prosigue, Como entonces, tan mágico, Que parece imposible La sombra en que has caído. Mas un inmenso afán oculto advierte Que su ignoto aguijón tan sólo puede Aplacarse en nosotros con la muerte, Como el afán del agua, A quien no basta esculpirse en las olas, Sino perderse anónima En los limbos del mar. Pero antes no sabías La realidad más honda de este mundo: El odio, el triste odio de los hombres, Que en ti señalar quiso Por el acero horrible su victoria, Con tu angustia postrera Bajo la luz tranquila de Granada, Distante entre cipreses y laureles, Y entre tus propias gentes Y por las mismas manos Que un día servilmente te halagaran. Para el poeta la muerte es la victoria; Un viento demoníaco le impulsa por la vida, Y si una fuerza ciega Sin comprensión de amor Transforma por un crimen A ti, cantor, en héroe, Contempla en cambio, hermano, Cómo entre la tristeza y el desdén Un poder más magnánimo permite a tus amigos En un rincón pudrirse libremente. Tenga tu sombra paz, Busque otros valles, Un río donde del viento Se lleve los sonidos entre juncos Y lirios y el encanto Tan viejo de las aguas elocuentes, En donde el eco como la gloria humana ruede, Como ella de remoto, Ajeno como ella y tan estéril. Halle tu gran afán enajenado El puro amor de un dios adolescente Entre el verdor de las rosas eternas; Porque este ansia divina, perdida aquí en la tierra, Tras de tanto dolor y dejamiento, Con su propia grandeza nos advierte De alguna mente creadora inmensa, Que concibe al poeta cual lengua de su gloria Y luego le consuela a través de la muerte. "Las nubes", 1937-1940, 1943 | Comme on ne voit jamais sur le rocher La claire fleur s’épanouir, Ainsi ne brille en sa beauté Parmi un peuple hargneux et dur L’ornement frais et noble de la vie. C’est pourquoi ils t’ont tué: tu étais verdure de notre terre aride, Azur de notre ciel obscur. Légère est la part de la vie Que tels des dieux rachètent les poètes. La destruction, la haine habitent pour toujours Sourdement les entrailles Toute de fiel de l’Espagnol terrible Qui épie le sublime Une pierre à la main. Triste destin celui de naître Avec un don illustre Ici, où les hommes Dans leur misère ne gardent Qu’insulte, moquerie et défiance profonde Pour celui qui éclaire les paroles opaques Du feu secret originel. Tu étais sel de notre monde, Vivant tu étais un rayon de soleil, Et seul voici ton souvenir Qui passe errant et qui caresse Le mur des corps De la saveur de ces pavots Que nos prédécesseurs ont ingérés Aux rives de l’oubli. Si vient ton ange à ta mémoire, Ce sont des ombres, ces hommes Qui palpitent encore dans les broussailles de la terre; On dirait que la mort Est plus vivante que la vie, Parce que tu es chez elle, Passé le porche de son vaste empire, Et tu la peuples d’oiseaux et de feuilles Avec ta grâce et ta jeunesse incomparables. Ici le printemps brille en ce moment. Vois les radieux garçons Que vivant tu as tant aimés, Éphémères passer dans la lueur marine. Belles nudités qui traînent Après elles les désirs Avec leur forme exquise, et ne renferment Qu’un suc amer, car leur esprit n’habite Ni lumière d’amour ni hauteur de pensée. Tout continue de même Et, comme alors, magique, Si bien que paraît impossible L’ombre où tu es tombé. Mais une immense aspiration secrète nous prévient Que son aiguillon ignoré ne se peut Émousser en nous qu’avec la mort, Comme l’aspiration de l’eau Á qui ne suffit pas de se sculpter en vagues, Mais anonyme se veut perdre Aux limbes de la mer. Mais avant tu ne connaissais pas La plus profonde réalité de ce monde: La haine, la triste haine des humains, Qui en toi voulut marquer Par l’horreur de l’acier sa victoire, Avec ton angoisse ultime Sous la calme lumière de Grenade, Lointain parmi cyprès et lauriers, Parmi les tiens, Et par les mêmes mains Qui serviles un jour t’avaient flatté La mort pour le poète est la victoire; Un vent démoniaque le pousse dans la vie, Et si une force aveugle Sans compréhension ni amour Par un crime te change, Toi chanteur, en héros, Considère en revanche, frère, Comme dans la tristesse et le dédain Un pouvoir plus magnanime permet à tes amis de pourrir dans un coin librement. Paix à ton ombre, Qu’elle cherche d’autres vallées, Une rivière où le vent Pour une musique parmi les joncs Et les iris avec le charme Si vieillot de cette eau éloquente, Où l’écho telle la gloire humaine roule, Comme elle en un lointain Étranger tout comme elle et stérile. Trouve ton grand désir dépossédé Le pur amour d’un dieu adolescent dans la verdeur des roses éternelles; Car ce désir divin, perdu sur notre terre Après tant de douleur et d’abandon, Nous révèle en sa propre grandeur Je ne sais quel esprit immense et créateur Qui du poète a fait la langue de sa gloire Et par-delà la mort ensuite le console. Traduction: Pierre Darmangeat |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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